Sylfaen - Tome 1 : Le Phénix

Chapitre 6

Le professeur ne dit toujours rien, l'observant avec un sourire, un air espiègle sur le visage avant de finalement lui tendre une copie dont la note ne l'étonne pas. Depuis le temps, elle a plus que l'habitude d'obtenir ce genre de résultats et puis, elle le sait dès qu'elle rend sa copie le jour de l'examen. Elle a toujours accordé une totale confiance à ses capacités intellectuelles.

— Vous nous cachez vos talents Mademoiselle Lowenski, quel dommage.

Elle hausse un sourcil devant ce commentaire, ne pouvant s'empêcher de se demander ce que le professeur peut bien vouloir dire. Nael, son voisin de gauche, se penche avec exagération pour réussir à lire par-dessus son épaule, ne prenant pas la peine de cacher qu'il cherche à connaître sa note. Elle prend sur elle pour rester impassible et ne pas dissimuler sa feuille, geste qu'elle aurait immédiatement exécuté il y a encore quelques années.

— Un score parfait... Tu connaissais déjà le sujet ?

— Si par sujet tu entends le détail des questions du test et non le sujet général étudié en cours, la réponse est non. J'ai juste un potentiel intellectuel élevé, ce qui, parfois, a certains avantages. Si on occulte le fait que j'appréhende le monde différemment de la plupart des gens, que je suis incapable d'apprendre bêtement et mes TOC bien sûr.

Ne sachant visiblement pas quoi répondre à cela, mal à l'aise, il se tait. Elle regarde par la fenêtre le temps que Mr Kervaillant termine de distribuer le reste des copies corrigées, faisant la joie de certains et arrachant des soupirs à d'autres. Un rendu des notes normal en somme.

— Bon, dans l'ensemble ce n'est pas trop mal, vous avez quelques bases, c'est sûr, mais si certains d'entre vous se démarquent...

Comme s'il se sentait le besoin d'en rajouter, elle le vit appuyer sa remarque d'un regard dans sa direction avant de poursuivre.

— ... ce n'est pas le cas de tous. C'est pourquoi je vais tout faire pour y remédier et vous aider au mieux à progresser.

Elle pousse un soupir. Il ne peut pas ignorer ses résultats et la traiter comme tous les autres ? Histoire que ça lui arrive au moins une fois dans sa vie. Apparemment non. Elle voit déjà certains lui jeter des regards en coin, lui faisant lever les yeux au ciel. Pourquoi ils semblent surpris ? Ce n'est pas comme s'ils n'avaient pas l'habitude, elle a toujours eu d'excellents résultats et ne s'en cache pas particulièrement. Elle laisse échapper un nouveau soupir, lassée, puis croise ses bras sur sa table avant de poser son front contre celle-ci. Mais à peine fait-elle cela qu'elle sent une main froide lui tapoter doucement le bras.

— Hmmm ?

Très élégant. Si sa grand-mère l'entendait répondre ainsi, en plus de sa façon de se tenir actuelle, elle se prendrait un sacré savon avant d'avoir droit à quelques cours d'étiquette supplémentaire. Emeraude Lowenski ne plaisante jamais avec l'image que sa famille doit renvoyer. À vrai dire, elle ne plaisante jamais de manière générale, pour le plus grand malheur de ses descendants. Cette pensée suffit à lui arracher une grimace.

— Aliyah, lève la tête.

C'est en grommelant qu'elle obtempère, avant de pousser un petit soupir lorsqu'elle tombe nez à nez avec le visage de Naomi, qui s'est retournée pour lui faire face. Il n'y a pas à dire, sa camarade renvoie toujours une apparence soignée, peu importe la situation. Là maintenant, simplement vêtue de l'uniforme et assise sur sa chaise dans cette salle de classe, elle se montre quand même très élégante, c'est indéniable.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Tu sais que ce n'est pas une école normale ici, rassures-moi ?