Chapitre 13

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- "Je te préviens je commence à en avoir ma claque, me dit Grincheux. C'est la dernière fois que je fais une ronde avec toi."

C'était sa façon à lui de me saluer. Il était en train de sautiller sur place, attendant le départ. Il se réchauffait comme il pouvait. Il était cinq heures du matin et nous arrivions en hiver. Il souffla, de la buée sortit de sa bouche. Je n'avais qu'une envie c'était de retourner me coucher. Je partis à petite foulée, Adam m'emboîta le pas. 

Je m'arrêtai car je crus sentir une odeur inhabituelle. Adam l'avait aussi sentie et cherchait de son coté la provenance de cette odeur immonde. Je tombais sur un cadavre. J'appelai immédiatement l'oméga. Le cadavre d'un lièvre gisait au pied d'un arbre. Au vu de son état il n'était pas mort depuis bien longtemps. Ce n'était certainement pas un animal chassé lors de la pleine lune. Je détaillais la façon dont l'animal avait trouvé la mort. Pendant ce temps Adam observait les environs et cherchait la trace de celui qui s'était infiltré sur le territoire. Je l'entendis repartir à petite foulée. Il suivait une piste. Son odorat contrairement au mien était drôlement développé même pour sa forme humaine. 

Je me concentrai sur l'animal. Il était mort il y a quelques heures, le sang s'était arrêté de couler de sa gorge. Un animal avait étouffé ce petit être en lui compressant la gorge. On s'était nourrit de ses intestins mais on n'avait pas eu le temps de finir le repas. Il venait de prendre la fuite, il était encore là il y a quelques minutes. Je communiquai avec Adam par la pensée. La piste s'arrêtait au lac, le prédateur s'était baigné, son odeur avait disparu. Je décidai de laisser l'animal ici, si le prédateur, même s'il y avait peu de chance qu'il le fasse, pouvait revenir et récupérer l'animal. Je pensais plutôt que les corbeaux allaient s'occuper de son cas, mais on ne savait jamais. 

Je finis la ronde avec Adam mais nous ne retrouvâmes aucune pistes qui auraient pu nous mener au prédateur. Guillaume fut le premier au courant. Je m'organisais avec Adam mais je devais me présenter en cours ce matin, il serait compliqué pour moi de faire un tour sur le territoire. Je promis d'y revenir avant d'aller travailler. 

Ce que je fis mais je ne remarquais aucune trace du prédateur, et l'animal était toujours là. Je fis un tour rapide mais ne trouvais aucune autre carcasse d'animal. 

Je travaillais en tant que serveuse dans un petit restaurant en centre ville. A cette heure-ci je servais surtout des mamans et des enfants qui sortaient de l'école. Malgré le peu qu'ils étaient, la salle était très bruyante, je fus plusieurs fois bousculée par des enfants courant dans tous les sens. Je tenais le plateau d'une main de l'autre je retins le petit garçon qui manqua de tomber en me percutant. Seul un homme dénotait en cet après-midi. Il était assis seul dans son coin et observais les enfants qui manquèrent d'agripper la nappe de sa table et d'envoyer tout balader. Il réagit rapidement, rien ne tomba. Il fini par souffler et se cala dans son siège un air exténué sur le visage. Je finis mon service fatiguée par ma journée. 

Je balançais mes affaires sur le siège passager et fis le tour de la voiture pour m'installer au volant. Je fus stoppée brutalement dans ma course. Je venais de percuter quelqu'un, je levai les yeux et reconnus l'homme que je venais de servir. Je reculais d'un pas et m'excusais. Il me retint.

- "Excusez moi, je voudrais vous parler sans ces petits trucs qui courent partout, dit il en désignant le restaurant du menton.

- Vous voulez dire des enfants ?"

Il me sourit en me regardant avec des yeux pétillants de malice.

- "Qui êtes vous et de quoi voulez vous me parler ?

- Je me présente. Je m'appelle Nick Riveira. Vous êtes bien Emy Collin ?"

Je hochai la tête, je me méfiais de lui, on aurait dit qu'il préparait quelque chose. Je le questionnait du regard, il ne me disait toujours pas ce qu'il me voulait. 

- "Je pense qu'on a quelque chose en commun."

Il éveillait mon intérêt. Je haussai un sourcil.

- "Vous êtes une toute petite dragonne, n'est ce pas ?"

Je restai quelques secondes interdite. Je me souvins de ne pas montrer que j'étais différente. Mais je me demandais comment il aurait pu être au courant sans être lui même un métamorphe. Mon premier réflexe aurait été de répondre que je n'étais pas si petite. Je restai méfiante et fit mine que ces propos étaient complètement dingues. Je restai tout de même pour voir s'il ajoutait quelque. Il me demanda d'arrêter mon cirque et tendit la main vers la mienne que j'avais serré en un poing. Je voulus récupérer ma main mais il la maintint en desserrant mes doigts pour y déposer quelque chose au creux de ma paume. Je ne savais toujours pas si je pouvais lui faire confiance. Je le détaillais un peu plus : grand, blond, les yeux bleus, une carrure développée qui aurait pu être celle d'un métamorphe, il devait s'approcher de la trentaine. Je baissais les yeux sur ce qu'il avait déposé dans ma main. Je ne reconnu pas l'objet tout de suite. Je le détaillais et compris ce que cela signifiait. J'avais entre les mains une écaille aussi grande que ma paume d'un noir brillant qui ne laissait aucunement passer la lumière. 

Je relevai la tête et ne le trouvais pas. Il avait disparu. J'avais tant de questions à lui poser. Je n'étais pas tout à fait sûre de ce que cela pouvait dire. J'attendis plusieurs minutes pour voir si il allait revenir mais il n'en fit rien. Je n'avais pas envie de me faire de faux espoirs mais je rêvais tellement de rencontrer un autre être capable des mêmes choses que moi. Je la rangeais dans la poche de ma veste et repartis pour le manoir. J'étais surexcitée, des tas de questions se bousculaient dans ma tête. 

Je m'empressais de rejoindre le manoir mais quelque chose m'arrêta. Un cri, au loin. Mon sang ne fit qu'un tour. Je courus dans cette direction, j'essayais de repérer qui se faisait attaquer. Une louve. Elodie. Je perçus du sang. J'accélérais encore la cadence. Mon instinct animal s'éveilla en moi. Je suivis la piste que me fournissait le sang. J'entendis des bruits de lutte alors que je m'approchais. 

Je bondis sur le loup qui s'en prenait à l'une des nôtres. Je roulai plusieurs fois avec lui. Je tirai le loup par la peau du cou pour éviter qu'il ne me morde. La part humaine avait complètement disparu chez lui, il ne restait plus que l'animal sauvage et agressif. Il grogna et sortit les crocs juste au dessus de mon visage. Je le repoussai de mes jambes en lui donnant un grand coup dans l'abdomen. Je me jetai sur lui pour essayer de le maîtriser mais il se libéra de ma poigne et partit à toutes enjambées en direction du lac. Adam arriva quelques secondes après, je l'avais prévenu dans ma course. Il le prit en chasse sans que j'ai eu besoin de lui désigner la direction dans laquelle il était allé. 

Je me tournais vers Elodie. Il l'avait attaqué à la gorge, ses crocs s'étaient plantés dans la chair de son cou. Elle saignait abondamment. Il avait voulu l'étouffer et cela avait presque réussi car elle avait maintenant des difficultés à respirer. Elle avait besoin de soin en urgence. Je l'aidai à se relever et la portai sur mon dos. Je partis d'un pas rapide vers le manoir en essayant de ne pas trop la secouer. Je cherchai le lien que j'avais avec Samuel mais ne le trouvant pas je me tournai vers Amélie. Elle ressentie l'urgence de la situation, lorsque j'arrivai elle m'attendait dehors avec les loups de la meute. Ils me débarrassèrent de son poids et la transportèrent à l'intérieur. 

Guillaume se précipita pour m'interroger. Je lui expliquai brièvement la situation, nous repartîmes au pas de course vers Adam. Lorsqu'on arriva il tournait en rond, il avait perdu la trace du loup. Même si le loup était blessé il était tout de même plus rapide qu'Adam sous sa forme humaine. Nous nous trouvions au nord ouest de notre territoire. Il était facile de deviner qu'il s'agissait d'un Rôdeur. Je grimpai à un arbre mais ne repérai pas le loup qui nous avait échappé. La forêt était beaucoup trop dense, je ne trouvai pas le loup à travers les branches. Guillaume me fit redescendre. Il renonça à poursuivre le Rôdeur : on ne pouvait pas traquer un loup sur son propre territoire.

La meute du DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant