Lgdc°.•☆ 4 saisons forment 1 puissance. Tome 1: La Bête { TERMINÉ }

Chapitre 14 (partie 3)

Média: Étoile de Pivoine

Étoile Dorée se redressa lentement. La chef du Clan du Printemps continua de son ton impétueux et sans appel.

" Il me semble que tu as des comptes à me rendre."

Le destinataire de ces paroles nia dans un premier temps les faits, ce qui énerva Étoile de Pivoine. Elle cracha, acerbe:

" Mon clan souffre par votre faute. Tu nous a attaquer sans preuves tangibles des accusations que tu portais sur notre compte. Il s'est, de plus, avéré rapidement que tu avais tord et que, par conséquent, cette attaque avait été vaine et sans fondements."

Étoile Dorée ouvrit la gueule pour protester mais elle ne lui en laissa pas le temps.

" J'exige des dédommagements!"

Le chef du Clan de l'Automne sembla vivement réfléchir aux conséquences si il refusait cette sentence. Il arrêta pourtant ses plans de rébellion lorsqu'il s'aperçut qu'Étoile de Mousse soutenait vivement la femelle. Étoile Frileuse, quand à elle, ne semblait pas concernée par le débat et tous savait qu'elle ne prendrait aucun parti, préférant opérer seule et pour son propre compte où lorsque l'issue lui était bénéfique. Étoile Dorée avait donc un désavantage numérique face à ses adversaires. Cette simple pensée sembla le dissuader de tenter tout affrontement.

" Ma chère Étoile de Pivoine. Je ne vois pas en quoi je pourrai t'aider. Vous n'avez subis aucune perte dans cette bataille. Pourrai-je en dire autant des guerres que vous avez mené contre nous dans le passé?

- Tu n'étais même pas encore guerrier à l'époque. Pas plus que moi d'ailleurs. Je me fiche éperdument de ce qui a pû advenir il y a de cela déjà de nombreuses lunes. Tout ce qui m'importe est l'instant présent.

- Je comprend ta colère mais ne vous est-il jamais arrivé de faire des erreurs. Nous avons manqué de jugeote mais cela ne se reproduira plus.

- Je me fiche de tes excuses. Tu peux les garder pour toi. Contrairement à toi, je n'aurai jamais fait front à un adversaire avec la saison la plus rude arrivant à grands pas. Maintenant, nous n'avons plus de tanières où nous abriter du froid. Oracle des Fleurs est débordée avec nos blessés et ceux-ci ne peuvent plus chassés. La famine s'installe et s'y nous n'intervennons pas rapidement, mon clan entier sombrera dans un chaos mortuaire.

- Cela ne relève plus de mon problème. J'ai un clan à gérer tout autant que toi et je ne vois pas en quoi ton affaire de famine nous concerneraient.

- Je ne le répéterai pas une seconde fois Étoile Dorée, je veux un dédommagement."

Avant qu'Étoile Dorée ne puisse rappliquer, Étoile de Mousse tenta de mettre un terme à ce mésaccord.

" Que proposes-tu comme "dédommagement" Étoile de Pivoine?

- Je me suis mise d'accord avec mon lieutenant, Moustache de Lièvre, sur ce que nous voudrions de votre part.

- Nous t'écoutons.

- Une lune entière de services. Tous les jours, nous recquisitionneront un guerrier du Clan de l'Automne afin qu'il vienne sur notre territoire et qu'il dépense son énergie à reconstruire le camp ou bien à chasser pour nous.

- Serais-tu devenue sénile Étoile de Pivoine? Jamais je n'accepterai ce marché. Feula Étoile Dorée.

- Pourtant il est équitable et ce serait la moindre des choses que de l'accomplir." Argumenta Étoile de Mousse.

Devant l'insistance des autres chefs et la raisonnabilité du pacte, Étoile Dorée céda finalement.

" Très bien. Une lune, pas plus, pas moins."

Il sauta par la suite de l'Arbre Centenaire et se dirigea, bouillonant de rage vers la sortie de la clairière. Son clan le suivit en silence et Étoile de Pivoine ajouta à l'intention du meneur:

" Vous commencerez dès demain."

Étoile Dorée feula sans modération et s'en alla, la queue haute et gonflée. Nuage du Zéphyr ne prit pas la peine de dire au revoir à ses amis. Elle aussi se sentait visée mar cette mesure et elle n'aimait pas la tournure dominante qu'avait prit le clan adverse sur le sien. Elle les trouvait déjà bien culottés de démander des réparations alors que la guerre avait toujours fait partie de leurs vies. Ce n'était pas un acte jugé interdit par le Code du Guerrier.

Le retour au clan se passa dans un mutisme pesant tant il était lourd et prêt à exploser à la moindre nouvelle contrariété. Un filet de lumière blanche nappa la troupe et leur tint compagnie dans cette marche aux allures macabres. La présence d'un douce fourrure grise lappa le flot de pensées amères de Nuage du Zéphyr. Nuage d'Argent regardait droit devant lui avec un sérieux qui ne lui était pas habituel. Pourtant, sans même se regarder la présence de l'un apaisait l'autre. Cette unique idée troubla la jeune chatte mais elle tenta de ne pas y prêter trop d'attention pour le moment.

Pour faire évacuer ses lugubres pensées, elle épia les moindres détails de l'environnement dans lequel elle avançait: les filons soyeux d'un toile d'araignée recouverts de gouttes scintillantes, figées avant leur chute. Une flaque d'eau où s'était déposée une fine pellicule de glace mais par laquelle les étoiles continuaient de se refléter. Des roches poudrées par une neige immaculée. La terre meuble pailletée par le givre en d'innombrables poussières d'étoiles.

Si le paysage était riche d'une beauté glaciale, la vie animale s'était retirée pour se faire oublier jusqu'au retour des fleurs colorées et des pépiements joyeux des oisillons.

Le camp se rapprochait à une vitesse extravagante, si bien que lorsque Nuage du Zéphyr releva la truffe, certains de ses camarades traversaient déjà le buisson épineux de l'entrée du clan. La plupart des autres chats allèrent annoncer les décisions prises à l'Assemblée mais pour sa part, Nuage du Zéphyr était bien trop fatiguée pour s'éterniser sous les douces bourrasques de l'extérieur. Elle s'éclipsa jusqu'à la tanière des apprentis où dormaient déjà Nuage d'Olivier, Nuage d'Hérisson et Nuage Symphonique. Elle s'installa près de la femelle aux yeux blancs et ferma les yeux.

Les exclamations dehors la berçait et il ne lui fallu pas longtemps pour se mettre à somnoler, en équilibre sur le fil de la conscience. Elle sentit ce fil s'amenuir sous ses pattes, en même temps que l'attraction se faisait plus forte dans les néants de l'inconscience. Bientôt, plus rien ne pû la retenir et elle chuta, tête la première dans le gouffre du rêve et de l'iréel. Pourtant, les abîmes censées être interminables l'amenèrent à un endroit qui lui était maintenant famillier. Elle se sentait aspirée vers ce trou noir inquiétant. Au lieu de lutter, elle laissa la voix venir la chercher et ne résista pas lorsqu'elle la convia au seul endroit capable de lui faire perdre tout sens de la raison. Le territoire du Clan des Étoiles.