Transe

XI

V  A  L  E  N  T  I  N

     Lalie vient de me cracher de la bière à la figure. Elle a les yeux écarquillés. Nous sommes sur la terrasse d'un café, et je viens de lui annoncer que je venais de me mettre en couple. Je ne l'ai jamais vu aussi choquée. Je m'essuie le visage avec une serviette, soupirant devant son air hagard.

— C'est un prank c'est ça ? questionne-t-elle, n'en revenant toujours pas.

— Non.

— Attends attends... Faut que j'assimile l'information... Redis-moi ça, me prie-t-elle en reprenant une gorgée du liquide alcoolisé.

— Je suis en couple.

Elle me recrache à la gueule et éclate de rire devant ma tête déconfite. Mais quelle connasse. Je me venge en l'aspergeant à mon tour. Même si je crèverai plutôt que de l'avouer, j'adore cette meuf. Entre nous c'est l'amour vache. Mais je jure que si elle ose m'arroser encore une fois, je lui vide ma cannette entière sur la tête.

— D'un côté, je suis surprise. J'aurais jamais pensé que tu serais capable de sauter le pas. Mais d'un autre côté, je dois avouer que la façon dont tu regardais ce gars l'autre fois devant la boite de nuit m'avait mis la puce à l'oreille.

Je hausse un sourcil.

— Comment ça ?

— Je sais pas. T'avais un regard doux. Presque heureux.

— Arrête, tu vas me faire vomir.

Elle rit. Je finis ma bière avant de reporter mon attention sur elle.

— Je suis contente pour toi, déclare-t-elle avec un sourire sincère. Attends, mais du coup, avec qui je vais aller draguer en discothèque maintenant ?!

— Comme si t'avait besoin de moi pour pécho du mâle.

— Mais c'est pas drôle si j'y vais toute seule, chouine-t-elle en faisant la moue.

— T'as qu'à te mettre en couple toi aussi. J'suis sûr qu'une tonne de mec rêve de pouvoir sortir avec une bombasse comme toi.

— Arrête, tu vas me faire vomir.

Nous éclatons de rire. Elle ne changera jamais. Finissant sa cannette, elle reprend soudain un regard plus sérieux.

— Ce soir, on sort en boite pour fêter ça ! Une toute dernière fois, pour célébrer ta mise en couple. Ce sera ton enterrement de vie de célibataire ! s'exclame-t-elle comme si elle venait d'avoir l'idée du siècle.

Je souris. Cette idée me plaît.

— Deal, approuvé-je.

C'est ainsi que la nuit venue, vêtue de sa plus belle tenue, Lalie me conduit jusqu'à la fameuse discothèque. J'ai comme un sentiment de nostalgie en remettant les pieds dans la salle. Ça faisait longtemps que je n'étais pas revenu. Je n'avais pas ressenti le besoin de revenir à cause de Félix qui occupait toutes mes pensées. On ne peut donc pas dire que l'endroit m'ait manqué. Néanmoins, l'idée d'une dernière danse me plaît bien. Pour marquer le coup, ça me paraît la solution idéale.