Memento - Namgi

758 53 24
                                    

Memento [Namgi]
- 1 partie
- 3200 mots

"Qui allait de souvenir de moi ?"

---

Qui allait se souvenir de moi ?
Une question obsédante, importante, que je me posais pourtant pour la première fois.
Pas que je n'aie jamais envisagé ma propre mort, mais elle était cette fois-ci beaucoup trop proche à mon goût, beaucoup trop réelle.

Le silence qui régnait dans cette partie de l'hôtel était accablant, peut être parce que j'étais à l'affût du moindre bruit. Le vide semblait bruyant tant il envahissait mes oreilles, paraissant même comprimer ma poitrine, m'empêcher de respirer correctement.
Je savais pertinemment que mon souffle laborieux n'était pas dû au silence, mais je préférais me voiler la face encore un peu, de peur de m'effondrer et d'abandonner.

Les manches de mon T-shirt blanc remontées sur mes mains pour ne laisser aucune trace, j'accrochai difficilement la rambarde des escaliers, essayant de me hisser sans bruit jusqu'au bon étage.

Durant un instant, les marches d'escaliers se transformèrent sous mes yeux fatigués, devinrent plus étroites, plus claires, plus familières. Puis ces marches déformées, que j'avais montées quelques jours auparavant, le souffle aussi court qu'aujourd'hui et le coeur battant, s'effacèrent à nouveau, me laissant face au sol gris du motel.

Je me laissai tomber sur le bon pallier, maudissant ma faiblesse. Je devais essayer de toucher le sol et les murs au strict minimum, et voilà que mes jambes me lâchaient...
J'en profitai pour reprendre mon souffle, évitant de coller mon visage à la moquette même si ma nuque n'aimait pas vraiment l'effort que je l'obligeais à fournir.

Il me fallut quelques minutes pour que ma tête arrête de tourner et que la douleur s'apaise un peu. Je me redressai alors sur un coude et levai les yeux dans le couloir à peine éclairé, avisant la porte de ma chambre. Il n'y avait toujours pas de bruit en provenance de l'escalier, ils avaient dû suivre ma fausse piste et foncer vers la seconde partie de l'hôtel pour le moment, j'avais le temps d'atteindre le battant et de le refermer à clé.

Je mobilisai toutes les forces qui me restaient et forçai mon corps à se redresser, ignorant ses plaintes muettes.
J'aurais tout donné pour pouvoir me rasseoir confortablement dans le vieux divan de Namjoon, pour laisser son regard scrutateur essayer de lire en moi, même si ça me mettait mal à l'aise.
Je continuai d'avancer et entrai dans ma chambre miteuse tout en m'imaginant à nouveau chez lui, lui promettant de tout lui expliquer plus tard.

Ça ne voulait rien dire, plus tard... Plus tard quand ? Quand j'aurais un moment ? Quand j'en aurais envie ? Plus tard, ça pouvait ne jamais arriver.

Et justement, les explications n'étaient jamais venues. Mais je n'avais jamais vraiment eu l'intention de lui en donner.
Cette promesse n'était qu'un mensonge de plus sur la longue liste de ceux que j'avais prononcé devant lui durant toutes ces années...
Je ne comptais pas me laisser submerger par la culpabilité pour celui là, même si je devais bien avouer que j'en regrettais un bon nombre à présent.

Je me recroquevillai dans la douche sale du motel, comme un animal blessé attendant, impuissant, qu'on le retrouve.
La faible lueur rose du néon au dessus de moi faisait clignoter le nom de l'établissement de banlieue dans lequel j'étais allé me terrer et donnait une ambiance glauque à ma cachette.

Je fixai le tube lumineux, suivant des yeux les courbes de ses lettres, me familiarisant avec son grésillement régulier afin de pouvoir entendre au delà et de nouveau guetter le moindre bruissement en provenance de l'extérieur.

Seulement, cette question revenait toujours.
Qu'est ce que j'allais laisser derrière moi ? Qui allait se souvenir de moi ?

La réponse à ma première interrogation était plutôt floue dans mon esprit, la deuxième commençait en revanche à s'imposer à moi.
Lorsque j'imaginais mon enterrement, ces rangées de chaises blanches alignées devant un cercueil fermé, je n'y voyais qu'une seule personne.
Il n'y avait que lui qui serait assez fou pour aller me rendre hommage. Il serait même capable de m'écrire un discours, et il serait parfait, bien sûr.
Parce que personne ne me connaissait aussi parfaitement que Kim Namjoon.

Recueil d'OS [BTS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant