Entamons notre exploration des concepts secondaires qui, à défaut d'être prédominants, sont très nombreux et plus spécifiques. Parmi les serviteurs coriaces de la Tristesse, deux risquent de poindre soudainement : l'Angoisse et sa petite sœur, l'Anxiété. On peut les décrire en les comparant à un stress exacerbé qui s'unirait à une peur viscérale, presque instinctive. Plusieurs symptômes physiques tels que des nausées, des maux de tête, de la tachycardie et des sueurs froides apparaissent aussi, dépendamment des personnes. Si je différencie l'Angoisse de l'Anxiété, c'est que leur fonctionnement diverge. L'Anxiété est lancinante, un mal-être prolongé malgré tout supportable comme le serait un état fébrile. Mais l'Angoisse perfore subitement tel l'estocade, pouvant aller jusqu'à tétaniser le martyr. Heureusement, si l'intensité est multipliée, sa durée se retrouve au contraire fortement réduite. L'on parle alors de « Crise d'Angoisse ».
Ces deux tares ne viennent pas nécessairement bras dessus bras dessous, mais elles sont cumulables. Me concernant, j'ai souffert – et souffre encore – de ce duo. L'Angoisse m'a percé la première, sans crier gare et sans se présenter. Mes pensées s'accélérèrent, mon environnement se referma sur moi, je crus pouvoir perdre le contrôle de mon corps d'un instant à l'autre et devenir fou. La crise dura quelques heures puis l'anxiété prit le relais : « Qu'est-ce que c'était ? », « Est-ce que ça va revenir ? » et le classique « Suis-je devenu fou ? ». Pendant la période la plus infernale, je me couchais l'esprit focalisé sur une pensée angoissante et me réveillais avec elle. Je devais également en rêver, car il me semble qu'elle me revenait à l'esprit avant même que je n'ouvre les yeux. D'un jour à l'autre, ce couple a envahi ma conscience et se passe désormais le témoin.
Chaque angoisse ou état anxieux proviennent d'une source tangible, d'une peur que des ruminations couplées à un état psychologique favorable ont rendue ingérable. Leurs origines se distinguent en deux catégories ; les peurs rationnelles, et les peurs irrationnelles. Comme leur nom l'indique, l'une porte sur des événements probables, par exemple la perte d'un proche ou la crainte de l'échec, et l'autre sur des scènes absurdes. Pour cette dernière, tout est envisageable, même s'il semble y avoir des tendances : peur de perdre le contrôle de soi-même (phobie d'impulsion), peur d'être pédophile, peur d'être homosexuel ou encore peur de vouloir se suicider. Elles sont d'autant plus violentes qu'elles répugnent le névrosé qui ira jusqu'à se questionner sur sa propre sanité. Elles semblent s'articuler autour tout ce qui est immoral, blasphématoire ou indécent, en bref l'angoisse de choquer, la peur du qu'en-dira-t-on. Cela dit – et bien que le risque soit réellement perçu par la personne, le risque de réalisation des peurs irrationnelles est inexistant. De même qu'il est important de noter que tout le monde est sujet à des pensées morbides et parasites, aussi elles ne définissent en rien une personne ou ne pousse à agir contre son propre gré.
Qu'elle soit rationnelle ou irrationnelle, la pensée angoissante n'est qu'une pensée parmi les centaines qui éclosent et fanent en boucle au cours de la journée. Ce qui la rend puissante, c'est uniquement l'appréhension qui lui a été attribuée. Tant qu'elle sera perçue comme une menace, elle ressurgira en boucle, car le cerveau est fait pour se méfier des dangers. La libération passe donc par la déconstruction de l'importance qui lui a été greffée. Afin d'ajouter des exercices concrets à la théorie, je recommande vivement de consulter un professionnel de la santé (psychothérapeute ou psychologue idéalement), afin d'être accompagné dans ce long processus. Beaucoup d'étapes entrent en ligne de compte telles que l'identification de l'origine des pensées angoissantes, leur résolution et la guérison à long terme. Etant donné la complexité du sujet, être accompagné dans cette épreuve représente selon moi une vraie ressource supplémentaire.
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Guide pour Âme brisée
Teen FictionLes engrenages de la vie en viennent parfois à briser certains malheureux. Dans cet état, la motivation générale disparaît, les sentiments s'essoufflent et les projets deviennent de lointains idéaux. Mais le vide ne peut le rester, et l'Âme du margi...