Chapitre 14

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Je rentrai chez moi après une journée de cours. Enfin ce ne sera plus chez moi pour très longtemps. Antoine était là, Mia non. 

- "Tu ne penses pas que Mia a le droit de savoir que tu es un loup-garou ? Après tout votre enfant va en être un."

Il parut gêné, il y avait déjà réfléchi mais ne savait comment le lui dire. J'avais l'impression que quelque chose d'autre le retenait de l'en informer.

- "Tu penses qu'elle va changer d'avis ?"

Il sursauta, j'avais vu juste. Antoine craignait que Mia ne change d'avis sur le fait de garder cet enfant s'il s'avérait qu'il était un loup garou. Je n'étais pas de cet avis et tentais de le rassurer. 

- "Elle l'a bien accepté pour moi, elle sait ce que je suis et pourtant elle ne m'a pas abandonné.

- Mais ce n'est pas pareil. Regarde tu as été abandonné par tes propres parents lorsqu'ils se sont rendu compte que tu te transformais.

- Qu'est ce que tu racontes, tu n'en as aucune idée."

Il était encore plus confus. Je n'étais aucunement au courant de la raison pour laquelle nous avions été abandonné Mia et moi.

- "C'est pourtant ce que m'a raconté Mia."

M'aurait elle caché des choses ? Pourquoi Antoine était il au courant et pas moi ? Je l'appelai pour avoir confirmation de ce qu'Antoine racontait. Elle confirma.

- "Est ce que tu me caches d'autres choses ?, demandais-je agressive."

Elle nia. Je lui raccrochais au nez. Je sortis et allai faire un tour en ville pour me changer les idées. J'aurais aimé qu'elle ne me cache pas un détail comme celui là, même si sa raison était qu'elle ne voulait pas me blesser. Je ne lui en aurais pas voulu car ce n'était pas de sa faute ni son choix, mais je lui en voulais de me l'avoir caché. 

Sans m'en rendre compte j'avais pris le chemin du manoir. Cela devenait une habitude.

Je cognais le punching-ball depuis un bon quart d'heure sans m'arrêter quand une main se posa sur mon épaule. J'allai me retourner agressive mais me rappelai que cet individu ne m'avait rien fait. Je me radoucis et affichai un sourire timide sur le visage. Elodie. Je fus étonné de la voir m'adresser la parole, elle était debout devant moi encore pale, un bandage couvrant la plaie de son cou, mais elle allait bien. 

Elle me prit dans ses bras. Les bras m'en tombèrent. J'écarquillais les yeux de stupeur. Elle me murmura un "merci" et se recula. Pour la première fois elle me montrait ses faiblesses. Je ne savais pas quoi dire. Elle repartit sans ajouter un mot. Je restai un moment les bras ballant me demandant si je n'avais pas rêvé ce qui venait de se passer. Vanessa qui n'avait pas assisté à la scène se demanda si j'allai bien. Elle s'approcha de moi et me secoua en me prenant par l'épaule. La chair me brûla à l'endroit ou elle venait de poser sa main. Cela ne dura que quelques minutes, je trouvais cela interminable et passais de l'eau froide sur ma peau. Je détaillais ce qui venait de provoquer une telle brûlure. La marque. Les trois croissants de lune étaient enfin apparus. 

Cela faisait beaucoup trop d'émotions d'un coup. Ma bête en profita pour prendre le dessus. Je sentis tous les changements de mon corps. Je me tordis de douleur alors que mes os se déboîtaient pour prendre la structure de celle d'un lézard, mes membres se raccourcirent et je me tins à quatre pattes. Mon dos fut parcouru d'un frisson alors qu'une crête se formait. Des écailles bleues se mirent à me trouer la peau et en recouvrirent tout mon corps. Lorsque je sortis de ma transe je me rendis enfin compte de ce qui m'entourait. Je perçus les tremblements dans le sol avant de voir apparaître les loups dans l'encadrement de la porte. Le couleurs autour de moi différaient de ce que je me souvenais. Je voyais tout ce qui se passait autour de moi et ne manquais aucun détails. La bête se sentit en danger lorsqu'un loup approcha. Elle s'enroula autour de la poutre et s'agrippa à celle ci pour s'éloigner des loups. Ils étaient de plus en plus nombreux. Elle sentit un courant d'air dans son dos. La porte s'ouvrait, elle profita de ces quelques secondes pour sortir. 

Nous nous retrouvâmes dehors en plein air. Le vent froid agitait ses écailles. Pour la première fois j'étais consciente de tout ce qu'elle vivait. Ce que je ne comprenais pas c'était pourquoi elle n'était pas allée plus loin dans la transformation. Elle partit en chasse. Un sanglier lui servit de quatre heure. Après cela elle parcourut la forêt comme bon lui semblait. Nous arrivâmes à la limite du territoire, au nord ouest. Je savais pertinemment qu'il ne fallait pas dépasser le ruisseau mais elle s'en fichait éperdument. Soudain elle grimpa à l'arbre et se fondit dans le décor. Un Rôdeur approchait. Elle le détailla mais ne trouva rien à manger sur ce loup et décida de ne pas l'attaquer. Le sanglier l'avait repu. Il passa son chemin. Elle le suivit. J'essayais de la retenir mais rien n'y faisait, je n'avais plus aucune emprise sur elle. 

Au bout du chemin elle découvrit le repère de la meute. Une maison apparaissait entre les arbres. De la fumée sortait du conduit de cheminée. Cette demeure était cachée par de grands sapins et n'était pas visible à moins de savoir ce que l'on cherchait. De la pluie commençait à tomber, elle voulut retourner au chaud et décida que c'était le bon moment de me laisser la place. Elle entama la transformation inverse alors que nous étions sur une branche à vingt mètres de leur repère. L'averse permettait de cacher mes bruits de pas sur la terre humide mais eut pour effet de me faire trembler de froid. Je traversais le territoire des Rôdeurs en sens inverse. J'eus peur de me faire repérer plus d'une fois. Mes tremblements me ralentirent mais je ne perdais pas de vue mon objectif : rentrer au manoir. Je devais au moins passer le ruisseau où je me retrouverai enfin sur le territoire de la meute.

J'arrivai enfin au ruisseau au bout de ce qui me parut une éternité. J'aperçus Guillaume au loin, ils étaient en train de me chercher avec Adam. Je l'appelai. Il se tourna vers moi et vint me donner son manteau. Ils avaient senti que j'avais quitté le territoire. Adam sous sa forme de loup vint me sentir et s'assura que je n'avais rien. J'avançais difficilement sur les branches tombées. J'avais les pieds en sang à force de m'écorcher sur chaque obstacle. Le loup se colla à moi et me servit d'appui jusqu'au manoir. 

Guillaume me guida à l'intérieur et m'installa sur la canapé où je fus bientôt rejoint par les loups sous leur forme animale. Ils se collèrent à moi et me communiquèrent leur chaleur. L'un d'eux alla jusqu'à me lécher le visage. Je trouvais cela un peu répugnant mais je n'avais pas la force de bouger alors je le laissai faire. Il posa sa tête dans le creux de mon cou et s'endormit ainsi. Je tremblais toujours mais finis par m'endormir.

La meute du DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant