Sylfaen - Tome 1 : Le Phénix

Chapitre 11

Quittant le Pavillon dans la foulée, elles arrivent à une partie du campus qu'Aliyah ne connaît que très peu. Celle qui s'éloigne du bâtiment principal et qui passe derrière le Pavillon de la Nuit et de la Lune, où se trouve un morceau de la forêt. Mais il ne s'agit pas là de la portion dans laquelle elle a l'habitude de se balader ou de courir, ce qui la désoriente quelque peu. Même si, en soit, tous les bois se ressemblent, alors si elle n'a pas tellement exploré ce parcours-ci, l'endroit lui semble quand même familier. Les filles s'y enfoncent, tout en continuant de suivre Naomi, leur guide auto-attitré pour la soirée. Une fois de plus, le ciel est intégralement dégagé, laissant apercevoir les étoiles et la lune à peine décroissante, à croire qu'il n'y a jamais de nuages ici. Mais ce n'est pas pour déplaire à la jeune Lowenski, qui en profite pour savourer discrètement la superbe vue qui s'offre à elles. Celle-ci s'étonne également de sa stabilité, n'ayant encore jamais marché sur un sol aussi irrégulier avec une telle hauteur de talon à ses pieds. Elle ne peut s'empêcher de faire la comparaison avec ses compagnes de route, la sirène en particulier a toujours semblé à l'aise, peu importe la façon dont elle est vêtue ou ce qu'elle a aux pieds.

Après quelques instants passés à marcher ainsi, tout en slalomant entre les arbres, elles finissent par arriver à un endroit où les immenses végétaux s'écartent peu à peu, pour leur laisser accès à un espace libre en leur centre, une clairière. Mais celle-ci semble déserte, ne laissant apparaître que de l'herbe légèrement ballotée par la modeste brise qui traverse les bois. Aliyah hausse un sourcil, surprise, vu l'absence de bruit et de lumière, elle pensait qu'elles étaient encore loin du point de rendez-vous, mais vu l'arrêt marqué par ses camarades, il semblerait qu'elle ait tout faux.

— Vous êtes certaines que nous sommes au bon endroit ?

— Attends deux petites secondes. Il faut d'abord qu'on franchisse le voile et tu pourras constater ça par toi-même.

— Le voile ?

— Une illusion protège la fête. Heureusement d'ailleurs, sinon ça ferait bien longtemps qu'un professeur, ou pire, la directrice, serait venu nous voir. Pas de son, pas d'image. Aucune preuve. C'est la meilleure des solutions pour ne pas se faire prendre.

Cette affirmation lui fait hausser un sourcil, elle ne serait pas si catégorique à leur place. De son point de vue c'est un peu croire que le personnel de l'école était stupide ou incompétent, ce qui, elle a pu le constater à de nombreuses reprises, est loin d'être le cas pour la grande majorité d'entre eux.

— Bien sûr ils pourraient réussir à la dissiper avec un peu de temps et d'énergie, et ainsi nous découvrir. Mais des promotions entières se sont assurées que ce ne soit pas possible en suffisamment peu de temps pour nous empêcher de disparaître également.

Ah, là tout de suite c'est un peu plus clair, même si elle doute du fait que personne du côté des adultes ne soit au courant. Mais bon, c'est que ça ne doit pas tellement déranger si ces fêtes se poursuivent. Tandis qu'elle remercie Elena pour lui avoir donné aimablement quelques explications, Naomi semble se concentrer, à la recherche de quelque chose de précis. Et assez vite, elle finit par se tourner vers ses camarades, leur montrant avec une pointe d'enthousiasme ce qu'elle vient de découvrir.

— Ici. La marque sur cet arbre.

— Ah oui, en effet. Très propre. Il faut la toucher Aliyah, tu y verras plus clair ensuite.

Les imitant, elle effleure du bout des doigts l'entaille en forme de spirale sur l'arbre. Celle-ci est, en effet, assez discrète pour passer inaperçue si on n'examine pas le végétal avec attention, et encore moins si on ne sait pas ce que l'on cherche. Peu importe qui s'est chargé de la faire, cette personne l'a fait avec grand soin, elle le devine sans peine avec le symbole sous les yeux. En un instant, tout change autour d'elles, laissant apparaître ce qui, jusqu'alors, leur était caché. Une forte musique se fait aussitôt entendre, de même que des dizaines d'élèves en train de danser, rire, boire et discuter font leur apparition.