~Try to exhale you in pain~

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Nous pénétrâmes alors dans mon bureau, et je refermai délicatement la porte derrière moi. Jungkook pris place directement à ma place initiale, c'est-à-dire juste derrière le bureau, sur ma chaise.

« Bah putain, je vois que tu te fais plaisir. »

Il saisit rapidement la boîte noir posée sur mon bureau, et l'ouvrit, faisant apparaître des dizaines de petits chocolats d'un créateur assez connu.

« Et moi qui pensait qu'ils étaient tous radins ici... Soupira-t-il."

Il approcha sa main de la boîte en question, mais juste avant qu'il n'en saisisse un, il se prit un de mes dossiers en plein sur la tête.

"Je pourrais savoir qui t'a permis de te servir? M'insurgeai-je soudainement."

Alors qu'un sourire moqueur venait d'apparaître sur son visage, il se leva, marchant dans ma direction.

"Ma chère petite Saejin..."

Hein? Mais... attendez... comment est-ce qu'il connait mon prénom lui? Je ne crois pourtant pas l'avoir mentionner dans une quelconque conversation...

"Assieds-toi. Dis-je fermement. Maintenant."

Il voulut rajouter quelque chose, mais mon regard l'en dissuada rapidement. Il posa alors son fessier sur la chaise convenu aux patients, et je pus donc prendre la mienne. J'installai mes dossiers sur le bois vernis, et relevai les yeux vers lui.

"Alors... Soufflai-je enfin. Commençons."

~

Voilà un quart d'heure que la séance aurait dû se terminer. Mais j'aurais du m'en douter : il allait me rendre malade. Il évitait toutes sortes de questions personnelles, ne répondait que brièvement aux autres, et m'empêchait de terminer mes phrases en volant les chocolats dans ma boîte. Il fallait que je change de méthode. Ça ne pouvait pas continuer comme ça, il ne pouvait pas continuer comme ça.
Le problème, c'est que je suis censée être ici pour l'aider, mais il m'en empêche constamment. Certes, ce n'est que notre première « vraie » séance, mais ça ne se passe absolument pas comme je l'avais imaginé. Premièrement, je ne pensais pas tomber sur une tête de mule pareille. Je m'étais mis dans la tête qu'il avait probablement un problème mentale, comme la plupart de mes patients... mais jamais, au grand jamais je ne me serais douté qu'il me repousserait à ce point. Il renonce à tout, rien ne lui plaît, et la seule chose qu'il semble vouloir faire, c'est quitter cet endroit. Mais moi, il faut que j'en sache plus sur son compte. Et la seule solution, si lui ne veut me donner aucune information, c'est bien d'aller voir les autres chanteurs du groupe.
Le seul problème qui persiste, dans ce cas là, c'est le lien que je pourrais créer avec eux à cause de quelques rendez-vous. J'essaie de faire mon maximum pour ne rien laisser paraître, pour que je ne reste qu'un médecin à leurs yeux, et pas quelqu'un qui pourrait devenir leur amie. Il faut que je reste professionnelle.

Ils sont tellement avenants pourtant...Ils prennent soin de moi malgré le fait qu'ils ne me connaissent pas, ils me parlent gentiment, et je vois très bien qu'ils essayent de ne pas me froisser en disant quelque chose qui pourrait être trop personnel. Ils sont trop gentils, et ils risquent de briser tous les murs que je m'étais construit dans ma tête.

Mais pour le moment, la seule personne avec qui je ne me vois absolument pas devenir ami, c'est celle qui se trouve juste en face de moi. Il me regarde avec son air arrogant, les bras croisés sur sa poitrine, son pied tapant frénétiquement le sol. Il m'insupporte. Il faut que je termine cette séance, et rapidement.

«Bon, écoutez moi. Commençai-je. Comment est-ce que tu... comment est-ce que vous voulez qu'on avance si vous êtes sans cesse refermer sur vous-même ? Je suis là pour vous aider, pas pour vous empêchez de vivre...

–Eh bien justement, dit-il en me coupant la parole, si tu veux que je me sente un minimum normal, il faudrait que tu arrêtes de me vouvoyer. Ça met mal à l'aise. »

Je soupirai.

« Si tu étais un minimum normal, et poli, ce serait à toi de me vouvoyer. C'est ce qu'on appelle le respect. »

Il ouvrit grand les yeux, et lâcha un rire nerveux.

« Je n'aime pas vouvoyer les gens. Continua-t-il. »

J'avais peut-être une ouverture...

« Et... Pourquoi ça ? Tentai-je.

–J'ai l'impression d'avoir trop de responsabilités sur mes épaules lorsque l'on me vouvoie.

–Est-ce que tu penses que... C'était mieux quand tu avais encore des adultes sur qui compter ? »

Il releva des yeux peinés vers moi, et pencha légèrement la tête sur le côté. Il resta comme ça pendant plusieurs secondes, avant de reprendre la parole :

«Les seuls adultes sur lesquels je peux compter aujourd'hui, c'est mon manager, et mon chorégraphe. Je ne fais pas confiance aux autres.

–Qu'est-ce qu'ils ont de si différent, les autres ?

–J'en sais rien. Souffla-t-il. Il y a des gens avec qui ça ne passe pas, continua-t-il avec un regard insistant, et des gens avec qui ça ne passera jamais. »

Je lâchai son regard le temps d'écrire quelques mots sur mon carnet, puis posai mon stylo sur la table, refermant son dossier par la même occasion.

« Il faut que tu comprennes que ce n'est pas comme ça que tu vas réussir à avancer. Lui dis-je. Si tu refuses de parler à chaque personne que tu trouves un peu trop gentille, un peu trop méchante, un peu trop humble, ou même un peu trop provocatrice, tu vas louper plein de choses. Il y a des liens que tu ne pourras jamais créer, des personnes que tu ne pourras jamais... Apprécier. Et tout ça parce que tu as eu une première mauvaise impression, une première mauvaise rencontre, au mauvais moment et peut-être même au mauvais endroit. Ce n'est pas comme ça que tu vas réussir à t'en sortir. Si tu restes focalisé sur chaque première impression que tu as sur quelqu'un, si tout le monde faisait comme toi, la plupart des personnes présentes sur cette planète seraient solitaires. Tu crois sincèrement que si j'étais restée sur ma première impression de toi, je serai assise, ici, en face de toi aujourd'hui ? En train de t'aider ? Ou du moins en train d'essayer de trouver des solutions... et malgré ça... Je n'arrive pas à me faire à l'idée que je vais réussir à te sortir de tout ça. Ça fait une heure que tu es assis en face de moi, une heure que je te pose des questions, et une heure que tu n'y réponds qu'à moitié. Soupirai-je finalement. Si tu continues comme ça, ce n'est pas toi qui va partir, ce n'est pas toi qui va décider de quitter les gens. C'est eux qui vont décider de te laisser tomber. »

Je me tue quelques secondes, et voyant qu'il allait prendre la parole, je claquai son dossier sur la table.

« La séance est terminée pour aujourd'hui. Tu peux sortir. »

Il ne se fit pas prier plus longtemps, et se leva bruyamment de sa chaise. Il sortit sans un regard vers l'arrière, et claqua la porte derrière lui.

Un sourire étira faiblement mes lèvres.

« Voilà enfin un échange concluant en plus d'une heure. Soufflai en rangeant mes affaires dans mon sac. »

Still in Time                                   ~{JJK}~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant