Chapitre 2.2

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Alors que dans la salle de bal, l'ambiance éclatait de rires, d'une gaité des mélodies vibrantes aux grands accents colorés des quadrilles, la galerie en outre, avait accueilli plus de monde que tout à l'heure. Les gens s'égaillaient devant les immenses tableaux aux couleurs claires dont les images transcrites sur les toiles blanches laissaient paraître une réalité devant tous les regards. Alors que la nuit avait commencé à tomber lentement derrière l'horizon, les grands et hauts lustres de cristal aux chandelles illuminées apportaient toute la lumière nécessaire, projetant la pièce entière dans une douce et chaleureuse atmosphère plaisante. Les tableaux attiraient et les gens ne cessaient de parcourir plus d'une fois la large pièce au grand tapis rouge qui la traversait.

Iseult pénétra dans le petit salon où la douceur et une chaleur bienheureuse virent la secouer toute entière tant l'atmosphère qui y régnait était calme et constituait ce qu'elle recherchait après le coup étouffant des pas de valses aussi interminables que fatigants. La lumière dorée des lustres de cristal rose et les murs aux couleurs claires s'harmonisaient parfaitement dans une gaité plaisante et tranquille. Les dames dans leurs robes de soies élégantes conversaient en se reposant sur les fauteuils rouges, agitant leurs larges éventails colorés. Elles donnaient ce tableau parfait et sans imperfections comme on les trouverait dans les galeries du château, toutes différentes parsemées d'ornements et de lueurs chatoyantes.
A droite, Iseult apercevaient les dames plus âgées calmes et tranquilles s'adonnant aux conversations ennuyeuses et sans saveurs. Leurs robes grises, vertes pales ou plus claires, constituaient un contraste évident face au volume vaporeux des jeunes filles aux couleurs vermeilles aux éclats pétillant d'une jeunesse fleurie exaltée par les plaisirs auxquels elles s'adonnaient. Il était difficile pour toutes jeunes filles d'imaginer se reléguer aux rangs des plus vieilles, abandonner toutes couleurs et plaisirs une fois mariées. Passives et ennuyantes elles ressemblaient à de grandes péronnelles agitant avec mollesse leurs larges éventails.

Iseult respira profondément d'aise et sourit. Elle se sentait chez elle, il n'y avait plus aucun homme pour la regarder, pour la rendre gênée, rouge de confusion, pâle de timidité face à des charmes inconnus ou tout simplement insolents. Non, il n'y avait personne pour la juger ou encore moins lui faire honte.

Iseult fit le tour de la petite pièce et avisa une jeune femme assise près de deux dames d'un âge plus avancé. Elle n'était pas spécialement d'une grande beauté mais quelque chose dans son air poussait Iseult à la considérer favorablement. Sur son visage se peignaient avec netteté des traits fins et singuliers qui rappelaient l'image du portrait maternel dans la galerie. Iseult reconnaissait qu'il y avait une ressemblance assez frappante dans ses grands yeux noirs aux cils drus et aux sourcils épais qui se traçaient sur sa peau blanche. Son regard doux, son sourire un peu timide mais apaisant aux lèvres fines et claires lui apportaient tout de même une attirance particulière. Ses beaux cheveux flous et ondulés d'un roux clairs et chatoyants étaient tressés d'une manière régulière sans la moindre mèche s'échappant des nœuds perlés.
A la voir, on savait qu'elle était simple non comme toutes les autres femmes qui ne quittent pas les quatre murs aux miroirs de la salle de bal. Il y avait dans ses gestes une dignité tranquille et touchante qui révélait d'une éducation bien reçue et d'un statut de haute naissance. Sa robe de soie d'un bleu pâle avec sa ceinture crème et ses petites manches bouffes à dentelle s'accordait à ravir à son teint clair et ses cheveux plus colorés. Elle avait un sourire timide et plein de gentillesse lorsque l'on passait devant elle pour la saluer ou encore en cet instant alors que ses yeux noirs profonds rencontrèrent ceux d'Iseult qui malgré elle lui rendit son sourire. La jeune femme désigna une place libre sur le grand fauteuil à côté d'elle. Iseult reçut cette invitation comme une marque de sympathie favorable. Elle s'approcha et vint prendre place sur les coussins moelleux aux bordures rouges.

Les bâtisseurs d'empires (réécriture intégrale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant