Si je tenais un carnet de choses à connaitre, je pourrais cocher depuis ce soir : « Savoir errer dans Paris by Night ! ». J'ai essayé de téléphoner à Mé, mais je n'avais pas le courage de tout lui raconter, j'ai raccroché avant que cela ne sonne. C'est pitoyable ! Pourquoi ça me tombe dessus ? Pour la première fois de ma vie, je suis seule et perdue. Je ne sais plus où je suis, où je vais, et pour couronner le tout, je me sens toujours observée comme cet après-midi. Je marche à l'aveugle, on dirait une sorte de zombie ou de junkie. J'ai besoin d'oublier mes problèmes par tous les moyens disponibles, et une bonne cuite me parait être une solution.
Il doit être deux heures du matin, je rentre dans un club où la musique résonne dans toute la rue. Je me pose machinalement au bar et je commande un cocktail maison bien tassé. Je me rends compte que je n'ai pas mangé, je m'en rends vite compte puisque l'alcool me monte à la tête rapidement.
Puis j'entends deux, trois voix autour de moi, mes yeux ont déjà du mal à faire le point sur les visages. Il y a régulièrement des vagues de : "Mademoiselle ?" ; des : « Salut, c'est quoi ton prénom ? ». Je demande un autre cocktail pour fêter ma rupture avec mon ex petit ami gay et fais mine de trinquer avec le barman qui semble avoir pitié de moi. Je suis accoudée au bar, et je porte le verre à ma bouche en priant pour qu'il ne se renverse pas à côté de moi.
Pourtant une petite voix me dit de stopper, je sens bien que je commence à perdre la notion de tout ce qui se passe autour de moi. Alors, le nez plongé dans mon coude je repense à cette journée, ça me fait rire, ça n'arrête pas de tourner.
On m'invite à danser, je manque de tomber de la chaise quand finalement je décline.
Enfin, je décide de me lever, ça m'aidera à y voir plus clair. Je traverse la piste en longeant les murs. Je me demande si quelqu'un voit dans quel état je suis. Évidemment, mais la priorité maintenant c'est de garder mon équilibre.
Ça cogne dans mon corps, la musique est forte et cela n'arrange pas les pulsations qui percutent ma tête.
Puis, j'entends un autre :
- Salut, tu es seule ?
Je pousse le gars de la main, je sens que je vais vomir sur lui. Puis d'un geste incertain, je le tire par le col de sa chemise pour l'amener à moi et lui crier à deux centimètres de son oreille :
- Ils sont où les toilettes ?
- Viens, je t'y conduis.
Je le suis, je crois qu'il me retient pour ne pas tomber.
Puis ça semble long, il pousse une porte et me fait sortir la première. Les toilettes sont en extérieurs ? Le vent glisse sur ma peau, il fait froid, ce n'est pas normal.
Vaguement, j'ouvre les yeux et tente de me concentrer sur mon environnement, il y a maintenant contre mon dos un mur humide. Il m'a visiblement poussé et son visage est tout proche de moi. Je ne le connais pas, c'est le type de tout à l'heure et il fait quelque chose. Je baisse le regard, je vois qu'il a enlevé sa ceinture. Le temps que je comprenne ce qui se passe, je perçois qu'il dégrafe mon pantalon. Il a déjà sa main à l'intérieur et vient vers l'avant. Je commence à ressentir malgré mon état ses caresses immondes. Ses doigts souhaitent visiblement explorer mon intimité, il est en train d'avancer, mais je ne le veux pas. J'essaie de me débattre, et je me contracte machinalement, mais c'est trop tard. Je le pousse de toutes mes forces, il se rapproche, je sens son souffle, il halète comme un chien. Je le frappe, il vient m'agripper les poignets, il marque un temps d'arrêt quand je tente de me libérer, mais il parvient à me les enrouler avec sa ceinture. Je lui donne maintenant des coups de pied, j'ai une montée d'adrénaline qui me permet de réagir, mais soudain il me gifle. Puis il me fait basculer en me poussant sur le côté avec force, j'ai les mains liées et en tombant, je me cogne la tête au sol. J'ai mal, alors je tente de hurler, c'est à ce moment-là qu'il enfonce ses doigts dans ma bouche, il va me décrocher la mâchoire, tant il appuie au fond de ma gorge. Des larmes commencent à couler sur mon visage, je suis prise au piège. Il se met à gesticuler sur moi, il est lourd, et appuis sur mes hanches, il veut sortir son sexe, puis tire d'un coup sur mon pantalon de lin qui se déchire net. Il doit être bien plus grand et puissant que les hommes normaux, ou bien je suis tellement saoule et terrassée que je n'ai plus la force de bouger. Dans ce flou, je sais maintenant qu'il y avait autre chose dans mon dernier verre. Je me sens mal, je vais tomber dans les pommes. Alors je ferme les yeux et je demande de l'aide. Je vois dans mon semblant de coma, des anges, des êtres de lumière, je suis droguée et impuissante...
Est-ce cela la fin ? Vais-je mourir, comme ça, dans une ruelle dégueulasse. Le temps ralenti, mon cœur aussi, je m'évanouis...
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MB MORGANE - Urielle - Tome 1 [Terminé] (édité)
ParanormaleDepuis de nombreuses années, Urielle se fait appeler Marie. Ce prénom attire moins l'attention et ne lui rappelle pas celui qui l'utilisait jadis, son premier amour mystérieusement disparu. Urielle habite à Paris et mène une existence tranquille ent...