Chapitre 2 : L'art de recycler ses anciens ennemis

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Debora regarde sa meilleure amie, dans l'expectative, alors que celle-ci lit les textos en diagonale, son index descendant petit à petit sur les messages échangés

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Debora regarde sa meilleure amie, dans l'expectative, alors que celle-ci lit les textos en diagonale, son index descendant petit à petit sur les messages échangés.
Pour tromper l'attente, elle tourne les yeux ailleurs. Elle balade son regard au-delà de la fenêtre à sa gauche et voit, à l'horizon, l'aéroport du Maryland, qui se trouve à plusieurs kilomètres de leur position.
Debora jette négligemment un œil à la voiture de Ruth garée devant le Dinner et se frotte le nez alors qu'elle observe la chaleur s'échapper du moteur, brouillant la vue. Le macadam fume pareillement, à l'orée du regard, sur la route. Le mercure monte et les degrés Fahrenheit aussi. La chaleur de ce milieu d'été est étouffante, Debora sent la sueur couler de ses aisselles, se cacher dans les plis de sa peau, sous ses jambes et sur sa nuque alors que l'air climatisé du Dinner tourne à plein régime.

Elle attrape la paille de sa boisson froide sans regarder où elle se trouve et aspire doucement son milk-shake à la pistache avec délice lorsqu'elle la trouve.
Fermant les yeux pour se laisser le temps d'apprécier autant le goût que la fraîcheur, Debora rassemble rapidement sa longue chevelure en un chignon rapide avec une grosse pince qu'elle a accroché à son t-shirt Led Zeppelin.
Plongée dans ses pensées, elle songe à profiter de ses vacances pour aller chez le coiffeur et se faire couper les cheveux, les trouvant désormais beaucoup trop longs à son goût. Elle réfléchit à ce qu'elle pourrait se faire, peut être un joli carré ? Seulement, en ce moment, elle a envie d'avoir les cheveux plus courts qu'aux épaules. Elle aimerait tenter une coiffure pixie, mais n'ose pas. Elle n'a jamais eu les cheveux aussi courts de toute sa vie et-

« Mais vous avez vraiment beaucoup parlé en fait. »

Debora se mord la lèvre inférieure et hausse une épaule.

« Un peu oui. »

Ruth lui lance un regard exaspéré par-dessus ses lunettes de soleil et secoue la tête en lâchant un soupir amusé. D'un geste ample, elle lui rend son portable en le lui glissant sur la table, entre leurs verres colorés. Debora le laisse là, lui adressant à peine un regard.

« Pourquoi tu te fais ça ? Il est marié Deb, déplore Ruth.
- Et alors ?
- Il est marié, répète-t-elle en lui faisant les gros yeux.
- C'est lui qui vient me chauffer, se défend Debora.
- Ce n'est pas une raison.
- Mais il me plaît, gémit-elle.
- Mais il est marié, se moque Ruth d'une voix tout aussi aigu.
- C'est pas mon problème s'il trompe sa femme.
- C'est moche ce que tu dis là. Je suis mariée. Si Ben me trompait avec une connasse qui tenait les mêmes propos que toi je péterai un plomb, même que je te péterai la gueule. »

Debora lui jette un œil et la regarde de haut en bas, l'air de dire : toi ? tu me péterai la gueule ? avec ton physique de crevette ? tu t'es bien vue ?
Ruth roule des yeux et attrape une branche de ses lunettes de soleil pour les basculer en arrière, dans ses cheveux bouclés au fer et colorés. Debora se mord les lèvres et finit par contester son amie en lui posant ses arguments sans ambages :

Se débarrasser des vivants, Tome 1 : Poétique d'une civilisation effondréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant