La rumeur

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La journée s'annonçait belle. Henry venait de terminer ses études de lettres, et avait obtenu son diplôme haut la main.Dehors, le soleil transperçait les nuages. A croire qu'il voulait, lui aussi, féliciter le jeune homme.

-Une grande carrière s'offre désormais à toi ! Annonça son père, en levant son verre de champagne.

Monsieur Bréjean était un homme qui avait réussi à faire fortune grâce à une galerie d'art qu'il avait ouvert il y a bien longtemps. Il était aujourd'hui devenu une véritable référence dans le monde de l'art, et plusieurs jeunes artistes espéraient pouvoir venir chez lui.

A l'occasion du diplôme de son fils, il avait commandé une table dans l'un des meilleurs restaurants de la capitale.Toute l'assemblée leva son verre, félicitant le jeune homme.

-Que vas-tu faire, désormais ? Lui demanda Elisabeth, sa cousine.

Henry mit un certain temps avant de répondre. Il avait bien une idée en tête, mais il voulait d'abord s'assurer qu'elle soit bonne.

-J'ai un projet dans lequel j'aimerais me lancer, mais je ne suis encore sûr de rien... En tout cas, je n'ai pas vraiment envie d'en parler, pour le moment...

-Voyons, mon cousin ! Ria-t-elle. Tu pourrais bien nous en dire quelques mots, non ?

-Au risque de vous décevoir, je pense que mon idée est encore trop flou pour pouvoir vous en parler. Et puis, l'idée vous paraitrait certainement trop excentrique, vous vous moquerez tous de moi.

Elisabeth n'insista pas, et replongea dans son assiette. Elle se tut pendant tout le repas.Cependant, elle ne put s'empêcher de rejoindre son cousin à la sortie du restaurant.

-Dis-moi, Henry, quelle est ton idée si excentrique ?

-Je te l'ai déjà dit, Elisabeth... Je crains ne pas pouvoir t'en parler pour le moment...

-Qu'est-ce qui t'en empêcherait ?

Henry allait répondre lorsqu'il fut coupé par sa tante Christine.

-Encore félicitation... Il ne te manque désormais plus qu'une charmante carrière, et une belle épouse.

-Merci, ma tante.Henry se tourna à nouveau vers sa cousine.

-Je ne suis encore sûr de rien, alors je veux que tu me promettes que cela reste entre nous pour le moment.

-Tu peux me faire confiance ! N'as-tu pas oublié tout ces secrets et jeux que nous partageons depuis que nous sommes enfants ?

-Non, certainement pas... Jamais je ne saurais oublier toutes nos aventures !

Elisabeth eu un petit sourire. Paul reprit :

-J'ai pour projet d'écrire un roman.

-Ah oui ? Excellente nouvelle ! Toi qui as toujours su faire preuve de créativité !

-Oui, mais ce serait une œuvre assez spéciale... J'aimerais n'écrire qu'un seul chapitre.

-Un seul chapitre ?

-Exactement. Je n'écrirais que le premier chapitre.

Elisabeth parut déconcerté.

-C'est tout à fait absurde, pourquoi donc n'écrire que le premier chapitre ?

-Vois-tu, chère cousine, j'aimerais écrire une histoire qui évolue avec le temps. Une œuvre qui traverse notre époque.

-Je ne suis plus certaine de te suivre.

-Le jour où j'aurais un fils, et que ce fils sera devenu un homme, je voudrais lui léguer mon premier chapitre. Ainsi, lui-même pourra écrire la deuxième partie. Il en fera de même avec son fils, qui écrira le troisième chapitre... Mon livre passera de génération en génération.

L'Encyclopédie d'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant