17 décembre

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Hello ! 

Bonne lecture ! 

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Lorsqu'Ysun émergea de son sommeil forcé, tout le monde était couché et il faisait nuit noire. Personne n'avait daigné le mettre dans un lit, ni ne lui avait apporté de couverture. La fraternité était une notion très relative dans cette maison. Frigorifié, l'homme marcha dans le couloir en direction de sa chambre. De la lumière émanait sous l'une des portes, et des voix chuchotaient vivement. Il n'eut aucune peine à reconnaître la seule voix féminine de la maison, l'autre étant très certainement être Zelyan. Pas ouf pour deux sous, Ysun ne s'attarda pas et se replia dans sa chambre.

Il avait raison, dans leur chambre, les deux se disputaient, ou plus exactement Ereyne oscillait entre panique, énervement, et mille questions. Zelyan lui, la jouait cool, mais n'en menait pas large. Ereyne était loin d'être la gentille petite femme soumise qu'il avait rencontrée. Elle se révélait être une personnalité forte, unique, inflexible, à l'opposé de la première impression. Ce n'était pas pour lui déplaire, au contraire, la vie n'en serait que plus pimentée, mais pour l'heure il en subissait pleinement les conséquences.

— Tu n'es pas un loup-garou, ni un vampire, ni un ogre, tu es quoi exactement ?

— Je ne suis jamais vraiment posé la question. La vie est déjà faite de trop de questions : pourquoi l'univers ? Pourquoi l'Homme ? Pourquoi personne ne m'écoute jamais lorsque j'interdis les conjoints ? Pourquoi les Beatles n'ont-ils pas encore sorti de nouvel album ?

— Parce qu'ils se sont séparés ?

Ereyne capitula, elle n'aurait pas plus de réponses sensées cette nuit, et se coucha. Elle s'installa sous les draps, saisit un oreiller, et l'envoya à Zelyan qui l'attrapa au vol. Le message était clair. Il ne tergiversa pas et se coucha sur la banquette au bord de la fenêtre, Ling sur le corps. Ils restèrent là, dans la pénombre, silencieux.

— Arrête d'y toucher, conseilla-t-il en entendant Ereyne gémir pour la quatrième fois. Laisse-la cicatriser.

— Que m'as-tu fait ? demanda-t-elle enroulée dans les couettes. Cela fait un mal de chien.

— Je t'ai ajouté une côte.

Un bruit de dégoût s'échappa des lèvres d'Ereyne. Un flot de craintes se déversait dans son esprit, avec autant de problèmes. Allait-elle survivre ? Pouvait-on vivre avec une côte de plus dans le corps ? Allait-elle faire un rejet ? Et les bactéries ?

— Mais pourquoi diable as-tu fait ça ? lui lança-t-elle depuis le lit.

— La réponse est dans la question...

Il parlait par énigmes, cela l'insupporta. Elle était fatiguée de tout cela.

— Ce séjour débutait pourtant si bien, murmura-t-elle sans réellement vouloir entendre la réaction de Zelyan.

Elle parlait dans le vide, pour mieux réfléchir. Comment cette petite ville, décor magique de Noël, pouvait être le théâtre de tant d'horreurs.

— Je le trouve plutôt réussi si tu veux mon avis – je ne veux pas ton avis – tu possèdes une nouvelle maison, un peu ensanglantée mais rien que Fitz ne puisse faire disparaître, j'imagine que la vieille Mary t'a également laissé de l'argent, tu rencontres un prince charmant, tu tombes amoureuse, tu deviens même immortelle... Franchement on peut difficilement rêver mieux.

Ereyne tiqua, il n'avait pas mentionné ce léger détail. Elle le questionna mais il devint brutalement muet, arguant qu'il ne voulait pas plus la déranger avec ce genre de détails de « monstres ». Il n'était qu'un monstre, une bête sauvage, une rencontre qu'elle n'aurait jamais dû faire. Piquée au vif, Ereyne se leva, maudit son impatience lorsque la douleur sur son flanc se réveilla, mais poursuivit son chemin, la couette dans son sillage. Elle avança jusqu'à la fenêtre, et réclama un peu de place. Zelyan poussa ses jambes et Ereyne se vautra en face de lui.

— Je suis immortelle, vraiment ? Zelyan acquiesça. Et toi ? demanda-t-elle suspicieuse. Depuis quand es-tu immortel ?

— Disons que j'ai connu le premier Noël, et le gars à qui est dédié cette fête.

— Plus de deux mille ans ?

— A six mille ans près c'est ça. Ca laisse le temps de peaufiner la décoration de Noël, maintenant je sais exactement ce que je veux, comme je le veux.

Elle intégra l'information avec difficulté. Elle ne pouvait concevoir que cet homme, ce trentenaire bientôt quadragénaire puisse être aussi vieux.

— Tu ne fais pas ton âge.

— Je te rassure, dans huit mille ans toi non plus tu ne feras pas ton âge.

A quoi ressemblerait le monde dans huit mille ans ? Ereyne préférait ne pas y songer. Elle ajusta sa position et tendit la jambe. Ce faisant, elle frôla celle de Zelyan. Il était chaud, réconfortant, tellement humain. Elle se permit de faire durer cette sensation un peu plus longtemps, profitant de ce qu'elle faisait naître en elle. Zelyan lui évoquait la sécurité, la paix, un confort qui lui manquait à New-York. Il sentit son doute, tendit le bras, et l'invita à se rapprocher de lui. Ereyne hésita, mais céda, elle avait envie d'un câlin, même prodigué par un monstre.

— Tu verras, lui murmura Zelyan, la vie n'est pas si mal quand on est immortel. En plus, si tu rates un Noël, ce qu'il risque de se passer cette année si d'autres se permettent les même largesses que Svarog, tu relativises en te disant qu'il y en aura beaucoup d'autres.

Ereyne eut un peu de mal à se projeter, mais la chaleur du corps de Zelyan contre elle était réconfortante et eut un effet soporifique. Elle s'endormit dans ses bras. Zelyan lui, demeura éveillé un peu plus longtemps, profitant de l'instant.

— Tout va bien, c'est louche.

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Merci d'avoir lu ce chapitre ! 

Axel.  

A Christmas Zelyan TaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant