14. Le malaise

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I go from high highs to low lows, yeah
High highs to low lows

Lolo Zouaï - High Highs to Low Lows

SOLAL

Aujourd'hui est un mauvais jour.

Il vient à peine de commencer et j'ai déjà hâte qu'il se termine. J'ai l'impression qu'un tintamarre résonne dans ma boite crânienne. Sans grande surprise, j'ai très mal dormi et la faute me revient entièrement. J'ai passé la nuit à tourner en rond dans mon lit, ressassant les paroles que j'ai prononcées et comment je me suis mêlé de ce qui ne me regardait pas. Depuis que je me suis couché dans mon lit, je n'ai fait que fabriquer des scénarios à l'issue différente de la veille, des scénarios où je me taisais quand j'en avais encore la possibilité.

L'alcool est sournois. Il délie si facilement la langue qu'on se retrouve à dire des choses que l'on n'aurait jamais dites en étant sobre. Hier, je suis allé trop loin. J'ai jugé Jaleesa sans vergogne, en négligeant quelque chose de fondamental : elle est sa propre personne et je suis ma propre personne. Comment j'ai pu penser, un seul instant, que je pouvais la connaître mieux qu'elle-même ? Je me suis basé sur mes observations pour la juger mais je ne suis pas dans sa tête. Ce que je viens de dire est l'évidence même, mais mon esprit était sous l'influence d'un excès de connerie, hier. Cette piqûre de rappel était plus qu'impérative.

Je jette un œil à Alfredo qui dort près du lit, puis à mon téléphone qui indique cinq heures passées. De pire en pire. Au train où vont les choses, je pourrais bientôt rivaliser avec les coqs qui chantent (ou coquelinent quand on veut être très précis comme Diego) dès les premières lueurs de l'aube.

Mes maux de crâne sont si intenses que me forcer à dormir ne mènera à rien. Comme si ce n'était pas assez, mon corps a aussi décidé d'en faire des siennes : il est lourd et engourdi, vide de toute énergie. Je ne suis même pas sûr d'avoir la force de quitter mon lit.

Après avoir longuement bâillé, je me frotte les yeux. Je ne supporte pas d'être dans un état proche de l'apathie. Ne rien faire est une perte de temps, il faut que je bouge avec ou sans la coopération de mon corps. Au prix d'un effort presque surhumain, je repousse alors les draps et pars dans la salle de bain. Je prends une douche glacée, espérant je ne sais quel miracle. La fatigue se fait néanmoins toujours ressentir quand je termine ma douche. En prime, je grelotte.

Dans la cuisine, j'avale un cachet d'aspirine. J'ose espérer que mes maux de crâne se seront calmés d'ici le début du service. Autrement, je ne sais pas comment je pourrai bosser dans un état pareil. Et je vous arrête tout de suite : je ne suis pas du genre à dramatiser quand je ne me sens pas bien. Au contraire, je suis de ces gens qui sous-estiment leurs symptômes jusqu'à ce qu'ils se retrouvent à vomir minablement dans une poubelle, sur le quai d'une gare, en pleine heure de pointe – oui, ceci était bien une anecdote personnelle.

Aujourd'hui, c'est différent. Peut-être est-ce la fatigue que j'ai accumulée ces derniers temps, peut-être pas. Peut-être est-ce les effets secondaires de l'alcool combinés à mon estomac vide, peut-être pas. Toujours est-il que je n'ai jamais été aussi lessivé de ma vie.

— Ça va passer, murmuré-je en me massant les tempes. Ça passe toujours.

Mon téléphone vibre contre ma cuisse. Je dois m'y reprendre à deux fois pour lire le texto de Sofía et surtout, l'assimiler.

Sofía : Mes amis sont surexcités à l'idée de te voir après les cours. Je leur ai dit de se calmer parce qu'ils risquent de te faire fuir.

Moi : Je les comprends. Je serai aussi surexcité à l'idée de me rencontrer.

Sofía : Je me demande vraiment pourquoi tes chevilles n'ont toujours pas la taille de 2 ballons de basket.

His new beginning [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant