XII - Machiavélisme

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Katsuki comme Izuku se dévisageaient, sans rien pouvoir se dire. Un silence lourd avait rempli la pièce après que le masque de Hatred soit tombé.

De son côté, Izuku n'arrivait plus à réfléchir. L'arrivée de Katsuki avait brisé quelque chose en lui et il n'arrivait pas à dire si c'était pour le mieux ou pour le pire. Lui et Kacchan étaient enfin réunis ! Mais quelque chose n'allait pas. Il se sentait coupable. Il avait oublié sa rage, sa folie, son désespoir, et il avait atteint son objectif, mais il ne ressentait pas de joie. À la place, il était submergé par un terrible sentiment de culpabilité. Qu'ai-je fait ? Comment en est-on arrivé là ? Pour la première fois depuis son entrée dans le bâtiment, il sentait enfin la douleur. Il était recouvert de blessures que l'adrénaline avait masquées et il n'avait ni la force de se lever, ni d'essuyer le sang qui coulait de sa bouche après que le blond ait abattu son poing sur lui. La pression qu'il avait accumulée durant des semaines, après avoir erré dans la rue, après avoir tué, blessé, torturé, après avoir combattu ses amis, après avoir les avoir trahis, après avoir aimé, détesté, toute cette pression retombait d'un coup.

Katsuki, lui, comprenait petit à petit ce qu'il se passait, et le rire tonitruant de Shigaraki confirmait ses soupçons. Hatred était depuis le début Izuku. D'une manière ou d'une autre, ils avaient réussi à corrompre son Deku. Il était furieux. Furieux contre Izuku qui s'était fait avoir. Furieux contre les Villains qui l'avaient poussé à se retourner contre ses amis et contre lui. Et furieux contre lui-même qui n'avait pas compris, et pas reconnu celui qui se cachait derrière le masque grimaçant de Hatred. Il ne voyait une immense douleur dans le regard d'Izuku, tandis que ce dernier comprenait sa situation. Cette souffrance mis réellement Katsuki hors de lui.

— Vous devriez voir vos têtes, elles sont tordantes, riait le Villain, alors que, un à un, les membres de l'Avant-Garde surgissaient derrière lui.

En quelques instants, il était débarrassé de ses menottes, au même titre que Toga, Kurogiri et les 5 Villains de l'Avant-Garde qui étaient également enfermés dans des cellules. Toujours à terre, Izuku remarquait que Fusei se tenait à la droite de Tomura.

— Fusei... Espèce... de traitre...

Ledit félon se mit à rire doucement, tandis que Tomura lui jetait un coup d'œil inquisiteur.

— Fusei ? s'enquit-il. Quelle blague de mauvais goût, Dabi.

Fusei/Dabi lança un regard cynique à Izuku qui gisait à quelques mètres de lui et s'avança de deux pas.

— Effectivement, Hatred, je t'ai menti sur toute la ligne. Mon nom n'est pas Fusei mais Dabi. Je ne suis pas un pauvre orphelin démuni, mais le commandant de l'Avant-Garde et bras droit de Shigaraki.

Il afficha un sourire malfaisant et continua son explication.

— Depuis un moment, j'ai été investi d'une mission, tu vois ? Shigaraki m'a chargé de te tuer, toi, le symbole de la Paix. Cependant les choses ont changé quand il a assimilé Bakugō. Tu étais tellement ravagé que tu étais devenu une cible facile pour mon Alter. À tel point que nous avons décidé de ne pas te tuer, mais de t'enrôler.

— Ton... Alter ?

— Ah oui ! Effectivement. Mon Alter n'a jamais été la détection de mensonge, mais tu ne pouvais pas le savoir, après tout, tout a été mis en place pour que tu le croies. Mon pouvoir se nomme « Persuasion ». Il est capable d'influence les gens en utilisant leurs sentiments. Une sorte d'hypnose, si tu veux. Plus je suis proche de la cible, plus cet alter est efficace. Plus je l'utilise longtemps, plus je peux aller loin dans ma persuasion. La première fois que je m'en suis servi contre toi, c'était pendant l'émouvante cérémonie d'enterrement de Ground Zero. Tu étais si fragile qu'il n'a pas été dur d'exacerber un peu ta colère. Tu étais magnifique à ce moment-là, un vrai Villain.

Choqués, Izuku et Katsuki écoutaient l'explication de Dabi, tandis que ce dernier hochait la tête avec satisfaction.

— Puis, lorsque tu t'es isolé du reste du monde, j'ai utilisé toute sorte de stratagèmes pour m'approcher de toi et continuer à t'influencer. Tu étais si pris par tes plans de vengeance que tu ne t'es jamais rendu compte de rien ! Au final, je suis rentré en contact direct avec toi après m'être servi de trois imbéciles et de fausses affirmations pour t'appâter. Alors que je te guidais petit à petit vers notre base, j'ai utilisé mon Alter à chaque instant pour te corrompre encore et toujours plus. Je savais que tu te méfiais, mais tu n'as rien senti quand même.

— Hélas, je me suis rapidement rendu compte que tu étais bien trop puissant pour que je puisse te contrôler éternellement. Avant que Shigaraki se soit fait capturer et que je rentre en contact avec les autres de l'Avant-Garde, je n'étais pas au courant qu'il avait absorbé Ground Zero. Alors nous avons imaginé un tout autre plan où, fou de rage, tu détruirais la Force Héroïque et mourrais avec elle. Alors que nous étions en position pour agir, Toga t'a appelé puis s'est attaquée aux héros pour qu'ils soient alertés.

— Comme prévu, tu n'as pas pu te retenir et tu as foncé dans le tas. Tu as fait de l'excellent travail, tu nous as débarrassé de toutes les menaces. Maintenant que les héros sont vaincus et que tu n'es plus en mesure de bouger, il ne te reste plus qu'à mourir avec eux. Une fois la Force Héroïque vaincue, nous prendrons vos têtes et les utiliserons pour envoyer un message très clair à la société. Notre plan est... un succès !

Les Villains riaient allégrement tandis que le pauvre Izuku était terrassé. Pendant tout ce temps, il n'avait fait que travaillé pour l'Alliance des Villains ? Il avait été leur arme la plus efficace. Il avait trahi tous ceux qu'il aimait et qui l'aimaient, tout ça pour finir par se rendre compte que c'était vain.

— Maintenant, meurs, Hatred, démon de la vengeance !

Shigaraki, d'un coup, s'était jeté sur lui. Alors que sa main destructrice allait le toucher et lui transpercer la tête, Izuku accepta son sort, au nom des péchés qu'il avait commis.

Passion Over ReasonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant