Benjamin fait signe de la main à ses enfants et c'est comme toujours son fils aîné qui le remarque en premier. L'enfant d'onze ans cherche aussitôt autour de lui, fouillant parmi les autres enfants sa petite sœur des yeux. Ben l'aperçoit sans mal avec sa petite robe rose fuchsia et ses couettes brunes. Ellen est en train de discuter avec ses copines en bas des escaliers. Elle rit en se tenant la bouche à deux mains, les yeux écarquillés. Petite chipie.
Ils sont le neuf août deux mille dix aujourd'hui. Ça fait à peine une semaine que les enfants sont de retour à l'école. C'est comme s'ils ne l'avaient jamais quittée.
Sans se préoccuper des convenances, James s'époumone en hurlant le prénom d'Ellen. Quand il retient son attention, il montre de l'index leur père à la voiture et Benjamin roule des yeux, amusé car, sans grande surprise, sa fille fusille du regard son grand frère avant de lever le bras, puis son majeur. Le geste provoque de grands éclats de rire des autres enfants et quelques grommellements mécontents de certains parents.
« Les enfants ! » Crie Benjamin.
Ellen tourne les yeux vers lui et son expression change du tout au tout. Offrant aussitôt à son père un sourire plein de dents un peu crispé, elle fait disparaître son doigt d'honneur par un salut de la main innocent et maladroit. Benjamin soupire, mi-amusé mi-agacé par le caractère de sa fille alors qu'Ellen s'occupe de dire précipitamment au revoir à ses amies. Apres quelques instants à attendre contre la voiture, Benjamin entend un bruit de course et constate l'arrivée de sa fille cadette. Son gros sac à dos tape en rythme sur ses reins à mesure qu'elle se rapproche.
« Papa ! Pourquoi tu es venu nous chercher ? Maman est encore au travail ?
- Elle est allée chercher son amie, Debora, à l'aéroport. Elle te l'a dit, à toi et ton frère, ce matin.
- ... Debora ? répète-t-elle, les sourcils froncés.
- L'amie que maman s'est faite au yoga il y a quelques années, tu sais ?
- Ah oui ! se souvient Ellen. Celle que t'aime pas. »Benjamin plisse les lèvres et se frotte la nuque avec une grimace.
« Mon cœur... chuchote-t-il, mal à l'aise. Ça, il ne faut pas le dire quand Debora sera là. »
Ellen hausse les épaules et tape dans un caillou qui borde le trottoir. Benjamin relève la tête en voyant du coin de l'œil James approcher avec son air constamment bougon.
« Salut p'pa. »
Le garçon s'approche à sa hauteur et penche la tête devant lui. Mû d'une douceur particulière pour James, Benjamin passe sa main dans ses cheveux et lui embrasse la tempe, comme chaque retour de l'école. Et comme chaque soir depuis la rentrée, James fronce les sourcils et le repousse légèrement. Benjamin en tire un peu de tristesse malgré lui. Son fils a grandi trop vite, il a poussé comme un champignon. Hier, il le tenait encore sur son avant-bras, pas vrai ?
« Comment s'est passé votre journée à vous deux ? »
James hausse les épaules en réponse, les mains serrées autour des bretelles de son sac à dos. Le cœur de Benjamin se serre en voyant toujours le léger hématome au coin de l'œil de son fils, souvenir amer de son séjour en colonie de vacances.
Pendant ce temps, Ellen se lance dans un grand monologue de tout ce qu'elle a fait à l'école. Benjamin l'écoute d'une oreille pendant qu'il ouvre la portière arrière de sa voiture. La petite de neuf ans s'engouffre dedans avec son sac aussitôt, sans arrêter sa logorrhée. Ben surveille attentivement que son fils n'ouvre pas la porte de l'autre côté, du côté passager, pendant qu'une voiture passe, puis détourne les yeux quand son enfant s'engouffre enfin à son tour dans le vieux SUV.
« ... et puis là, Will a renversé le plateau de James et pis tout le monde a rigolé, alors moi je savais pas quoi faire, et James il disait rien alors je me suis levée et j'ai crié à Harry que ce n'était qu'un idiot sans cervelle alors... »
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Se débarrasser des vivants, Tome 1 : Poétique d'une civilisation effondrée
FanfictionUne épidémie se propage depuis l'ouest et le sud des États-Unis. La Chute se produit et comme de nombreux survivants Debora se retrouve soumise aux lois de la Nature et à ce virus absurde qui décime la population mondiale. Aussi, lorsqu'elle rencon...