Chapitre 5 : Notre inhérence

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Ce chapitre vient clore ceux concernant le Triumvirat avec un portrait de leur mentor ; la Tristesse. Son règne ne se limite pas à nos profondeurs, loin de là. Même les bienheureux ont leurs démêlés, car tout le monde y est soumis, seules l'intensité et la fréquence nous différencient. Je la comparerais à une molécule composant l'air : invisible, inodore et intangible, nous l'ingérons pourtant à plein poumons. J'irai même jusqu'à dire qu'elle est aux Hommes ce que le boson de Higgs est à la matière, fixant les peines aux expériences pour tisser notre vécu.

Traiter la Tristesse dans sa globalité s'avère délicat, tant ses états pullulent et varient d'une situation à l'autre. Je vais donc m'attarder sur ceux qui, me concernant, sont les plus problématiques, tout en développant ses machinations et son interconnexion avec les différents concepts. Car il y a d'autant plus à dire sur ses relations avec les Dieux de l'abysse qu'ils sont sa marionnette ; elle tire les ficelles des tireurs de ficelles ! Si nous ressentons de la Haine envers notre environnement, c'est en réponse à une Tristesse lancinante qui enfante la frustration de notre état, elle-même génitrice de la jalousie. Et par la Négativité qui fait tourner cette roue, voici que l'on atteint déjà la Haine. Chaque force renforce les autres, parfois même en créant de nouveaux maux à partir des sentiments déjà présents.

Tout faiseur de mal pleure donc une gangrène de son être par des malheurs qu'il ne parvient plus à guérir. Par la violence de ses échecs, de ses fautes ou de tout autre déclencheur de son état sur sa conscience et sa subconscience, il va projeter son amertume sur le monde. Tout le ramènera à ce qu'il fuit, car il cherche à fuir sa propre personne : au fond, c'est lui qu'il déteste, ou plutôt la façon dont il se considère. Il voit en ce qu'il hait des projections de ses traits, des miroirs que la fosse a enténébrés. Cela ne disculpe aucunement le malfaiteur, mais comprendre l'origine de ses agissements représente la première étape du pardon et favorise le recul. Je pense que la clé de l'élévation est la compréhension de soi et de nos sentiments, mais aussi des autres, car nous sommes en partie un produit de notre société. Ainsi faut-il chérir et tuteurer chaque repère qui puisse développer notre lucidité.

La Tristesse induit donc un profond sentiment de dévalorisation de notre personne. Ce processus s'articulant de la même manière que celui de la Négativité, les façons de le contrecarrer restent donc sensiblement pareilles. Comprendre comment la Tristesse nous nuit fait déjà avancer la guérison. Puis, une fois ce recul atteint, la confiance en soi devra être cultivée progressivement et empiriquement. Rien ne sera acquis du jour au lendemain, de même que se risquer à de grandes enjambées ne ferait qu'ébranler notre posture. Car si les mauvaises habitudes s'installent aisément, les bonnes, elles, rechignent toujours à prendre possession de leur nouveau foyer. Pour se délier de la Tristesse incapacitante de l'abîme, il faut donc (re)trouver de l'assurance. Et cela passe nécessairement par l'expérimentation des faubourgs de sa zone de confort qui, à l'instar d'un estomac, est extensible. Le cycle de la Tristesse l'a confinée, mais des petites nouveautés et défis au quotidien lui rendront son domaine d'antan, voire d'autres territoires encore. Bien sûr, cela doit rester un minimum agréable, dépendamment des activités appréciées et de l'état psychologique de la personne. Enfin, il est important de considérer chacune de ces petites victoires comme telles, en se répétant autant que nécessaire : « Je l'ai fait, j'en suis capable ! ». 

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