22. OK Google, comment disparaître de la surface de la Terre ?

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You're beautiful babe
You're really something

The Internet - Come Over

SOLAL

Ce matin, je suis réveillé par les travaux de rénovation. Après m'être étiré, je repousse un peu la couette et consulte mon téléphone. J'ai trois textos. Le premier est de Ryan qui me rappelle que le jeu Evil Inside sortira dans six jours, et les deux autres sont d'un numéro inconnu. Pas besoin d'une boule de cristal pour deviner qu'il s'agit de William. Je n'arrive pas à croire qu'il ait conservé mon numéro, alors que j'ai toujours refusé d'enregistrer le sien.

Inconnu : TOI ET TA SŒUR, JE VOUS EMMERDE !

Inconnu : ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE COMME LES BÂTARDS QUE VOUS ÊTES !!!

Je tique un peu devant « bâtards » avant de bloquer son numéro. Pourquoi ça me surprend ? C'est du William tout craché. Plein de finesse et de poésie. Sofía m'a dit qu'il avait plusieurs fois utilisé cette insulte à son encontre, quand « salope » ne lui suffisait plus.

Fatalement, ses deux textos me font penser à notre entrevue de la veille. Je me revois perdre mon sang-froid et lui coller un coup dans la mâchoire. Ma colère était telle qu'elle m'empêchait d'agir avec discernement ; tout ce que je cherchais, c'était lui faire ravaler son sourire hautain et ses paroles cruelles. Je sais que je n'aurais pas dû me laisser submerger par la colère, car c'était exactement ce que William cherchait. Mais c'était trop difficile. Je ne suis pas un saint et je n'aurai jamais la prétention d'en être un. Mon self-control a des limites, comme tout le monde, et William les a dépassées.

Même si j'aurais préféré que Jaleesa reste en dehors de tout ça, je suis reconnaissant qu'elle ne m'ait pas laissé tomber. Elle a su rester raisonnable et m'a tiré d'un potentiel bourbier.

Je tourne la tête vers elle. Encore endormie, elle ronfle comme une forge et je trouve ça adorable. Pour une raison que j'ignore, elle a changé de position durant la nuit, préférant dormir à l'envers. Elle est recroquevillée sur elle-même, et la couette ne la recouvre même pas, alors que je m'étais assuré du contraire avant de m'endormir. La pauvre a dû mourir de froid toute la nuit. Je soulève la couette avec douceur et la couvre avec. Mais ça serait sous-estimer les réflexes de Jaleesa. Avec un grognement, elle balance sa jambe en l'air pour dégager la couette. Son coup est si rapide que je ne parviens pas à l'esquiver : je me prends son pied en plein dans le nez.

— Putain ! gémis-je.

Une douleur irradie alors et Jaleesa se réveille en sursaut à cause de l'impact. Elle se redresse, remarque que je me tiens le nez en grimaçant. Il ne lui faut pas plus de trois secondes pour comprendre ce qui vient de se passer. Son expression endormie passe au désarroi. Elle me rejoint et attrape mon visage entre ses mains en s'excusant à profusion.

— Pardon, pardon, pardon, je ne voulais pas ! Je suis désolée !

Dans son élan, elle s'est assise sur moi, ses jambes de part et d'autre des miennes. Mon corps me trahit aussitôt : un frisson remonte le long de mon échine alors que mon cœur tressaute dans ma poitrine.

Eh merde.

La gorge sèche, je détourne le regard pour ne pas croiser le sien, gêné. Je déteste l'effet qu'elle me fait, là, tout de suite. Et la façon dont mon corps réagit au fait qu'elle soit si proche.

Jaleesa remarque que je me suis raidi et libère mon visage. Après ce qui me paraît être la seconde la plus longue de ma vie, elle réalise dans quelle position nous nous trouvons. Elle se décale alors avec violence comme si elle avait été brûlée.

His new beginning [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant