Chapitre 5 : Snake

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Cheyenne. Ce nom sonne comme une mélodie à mes oreilles.
Je suis sûr qu'elle est aussi belle que son prénom.
Et même si ce n'est pas le cas, je m'en fous. J'adore cette meuf.
D'ailleurs, je lui ai même donné mon vrai nom.

- Tu crois qu'il dit vrai ? Pour tes potes ? demande-t-elle.
- Ils me trouveront. Ils ont promis de pas merder et de pas me laisser crever.
- Tu leurs fais vraiment confiance, hein ?
- Oui. C'est comme ça se passe chez nous. On est une putain de famille.

Oui, c'est ma famille. Quand j'ai mis fin à ma carrière de flic, tout le monde m'a tourné le dos. J'étais la honte de la famille, le fils indigne.
Dès l'instant où je suis arrivé chez les Eagles, j'ai été très vite accepté.
Je n'ai fait que deux mois en tant que prospect. Mon sens de la stratégie et mes connaissances en combat m'ont permis de faire mes preuves et j'ai vite été propulsé au rang de vice-président.
J'ai suivi le père de Kill dans son délire pour garder ce putain de patch.
Je regrette vraiment de ne pas avoir tout dit à mon frère dès le départ. Et le pire, c'est que je n'ai même pas eu l'occasion de m'excuser.
Ce sera la première chose que je ferai quand il ramènera ses fesses pour me sortir de là.

- Jordan ?
- Cheyenne?
- Je me demandais comment on peut passer de policier à biker.

J'ai pas vraiment envie de parler de ça. Peu de gens sont au courant de mon passé en tant que flic. Ce n'est pas une histoire facile à raconter.
Mais je suppose que je peux faire un effort pour elle.

- Il y a environ cinq ans, nous étions sur enquête assez délicate. Une organisation criminelle super bien organisée. Le genre d'enquête qui te prend tellement la tête que t'en rêves même la nuit. C'était des putain de fantômes.

Je marque une pause. La bouche pâteuse, c'est pas idéal pour parler.

- Comme on avait rien de rien, j'ai été envoyé pour les infiltrer. C'était notre dernière option. Ça aurait dû être facile. Je rentre, je choppe des preuves, des noms et tout ce qui peut servir lors d'un procès, puis je me tire.
- Mais ça ne s'est pas passé comme prévu ?
- Non, pas du tout. J'ai fait tout ce qu'il fallait pour me retrouver face au boss. Il se trouve que je le connaissais, ce connard. On bossait même ensemble.
- Un policier ?
- Ouais. C'est là que tout a déraper et que je me suis retrouvé dans un endroit comme celui-ci. Il venait me tabasser tous les jours, et tous les jours, je priais pour que ça s'arrête.
- Mon Dieu, c'est horrible.

Je voudrais arrêter là, mais j'ai envie de lui parler. Parce que c'est elle. Parce qu'il est temps pour moi de vider mon sac.

- Quand j'ai cessé de lutter, il n'est plus venu. Il m'a laissé pour mort. Alors j'ai fait comme toi. J'ai gratté le ciment autour des briques.
- Comment ?
- Avec ma boucle de ceinture. Ça m'a prit des plombes. J'en avais les mains qui saignaient. Et qu'est-ce qu'il y avait derrière le mur ? De la putain de terre ! Et j'ai creusé. J'avais envie de crever et pourtant j'ai creusé jusqu'à voir la lumière et à me sortir de ce trou.

Je suis content qu'elle soit de l'autre côté du mur. Si elle avait été face à moi, elle aurait pu voir les larmes couler. J'aurais pas supporté qu'elle me voie faible.

- Après ça c'est le trou noir. On m'a raconté qu'un passant m'avait trouvé inconscient et avait appelé les secours. Je suis resté trois mois dans le coma. Quand je me suis réveillé, j'ai fait appeler mon supérieur et je lui ai tout expliqué.
- Ils l'ont arrêté ?
- Non, même pas. Après ce qui m'est arrivé, ils ont décrété que mon témoignage n'était pas fiable. Ce pourri n'a jamais été inquiété.
- Mais c'est pas juste !
- Non, mais c'est comme ça. Quand je suis sorti de l'hôpital, j'ai été direct au poste, j'ai mis mes affaires dans un carton et je me suis barré.

Putain, je revois encore la gueule de ce connard me narguer.

- Après ça, toute ma famille m'a rejeté. Chez moi, on est flic de père en fils. Mon grand-père était flic, mon père et mon frère aussi. C'était une honte pour eux que je quitte la police. Alors j'ai quitté l'Utah et j'ai atterrit à Denver.
- Ta famille est immonde. Après ce que tu as traversé, ils auraient dû te soutenir.

J'aurais aimé qu'ils me soutiennent, mais il était plus important de sauver les apparences. Si ma famille voyait ce que je suis devenu...

- J'avais perdu foi en la justice et en mon métier. J'ai traîné dans les rues de Denver pendant des jours à la recherche d'un job. Mais je ne savais rien faire d'autre que me battre. Personne ne voulait de moi. Puis j'ai rencontré Kill, le plus grand emmerdeur sur terre. Ce gosse était partout sur mon chemin. On a fini par se lier d'amitié et il a fini par m'avouer qu'il était le fils du président des Devil's Eagles. J'ai postulé et deux mois plus tard, je portais les couleurs du club.

Ce foutu club m'a sauvé d'une vie qui s'annonçait misérable. Je suis prêt à crever pour eux, mais le plus tard possible de préférence.

- Je suis désolée.
- Il faut pas. Ce que j'ai vécu a fait de moi ce que je suis. Je ne regrette rien.

Et c'est la vérité. Je n'ai jamais vraiment été heureux dans ma famille. Et mon job m'a profondément déçu. Les épreuves que j'ai traversé m'ont rendu plus fort et m'ont permis de découvrir ce qu'était une vraie famille. C'est quelque chose que je n'échangerais pour rien au monde.

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Photo : Police de Salt Lake City, Utah, USA

On en sait un peu plus sur Snake. Qu'en pensez-vous ?

Plein de bisous 😘😘😘😘

Devil's Eagles T2 : Les ailes du désespoir Où les histoires vivent. Découvrez maintenant