Réveillé par la sonnerie de son portable qui lui annonçait l'arrivée d'un message, Sōichiro ouvrit les yeux et baîlla juste après. Il s'étira, fit le tour de la pièce de ses yeux avant de se rappeler qu'il était seul. II s'assit sur ce divan, qui lui avait également servi de lit, pour enfin lire le message en question. Il leva les sourcils car ça provenait d'un numéro inconnu : « Bonjour, était-il écrit, je sais que vous ne me connaissez pas mais je voulais juste vous signaler qu'une erreur de livraison a été faite hier. Le paquet que vous avez reçu m'était en réalité destiné. Pour mieux régler ce malentendu, le magasin m'a proposé de vous contacter et de vous dire de venir au plus vite à l'adresse ci-dessous... » Sōichiro ne comprenait rien. Ça n'avait aucun sens pour lui de joindre un parfait étranger juste pour une affaire de paquet ; et puis, ce n'était pas comme si c'était le dernier casque en stock dans ce magasin. Il resta près de vingt-cinq secondes en train de cogiter avant de reprendre son téléphone et de passer un appel à ce numéro. « Allô ! » C'était une voix féminine dont l'intonation était proche de celle de quelqu'un de jeune et de sérieux en même temps.
- Oui, je suis... En fait c'est à moi que vous avez écrit ce message sur cette histoire de paquet.
- Oh ! D'accord. Il y'a un souci ?
- C'est juste que,... débuta Sōichiro, encore à moitié endormi. Ça m'intrigue un peu qu'une personne puisse envoyer des SMS à des gens qu'elle ne connait même pas tout ça à cause d'une erreur de livraison !
- En quoi ça vous intrigue, vous ?
- Vous ne trouvez pas ça bizarre mademoiselle ? Je peux vous appeler mademoiselle ?
- Oui monsieur, lui permit sa correspondante. Et non, je ne trouve rien de bizarre à vouloir récupérer un colis qui m'était destiné.
- Mais c'est la même chose que nous avons commandé tous les deux !
- Parce que vous aussi vous avez commandé un casque rouge ?
- J'ai aussi commandé un casque, dit-il en faisant la moue, mais je n'en ai pas précisé la couleur !
- Moi si ; donc nous n'avons pas commandé la même chose ! clarifia-t-elle sur un ton légèrement hautain.Il se frotta les yeux comme pour s'assurer qu'il ne rêvait pas vu que la situation lui paraissait complètement irréelle.
- Écoutez, la supplia-t-il, vous ne devinez pas l'embarras dans lequel vous me plongez avec ce que vous me demandez là ?
- Ce n'est pas auprès de moi qu'il faudrait vous plaindre, mais du magasin ; se justifia-t-elle.
- Ça vous coûterait quoi de vous servir du casque que vous avez reçu à la place ?
- Ça vous coûterait quoi de vous déplacer jusqu'à l'adresse que je vous ai donnée ?Sōichiro ronchonna en mettant sa main sur cette tête qu'il secoua au même moment. « Je suis désolé mademoiselle, mais il m'est impossible de venir. Bonne journée ! » Antisocial comme il l'avait toujours été, c'est sans remords que Sōichiro mit un terme à cette conversation. « C'est quoi encore cette histoire ! » pesta-t-il à l'intention de nul autre que lui-même, pas un quelconque écho qui puisse lui répondre, pensant sûrement que cette inconnue devait être la personne la plus exubérante qu'il lui avait été donnée d'avoir pour interlocutrice.
Une heure après, Xiang n'étant toujours pas de retour, Sōichiro était allongé dans sa chambre à lui, plongé dans ses pensées, quand il entendit frapper. Il souffla d'exaspération avant de se lever, sans hâte, et d'aller ouvrir à ce même rythme. Derrière la porte, il constata avec surprise la présence d'une adolescente d'environ quatorze ou quinze ans, beaucoup plus courte que lui, et qui ne lui était pas familière. Ses cheveux bruns noués du côté gauche comme du côté droit, elle portait un t-shirt manche courte de couleur rouge qui s'adaptait parfaitement au haut de son corps et un jean bleu déchiré qui se limitait au niveau de ses chevilles. Elle avait beau mesurer approximativement 1m64, sa figure poupine trahissait cependant son jeune âge.
- Oui bonjour, l'invita-t-il à parler.
- Bonjour, répéta-t-elle. C'est vous que j'ai eu au téléphone ?
