Chapitre 17 : Snake

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J'arrive devant la porte de Blizzard.
Je n'espère qu'une chose, c'est qu'il soit calmé et qu'il accepte de m'écouter. Et si il pouvait me parler, ça serait encore mieux.

Je frappe trois coups.
Pas de réponse.

- Blizz, mon frère ? C'est Snake. Je vais entrer.

J'ouvre la porte et ce que je vois me retourne les tripes et le cœur avec.
Blizzard, la montagne de glace, recroquevillé dans un coin de la chambre comme un môme apeuré.
Ses cheveux presque noirs se dressent en pagaille sur sa tête. Ses yeux bruns sont gonflés et humides.
Blizz qui pleure, on aura tout vu dans ce club.

Je m'assois en tailleur à même le sol tout en restant à une distance raisonnable.

Ce n'est pas la première fois que je me retrouve dans cette situation.
Vous n'imaginez même pas le nombre d'interventions que la police doit mener pour des histoires d'enfants maltraités, voire pire.

- Je vais juste rester là, avec toi. Je ne sais pas ce qui t'est arrivé, ce que tu as pu vivre par le passé. Mais je suis là pour toi.

Je sais qu'il m'écoute, même s'il ne réagit pas.
Je reste assis en silence.
On a beau dire que les victimes de traumatismes, quels qu'ils soient, doivent en parler. Ce n'est pas toujours facile. Beaucoup de ces victimes ne sont pas prises en charge par des spécialistes et doivent passer leur vie à affronter les démons de leur passé.
D'autres sont juste incapable de mette des mots sur ce qu'ils ont vécu. C'est souvent le cas des enfants qui, bien souvent, ne comprennent pas ce qui leur a été fait.

Je pense que Blizz se situe dans les deux catégories.

Alors j'attends. Un mot, une phrase, un nom. N'importe quoi qui puisse me mettre sur la voie.

J'ai poireauté plus de cinq heures. Je suis en train de rater le combat de Kill. Mais je sais qu'il va assurer. Tout comme il sait que, si je suis absent, c'est pour le bien du club.

Blizz daigne enfin lever les yeux vers moi. J'y perçois du désespoir, de la peur aussi.

- On veut t'aider, mon frère. Dis-moi simplement quelque chose qui puisse me permettre de t'aider.

Ses bras serrent plus fort ses cuisses contre sa poitrine et ses doigts sont tellement crispés qu'on a l'impression qu'ils vont s'enfoncer dans ses jambes.

- Nicolas... Harding.

Je hoche la tête. Me lève lentement et lui promet de revenir très vite.
Je quitte la chambre et fonce tout droit dans le bunker.

- Smart ! Besoin de toi !

Je vois le petit génie affalé dans son fauteuil de bureau se redresser comme s'il avait fait la pire connerie au monde.

- Nicolas Harding, trouve des infos.

Il commence à pianoter sur son clavier. En regardant ses écrans, je réalise qu'il était en train de mater le combat. Kill s'en sort super bien pour un gars qui n'a plus remis les pieds sur un ring depuis des années.

- Oh, le dossier est sous scellés.
- Je m'en doutais un peu. Tu peux l'ouvrir ?
- Ouais, laisse-moi une heure ou deux.
- Appelle-moi quand c'est fait.

Je sors dans la cours et je me grille une cigarette avant d'aller voir ma femme.
Je l'ai un peu négligée, mais je sais qu'elle comprend à quel point c'est important.
Elle était tout aussi inquiète que moi quand elle a appris pour Blizz.

Mais pour ma part, je suis encore plus inquiet depuis que j'ai été voir Smart.
Les dossiers scellés cachent rarement de bonnes choses. Bon, jamais en fait.
Ces dossiers sont souvent ceux de mineurs d'âge.
Il y a ceux qui ont fait des conneries et qui ont repris leur vie en main. C'est une sorte de remise à zéro, un nouveau départ.
Et il y a ceux qui ont subi des choses tellement horrible qu'on préfère, soit-disant pour leur bien, faire en sorte que ça ne remonte pas à la surface.
J'appelle ça se voiler la face, ou la politique de l'autruche. Mais ce n'est pas parce qu'on cache le problème qu'il n'est plus là. Au contraire. Un jour ou l'autre, ça finit par vous exploser en pleine gueule.

J'espère que Blizz et Nicholas Harding ne sont pas là même personne, sinon on va avoir un putain de merdier à gérer.

Des bruits de pas approchent. Lents, lourds et réguliers. Je reconnais Blizzard et lui tend mes clopes.

- Ça va, tu gères ?

Il sort une cigarette et l'allume avant de me répondre.

- Ça peut aller. Mieux que tout à l'heure.
- Tant mieux, mon frère. Je suis rassuré.

Nous restons un long moment sans rien dire. Le silence si reposant est soudain brisé par le bruit des motos qui arrivent vers nous.

- Blizz, mon frère ! s'exclame Razor en descendant de sa bécane. Content de voir que tu vas mieux.

Kill vient vers nous tandis que les prospects sortent le traître du van.

- T'aurais vu comment je l'ai démoli, putain !
- Je t'ai vu sur les écrans de Smart. Tu t'es bien débrouillé.
- C'est clair ! Je suis le meilleur !

Il se tourne vers Blizz et reprend son sérieux.

- Ça va toi ?
- Ouais. Mais j'ai tout démoli dans la grande salle et...
- Y a pas de soucis, ok. On a tous compris que t'étais pas bien et on t'en veut pas. On est surtout inquiet pour toi et on aimerait t'aider.

Blizz me regarde avec de nouveau ce désespoir et cette terreur dans les yeux.

- On est déjà sur le coup avec Smart. On attend d'avoir quelque chose pour en parler avec les autres.
- Ok, je te fais confiance.

Je prends congé et vais rejoindre ma Pocahontas. Je vais avoir besoin de repos pour être en forme demain.

Ma princesse est déjà au lit. Je me déssape et me glisse sous les draps.
Elle se retourne dans son sommeil et se blottit contre moi.

Je lui embrasse le front et laisse le sommeil m'emporter dans mes cauchemars.

Je n'aurais vraiment de repos que le jour où je tuerai Sheitan.

Devil's Eagles T2 : Les ailes du désespoir Où les histoires vivent. Découvrez maintenant