Coeur d'or (Première Version)

Chapitre 7

Comment pouvait-elle posséder une magie ? Elle était humaine ! Mis à part les mages de la cour, personne n'en possédait. C'était une chose inconcevable. Et pourtant ...

Elle le ressentait juste là, sous sa peau. La sensation était bizarre, étrange et la laissa pantoise.

« Que ce que c'est que ça ? Expliquez-vous ! »

Ordonna-t-elle les larmes aux yeux d'incompréhension.

« Votre magie. »

Il saisit sa main et elle ne put le rejeter ni se dérober à son mouvement. Elle lâcha un gémissement qu'elle ne contrôla pas sous la chaleur qui lui caressa le cœur, l'âme. C'était intense, de nouveau, elle était son jouet, à cet instant précis, il aurait pu faire tout ce qu'il voulait d'elle qu'elle le laisserait faire. Ariette avait peur. Son cœur battait à tout rompre. Qu'allait-il lui faire ? Elle se souvenait de Rose qui la regardait de ses yeux vides, elle aurait aimé ressentir le vide de la mort. Ses émotions étaient trop puissantes, ça la tuait de l'intérieur ! Ce meurtre lui laissait des remords immenses, et cet homme faisait naître en elle un désir qu'elle ne voulait pas assouvir. C'était un désir charnel et malsain, elle ne voulait pas se livrer à lui aussi facilement. Mais il était si beau, si tendre, si chaud. Elle se mourrait de froid sans cette main sur la sienne.

Cela voulait-il dire qu'elle n'était plus humaine ? Qu'elle était tout autre chose ? Qui était-elle ? Désormais, elle était comtesse mais aussi meurtrière. Elle n'était plus la jeune Ariette toute innocence qu'elle avait été. Cette Ariette là était morte le jour de son mariage et elle n'avait fait que s'enfoncer toujours plus dans les ténèbres au fil des jours qui passaient. Ce n'était pas de la faute des cauchemars, et pas de la faute de cet endroit, c'était de sa faute. Uniquement et seulement sa faute. Elle était un monstre.

Elle était comme lui. Comme lui qui avait tué les siens, comme lui qui était un monstre. Il pourrait être aussi tendre qu'il le voulait avec elle, c'était un meurtrier, un assassin. Pourquoi avait-elle tant insisté pour venir le voir ? Elle regrettait ...

Dans la forêt, elle avait été loin de tout, loin de ses remords, loin de tout ce qui se passait ici. Son chat était resté avec elle et pendant de nombreux jours, il n'y avait eu qu'elle dans les bois. Ça lui avait fait un bien fou et elle avait bien tout oublier de son acte atroce. Elle s'était comportée comme si elle n'avait jamais tué personne. Son retour au château ravivait cruellement ses remords. Rose avait eu une famille et avait voulu son bien-être en l'éloignant du château et elle ... elle avait utilisé la magie sur elle et l'avait tué. Rose l'avait certes menacé, mais elle ne méritait pas la mort pour autant. Personne ne méritait la mort.

« Elle vous aurait tué.

-Qu'en savez-vous ?

-Je lis les cœurs, elle ne vous a jamais aimé.

-Ca ne justifiait pas ...

-Ca justifiait tout. Je l'aurais tué si vous ne l'aviez pas fait et c'est dans notre nature même que d'écouter notre instinct.

-Je ne suis pas comme vous.

-Vous êtes mienne et je suis votre. »

Il s'agenouilla devant elle et Ariette s'en sentit mal à l'aise, elle remarquait aussi que c'était la première fois que le démon lui parlait aussi longuement. Et Ariette pouvait percevoir son cœur obscur dans sa poitrine, un cœur de ténèbres et de malin. Elle aurait voulu le trouver horrible, pas à son goût comme toute bonne humaine, mais elle le trouvait affreusement fascinant et magnifique. Elle n'arrivait plus à se cacher la vérité, elle aimait les ténèbres, les ombres, le malin.