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Emily,

En entrant dans ta chambre, je me suis assis sur ta chaise, devant ton piano, comme tu aimais le faire autrefois. En redressant le couvercle, je suis tombé sur une lettre que tu avais écrite, elle était adressée à Chloé, Chloé Martinez je crois. Elle n'était pas mise dans une enveloppe alors la curiosité m'a emporté.

Lorsque j'ai commencé la lecture, je ne m'attendais pas à ce que j'allais lire. Elle était tellement triste, tellement poignante que j'avais perdu tous mes moyens me mettant à pleurer comme un enfant s'étant perdu dans un centre commercial.

« Chloé,

Tu étais comme ma meilleure amie, tu connaissais mes joies et mes peines, mes envies, mes motivations... Tout, tu savais tout de moi. Je t'aimais mais tu m'as mentie, tellement d'années passées ensemble et tout ça pour quoi ? Pour que tu me plantes un couteau...

Tu avais raison, il faut savoir bien viser et, ça, tu savais parfaitement bien le faire, la preuve, tu ne m'as pas manquée. Il a suffit d'un seul mot, un seul regard pour que je comprenne enfin tes vraies intentions. Ce qui te plaisait réellement, c'était de me voir souffrir à longueur de journées, c'était que je me sente seule, anéantie, dépressive...

Ce masque que je m'efforçais de porter pour ne pas que tu ne t'inquiètes trop, c'était toi, toi qui m'a incitée involontairement à le forger et à l'utiliser de plus en plus souvent jusqu'à ce que je ne puisses plus m'en séparer. Tous ces efforts, toutes ces excuses, tous ces mensonges pour ne pas te blesser, tout ça en vain.

Tu ne méritais pas mon amitié mais j'avais été trop stupide pour m'en rendre compte. L'amour rend aveugle et bien, l'amitié aussi. Je m'accrochais à tous ces moments passés ensemble.

Tu avais raison sur un autre point, notre amitié est vraiment devenue une compétition, je te décevais plus que régulièrement pour ne pas dire à chaque fois. Mais toi, pourquoi me remettais-tu sans cesse en cause ? T'es-tu déjà posée cette question à mon égard ? Je peux d'ores et déjà dire que tu n'en avais pas le moindre soucis, pas une seule fois tu as pensé à mon bien, tout me semble évident maintenant que c'est fini : tes coups de colères excessifs envers moi, tes secrets que tu ne me disais plus, tes regards mal placés, tes réflexions vis à vis de mon comportement...

A présent, c'est clair comme le bleu du ciel, poignant comme la beauté des aurores boréales... Tu es une sorte de fleur, une sorte de rose ; belle en apparence, innocente, avec des épines pour te défendre. Il a suffi que tu m'ennivres avec ton doux parfum, ta délicatesse, ta beauté pour que je me fasse emprisonner. J'étais désormais sous ton contrôle, tu m'as empoisonnée pas à pas. Gentiment, tout doucement et plus tu m'enfonçais, plus je commençais à douter de moi mais c'était bien trop tard.

Tu m'as tellement blessée et utilisée que je préfère partir pour ne plus être sous ton emprise. Je préfère partir pour ne plus te voir, ne plus t'entendre, ne plus avoir à faire à ta voix, juste pour ne plus que tu existes à mes yeux. Je ferais du mal aux autres, certes, mais au moins je ne serais plus souillée par ta faute. Je t'aimais mais maintenant je te déteste profondément, plus profondément encore que le fond des océans, peut être aussi profondément encore que le centre de l'univers.

J'espère de tout mon cœur que tu le paieras très cher mais je n'ai pas peur pour ça, il y a quelqu'un qui veille là-haut et finira par rendre justice. Je savais au fond de moi que cette réalité était bien trop belle pour que j'eus le droit d'y participer, elle n'était que mal et futilité. Le réel est-il fictif ou est-ce la fiction qui détourne la réalité mais par ta faute, je ne le saurais jamais. 

La vie était bien trop belle pour une personne comme moi, je ne méritais rien de tout ce que j'ai eu. Elle m'a beaucoup gâtée et beaucoup appris, je la remercie pour ça malgré le fait que je ne sois pas digne d'avoir pu y vivre convenablement.

Tu avais toute ma confiance mais c'est terminé. Ces mots seront permis les derniers que j'écris. Crois ce que tu veux, tu peux dire à tout le monde que tu as gagné si tu en as envie mais saches que je si je fais ce geste aujourd'hui c'est pour retrouver et prendre soin d'Emma. Je n'ai compris que récemment que c'était toi qui avais causé son départ si brutal, c'est toi qui a causé sa mort, saches que ça je ne te le pardonnerais jamais. 

Avec tout le dégoût qui émane de mon cœur que tu as, avec acharnement, blessé.

Ton ex-meilleure amie. »

Je n'ai même pas les mots pour exprimer ce que je ressens. Ta lettre est tellement bien faite que je ne ressens pas le besoin d'ajouter quelque chose.

Tu me manques tellement, si seulement tu pouvais revenir même si ça ne durait qu'un instant.

Je t'aimerai toujours.

Lucas

Espoir ou Éternité ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant