Chapitre 5

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Ariette en crevait d'envie, mais était-ce une bonne idée ? Le Darmüs avait l'interdiction de lui faire du mal alors que se passerait-il si elle posait sa main dans la sienne ? Son cœur battrait sûrement à tout rompre, elle frissonnerait sous la chaleur du démon, elle adorerait ce contact si doux, si chaud. Sa main se leva d'elle-même pour aller au contact de celle du démon, bientôt ils se toucheraient.

Rose arriva en trombe dans la pièce, la comtesse en sursauta avant de reprendre sa main et la poser sur sa poitrine. Le regard de la servante était sévère.

« La comtesse a besoin de repos. »

Déclara-t-elle et Ariette sut que ce n'était qu'un prétexte. Elle souhaitait éloigner le démon d'elle. Alors qu'il n'avait rien fait. Son chat avait raison, il feulait sur Rose, pas sur le Darmüs. Il préférait le soit disant mal à Rose qui était supposée prendre soin d'elle.

Ce n'était pas normal que l'animal ait agi ainsi, et que Rose l'ait tué. Oui, le chat l'avait encouragé à manger de la viande crue, mais Ariette ne comprenait pas le comportement de la servante. Le démon sortit de la pièce, sa queue fouetta l'air proche de la blonde pourtant il ne lui fit aucun mal. Il ne la toucha pas, il ne le ferait pas devant elle, devina Ariette qui, à présent, semblait de mieux en mieux le comprendre.

Pourquoi Rose n'avait-elle pas comprit l'importance de la situation ? Ariette n'avait jamais été en danger quand elle était avec le Darmüs. Jamais. A certains moments, la comtesse voyait son union comme une bénédiction. Elle n'avait plus à travailler la terre, elle était nourrie et logée gracieusement et son mari ne lui demandait rien, pas le moindre compte, pas le moindre travail. Autrefois paysanne, Ariette devait avouer qu'elle se complaisait affreusement bien dans ce confort soudain. Elle ne le devrait pas, elle le savait, mais sa logique avait disparue il y a longtemps et elle ne se concentrait désormais seulement sur le temps présent.

La servante s'approcha d'elle, souriante. Comment osait-elle sourire après son meurtre ? Comment osait-elle lui sourire à elle ? Rose venait de détruire son seul bonheur, son seul réconfort de la maladie et des cauchemars. Ariette ne parvenait pas à réfléchir convenablement, son cœur était empli de colère et de rancœur. Elle souhaitait faire subir à sa servante le même sort qu'elle avait fait au chat. Elle souhaitait lui donner des coups jusqu'à ce qu'elle supplie.

Ce sourire lui donnait la nausée. Ariette avait souri pour le chat, de ses ronronnements ou de sa douceur, elle ne sourirait pas pour Rose. Elle n'en n'avait pas la moindre envie. Si elle avait tué un chat, qui sait ce qu'elle pourrait faire d'autre ?

« Je vais me reposer Rose, réveille-moi pour le souper. »

Et elle se glissa sous les couvertures. Elle ignora l'air triste de la servante qui pensait sûrement avoir fait une bonne action. Ariette ne lui pardonnerait jamais.

Elle revoyait le chat se transformer en bouilli sous ses actions brutales et violentes. Elle l'entendait hurler et c'est comme si elle ressentait ce qu'il avait ressenti. Elle pouvait presque sentir ses os se briser sous les chocs successifs mais surtout, elle se sentait complètement impuissante. Jetée comme un vulgaire déchet jusqu'à sa destruction totale. Ariette aimait sa chambre, mais comme elle était en hauteur, elle ne pouvait pas se glisser à l'extérieur discrètement. Rose surveillerait sûrement l'entrée, pour veiller à ce qu'elle ne s'échappe pas pour se promener comme elle avait prit l'habitude de faire.

Son chat était mort, à quoi bon désormais vouloir regarder le paysage sans sa présence rassurante ? Comment pourrait-elle s'endormir ce soir, sans lui ? Son ronronnement lui manquait, sa douceur et sa tendresse. Elle sourit, ses cadeaux qu'elle ne mangeait jamais aussi. Etait-elle inquiète d'avoir mangé un corps cru ? Oui et non. La sensation de perdre le contrôle sur son propre corps l'effrayait, elle n'avait été pendant un moment que pur instinct, son esprit se retirant alors. Etre enfermé dans son propre corps ... ce n'était pas agréable.

Coeur d'or (Première Version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant