Après avoir pris une douche relaxante, Elysabeth hésite. Doit-elle rappeler sa mère ? Pour être honnête avec elle-même, sa mère ne lui manque pas du tout et elle ne se sent même pas triste de cela.
Elle se jette. Tout à l'heure, elle s'est jetée plus fort dans cette rivière. Elle a sûrement moins hésité. Elle a la sensation de renouer avec le cordon ombilical.
Il y a tellement de nœuds. Il y a en a jamais eu autant.
Elle pense à son père, à ce diable d'amour, à sa sœur, à Dieu, appeler sa mère, courir après sa sœur. Papa. Eve.
Chaque pensée n'est jamais là par hasard.
Tess... Tess a gagné... Tess se cloue et se transplante sous ses paupières. Elysabeth est dans une boîte, échouée en pleine tempête. Tellement d'émotions différentes et contraires la traversent.Son téléphone sonne à nouveau.
_ Allô Elysabeth ??
_ Oui...
_ Dieu ! Enfin tu réponds ! Ça fait des semaines que tu ne donnes pas signe de vie !
_ Si tu m'appelles pour me faire des reproches... Papa va bien ? Il se passe quelque chose de grave ?
_ Je suis ta mère Elysabeth. Je m'inquiète pour toi. C'est déjà si compliquée avec Eve...
_ Hm. Je m'en sors très bien... Pour Eve... Papa est ok ?
_ Tu lui manques terriblement. Il est malheureux. Il a beaucoup perdu de poids. J'ai peur qu'il ne tombe malade.[Elysabeth souffle longuement]
_ Tu rentres quand ?
Elysabeth sait que son père est derrière cet appel... Sa mère est incapable de prendre ce genre d'initiative.
_ Je ne rentre pas, tu le sais.
_ Mais tu te plais dans cet endroit horrible ?!
_ Je... Le travail est intéressant... ("Il y a Tess... Elle est entrée dans ma tête. Elle persécute mes neurones. Elle me persécute tout court. J'ai voulu la sauver. Moi, cette peureuse, moi cette lâche, j'ai voulu la sauver mais elle n'était pas à sauver. Je sauve quoi. Dis-moi est-ce que c'est normal de se sentir comme ça, d'avoir peur de quelqu'un comme ça. Toi, tu es comme Eve. Moi, je suis comme lui. Les gens me font peur. Les gens comme ça, comme elle me terrifient. Ils sont trop vivants. Et Eve dit que Jésus est mort. Il n'est pas vraiment mort. Sa mort est une image.")
_ Ton père t'a trouvé un fiancé, quelqu'un de très bien. Avec ce mariage, tu n'auras plus besoin de rester là où tu es.
_ Quoi ? Un mariage...
_ C'est Jésus qui a envoyé un signe à ton père, Elysabeth.[Ça coupe l'herbe sous son pied.]
_ Elysabeth ? Dis quelque chose. Tu auras le poste que tu veux, que tu as toujours voulu.
("Je n'ai jamais rien voulu. Je ne sais pas ce que je veux.)
("Tess... Tess... Tess")Elle raccroche au nez. Un mariage... Et quels signes ! Est-ce que ce n'est pas à elle de les voir ces signes? Comment un homme qu'elle n'a jamais vu pourrait être l'homme de sa situation, l'homme de sa vie ? Est-ce que si elle l'avait vu, elle serait tombée amoureuse, un coup de foudre ? Ça fait peur la foudre.
En furie et en panique, elle glisse son doigt sur le contact de sa sœur.
Répondeur...
Elle recommence, s'acharne. Elle a besoin de parler. Elle sait ce que sa sœur va lui dire. Mais elle a peut-être besoin de ça, sentir autre chose que ce qu'elle croit devoir à son père, à Jésus et à Dieu.
Inconsciemment, ne voudrait-elle pas sentir quelque chose de plus fort ? Et ce mariage avec cet étranger, ce truc, cette laisse que son père voudrait lui lancer pour agripper son cou, est-ce que ça tient debout ?
Est-ce que ça efface sa confusion ? Est-ce que ça efface cette relation chaotique avec Tess Figz ?
Est-ce que ça efface ce baiser échangé il y a bientôt une semaine ?
Une semaine, c'est long et trop court.
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Les folies de Tess
RomanceElysabeth du Tonquin, parisienne et fille du richissime secrétaire d'État au ministère des affaires étrangères, atterrit suite à la réussite du concours de la fonction publique en Province... En Ardèche... C'est le choc thermique. Elle, habituée au...