- Ne me dites pas que...Sōichiro crut frôler la crise cardiaque tant il était surpris par l'audace de cette fille qui tenait, il ne le remarqua qu'à cet instant-là, un carton gris dans sa main gauche. Déjà qu'il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit aussi jeune, il n'imaginait pas qu'en plus elle irait jusqu'à chercher son adresse et y venir. « Je suis là, fit-elle en trépignant, donnez-moi mon paquet ! » Il la fixait, encore sous le choc. Cette fille avait fait tout ceci juste pour avoir en main un casque rouge dont le jeune homme n'en voyait réellement pas la véritable valeur.
- Vous..., balbutia-t-il. Pardon, tu es sérieuse ?
- Bah oui, je ne blaguerais jamais avec une affaire aussi importante que ça ! allégua-t-elle.
- Parce que pour toi c'est important ?
- Écoute... Sōichiro ; en fait, moi c'est Kyōko juste au cas où !Sōichiro se pencha légèrement en avant tout en clignant des yeux à plusieurs reprises, cherchant dans son cerveau la raison qui aurait pu expliquer qu'elle ait su comment il s'appelait. « J'ai repéré ce casque il y'a des mois sur le site du magasin. J'ai économisé durant tout ce temps pour l'avoir parce que je n'ai pas, comme la plupart des filles de quinze ans... En fait encore, j'ai quinze ans ! Je disais, je n'ai pas comme les filles de mon âge un petit copain qui puisse me l'offrir en cadeau et mes parents, cruels comme ils sont, ont dit que j'étais trop jeune pour qu'ils me donnent tout cet argent. Non mais tu te rends compte ? Je me suis donc privée de beaucoup de choses qui me faisaient franchement envie pour pouvoir obtenir ce magnifique casque rouge... Parce que toi aussi tu ne le trouves pas magnifique ? Je crois que si ! » Il était entièrement sans voix alors que la fille en avait à volonté puisque son discours s'enchaînait à chaque seconde. « Tout ça pour te dire à quel point je suis déterminée à obtenir ce casque sinon je n'aurais pas supplié les propriétaires du magasin pour qu'ils me donnent ton nom, et surtout ton adresse. Je veux ce casque et tu dois me le donner ! » Plus un bruit, ou presque : « S'il te plait ! » conclut-elle d'une toute petite voix, dans le but sans doute de l'amadouer. Après avoir refermé sa bouche, qu'il avait fini par ouvrir sans le remarquer, Sōichiro décida d'exaucer le souhait de la jeune Kyōko. « Viens, entre. » Elle avait souri avant de le suivre jusqu'au fauteuil, où il lui fit signe de s'asseoir de la main droite.
- J'espère n'avoir rien interrompu ? le questionna-t-elle pendant qu'il allait chercher le paquet.
- Pardon ? fit-il en pivotant vers elle.
- Je voulais dire, tu devais être avec ta petite amie et j'ai peur de vous avoir dérangés.
- S'il y'a quelqu'un que tu as dérangé ici, c'est moi ; et puis on ne t'a jamais dit que tu étais un peu trop curieuse ?
- Oups, pardon ! Je crois que je t'ai mis de mauvaise humeur.
- Oui c'est ça.Il continua de marcher vers la table et y récupéra le carton du casque.
- C'est plus fort que moi, lâcha-t-elle quand il vint le lui remettre. J'aimerais que tu répondes juste à une question qui me torture l'esprit !
- Tu m'agaces maintenant !
- Juste une question !
- Non !
- Tu as une petite amie ?
- Pourquoi, je t'intéresse ? cracha-t-il.Kyōko se perdit dans un énorme fou rire, puis se retint quand elle constata l'énervement de celui qui se trouvait en face d'elle.
- Je suis désolée, s'excusa-t-elle.
- Tu as ton casque, tu peux t'en aller maintenant ! la chassa-t-il obliquement.
- Okay !Elle parut confuse et se leva en lui faisant un au revoir de la main, auquel il ne répondit même pas. Elle se tourna et sortit de l'appartement.
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Journée de rêve d'un désaxé
Conto« Allô ! » C'était une voix féminine dont l'intonation était proche de celle de quelqu'un de jeune et de sérieux en même temps. - Oui, je suis... En fait c'est à moi que vous avez écrit ce message sur cette histoire de paquet. - Oh ! D'accord. Il y...