Episode 13

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Je panique comme un animal en fuite devant son prédateur et je reste debout un certain temps, figée comme une statue, traversée de secousses de frayeur. La serveuse a bien fait de me demander si quelque chose n'allait pas, car je sors de ma léthargie comme si elle venait de me piquer.

Mon corps tressaille toujours, mes mains tremblent, je ne vois rien d'anormal dans cette brasserie. Un frisson me parcourt comme une décharge électrique, mes jambes se dérobent et je décide de me rassoir pour ne pas tomber. Je fixe mon café sans trop comprendre ce qui se passe. Trop d'éléments étranges se déroulent en ce moment pour ne pas se poser cette question : me suit-on ? Les hommes de la rue, l'agression, j'ai la cruelle impression d'être épiée, c'est un cauchemar...

Je regarde devant moi et aperçois quelqu'un qui me sourit, j'imagine que c'est lui, je tourne la tête, mais mon coeur s'accélère toujours plus. Alors, comme un éclair, je saisis mon sac, car il faut que je parte au plus vite. Je dois m'éloigner de tout ça, je ne suis pas en sécurité ici.

Je sors précipitamment en bousculant les gens. Je monte dans le premier métro. Je verrai bien où il me conduit et avec un peu de chance, j'aurais pris la bonne direction. Celle de mon appartement...

Les stations défilent, je suis accrochée aux barres avec mes deux mains comme si j'avais peur qu'on me tire vers l'extérieur. Est-ce que mon agresseur est sorti de l'hôpital ? Non, ce n'est pas possible... J'ai la tête remplie de choses plus délirantes les unes que des autres. Je me mets à paniquer, c'est la frayeur qui me parle, je jette un œil par dessous aux personnes présentes dans la rame, on dirait qu'ils veulent tous ma peau. Je commence à devenir folle...

Je m'accroche encore plus fort et regarde le plan et je vois avec chance que je suis dans la bonne direction.

Je sors précipitamment et continue à courir tout en téléphonant à un loueur de voitures. Je décide de partir dès ce soir, je ferai la route de nuit. Rester seule dans mon appartement ? Impossible. Et si j'appelais la police ? Mais pour dire quoi ? Que je panique ? Que je pense être suivie ? Ils vont m'envoyer à l'hôpital direct et je vais finir en asile psychiatrique. Très peu pour moi... je ne suis pas folle à ce point-là. Je sais ce que je sens et je sais ce que je vois. Ce n'est pas un hasard, tout ça doit avoir un sens... mais lequel ? En attendant, il faut que je parte là où je suis le plus en sécurité. En très peu de temps, je monte et récupère mes valises. J'appelle un taxi et arrive rapidement chez le loueur.

Je n'ai pas trop le choix et je prends une petite citadine pas très imposante. Elle suffira pour ce que j'en ai à faire... quitter le plus vite possible Paris pour me réveiller de ce cauchemar.

En déposant mes bagages dans le coffre de la voiture, je sais que la distance parcourue me permettra de réfléchir. Je regarde l'heure du tableau de bord tout en mettant les rétroviseurs en place, j'en ai pour 6 heures et il est 20h.

Je démarre et je me dis que la fuite parait être une bonne idée. Je suis mon instinct, ou plutôt cette petite voix qui me martèle que je suis en danger. C'est plus fort que moi, ça brûle dans ma gorge tant je désire fuir. Tous ses événements successifs sont trop rapprochés pour que je puisse les digérer correctement.

Maintenant sortie de la ville, je ne pense pas que la personne me retrouve tant je suis partie précipitamment. Cette personne qui était à la brasserie et qui avait mon numéro de téléphone. Mais comment l'a-t-il eu ?

Les premières demi-heures se déroulent sereinement et je roule calmement. J'apprécie cette solitude et pour l'instant tout se passe bien. Je suis sur l'autoroute, je me sens de plus en plus apaisée. Le temps avance, je réfléchis et je regarde les panneaux qui défilent. Je n'ai plus la sensation d'être suivie et je suis rassurée. Les kilomètres effacent peu à peu mes angoisses.

MB MORGANE - Urielle - Tome 1 [Terminé] (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant