Chapitre 8 : Ostracisme conscient

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Pour faire écho au chapitre précédent, il me semble important d'explorer brièvement un autre aspect de la Marginalité dans une situation où elle est volontaire. En conséquence d'un parcours de vie tumultueux ou par une personnalité atypique, certaines personnes doivent s'aventurer hors des sentiers battus. Et il y a mille et une sorties au moule social, certaines plus excentriques que d'autres. Quelle qu'elle soit, le risque inhérent reste le même : le mépris du peuple.

La Marginalité peut revêtir plusieurs visages, et se fondre autant dans des comportements que dans des activités. Par exemple, la solitude volontaire, le nomadisme, les emplois insolites et l'intérêt très prononcé pour un art auront beaucoup de chances de susciter des interrogations. Des réactions majoritairement bienveillantes ou ingénues, mais il se peut que voir des personnes assumer pleinement leur spécificité engendrent de l'aigreur, voire de la désobligeance chez certains. Le phénomène psychologique importe peu - si ce n'est dans le processus de compréhension d'autrui qui sert à désamorcer la Haine, mais je pense qu'une telle réaction provient justement d'un mélange de Haine et de Tristesse. Comme développé au quatrième chapitre, il est possible que la personne voie dans le marginal un reflet de ses propres échecs. Peut-être désire-t-elle, elle aussi, s'affirmer pleinement quitte à s'exposer à la foule affamée, mais qu'elle ne s'en croit pas capable. Et de la tristesse de cet étouffement naît la Frustration, qui enfante à son tour la Haine de ceux qui y parviennent.
Assumer sa marginalité peut également poser problème dans la sphère familiale et amicale, mais pour des raisons différentes. L'on redoute toujours l'inconnu et ce qui nous dépasse, il est donc normal d'entendre des réflexions nourries par l'incompréhension de la part de nos proches. Si nous n'avons aucun compte à rendre au peuple, prendre la peine de rassurer et d'informer ceux qui comptent pour nous est en revanche grandement constructif.

Et si la singularité reste périlleuse à assumer,les bienfaits d'une telle prise de risque valent cet effort. À quoi bons'engourdir l'existence par complaisance ? Pourquoi vivre à travers le regarddes autres ? Oui, le moule social est bien plus confortable. Oui, seull'habitude permet de nous acclimater au regard pesant des autres, et il resteratoujours là. Mais que vous croyiez en un Dieu ou au Grand Vide, il n'y a guèrequ'ici-bas que vous pourrez dissimuler votre marginalité. 

Guide pour Âme briséeWhere stories live. Discover now