Ouvre-moi ton coeur...

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Elysabeth saute de la moto, elle détale dans les escaliers pour rejoindre son autre prison... Dans son ascension, le peignoir glisse au sol... Eve lui court après... décidément on se croirait dans un film... La vie de sa sœur a l'air d'un film...

_ Hey t'es mignonne Betty mais ce n'est pas la peine de me claquer la porte sur le nez ! Moi je n'y suis pour rien... Ouvre ! Ok tu es triste mais tu n'es pas obligée d'être relou !

Heureusement la jeune sœur a un double des clés sur elle...

Elle entend l'eau couler sous la douche. La porte de la salle d'eau est grande ouverte. Elysabeth est accroupie contre le mur, le pommeau juste au-dessus de sa tête. Elle frotte son corps, elle insiste sur ses seins, son sexe... Elle veut s'enlever la crasse. Ce soir, elle veut enlever l'odeur de Tess sur son corps. Elle veut retirer tout l'espoir qu'elle avait stupidement nourri sur cette maudite soirée ! Plus elle frotte, plus ça brûle, et plus le spasme arrive, plus ses yeux se ferment, les paupières s'écrasent sous le poids des larmes, un visage angélique déformé par une espèce de douleur, de questionnement et de colère... beaucoup de colère. Elle chevrote, tremble. Enveloppe ses mains autour de ses genoux... L'eau claque sur son dos...

_ Hey Betty...

La petite blonde coupe l'eau, attrape une serviette pour enrouler sa sœur.

_ Regarde-moi... Regarde-moi... Calme-toi, souffle... Respire... Inspire...

_ Betty regarde-moi ... Je suis là, tu peux me parler... Je ne comprends pas... Pourquoi ça a viré au cauchemar...
_ Je...je ne comprends pas Eve... Je...je...je...ne comprends pas ... Je me sens si mal... Je...c'était si parfait...c'était si... incroyable... Je sais que...que (bloque un stupide sanglot, ravale-le)
_ Pleure un bon coup... Évacue... Quand ça s'est fini avec Maxime, j'ai pleuré pendant dix minutes comme une vache qui pisse... Je te jure j'étais très moche... Ouais c'est difficile à croire moi la top model... Il m'arrive d'être moche... Allez toi aussi tu as le droit d'être moche pour dix minutes.
_ Eve... Tu me fais sourire...
_ Bah ouais tu crois pourquoi j'ai débarqué dans notre famille de tarés...(petit clin d'œil) je suis ton ange gardien... Je dois te protéger...
_ Tu crois un tout petit peu en Dieu alors...
_ Ne change pas de sujet... pleure. Craque.

Comme si ce mot avait une vertu magique et libératoire, Betty expulse un flot de pleurs plus forts encore, son visage devient rouge et ses yeux délavés... C'est fort, bruyant c'est aussi bref... Ça dure cinq minutes. Eve a raison... Ça calme... Ça fait du bien... Ça fait reprendre les esprits...

Vingt minutes plus tard, Elysabeth est prête à parler, étendue sur le clic-clac, la tête sur les genoux de sa sœur qui passe sa petite main sur son front.

_ Alors Sista... Au début ça avait bien commencé ?
_ Oui... J'en ai encore la chair de poule Eve... Je te jure...ton film Carol ce n'est rien à côté... Elle était magnifique... Vraiment bon sang et si touchante... C'était aussi beau parce que c'était millimétré... Le verre de champagne, me pencher pour me faire boire, danser...le coup de la rose rouge à la bouche... Faire l'amour dans la piscine...(Eve roule des yeux... Elle essaie de s'imaginer mais finalement, elle ne veut pas trop s'imaginer... Sa soeur est vraiment une autre femme, c'est incroyable) Tout était calculé... Tout était fait pour me faire atteindre un niveau d'extase et de désir pour elle... Et moi, je pensais que... je ne sais pas ce que je voulais ! Je ne sais pas !
_ Calme-toi...
_ Elle est nulle ! Elle est nulle ! Voilà... (Elysabeth croise les bras avec l'air boudeur...d'une enfant... femme enfant)
_ Mais si c'était si bien pourquoi ça s'est mal passé ?
_ Eve...elle me voit comme un objet. Je te l'ai dit, elle a fait tout son cinéma pour me séduire, me faire perdre la tête, pour m'avoir... Elle m'a eu et le masque tombe... Elle a eu son orgasme... (Et bien Eve est ravie de l'apprendre... un peu de pudeur Betty voyons) et voilà... voilà ! Faire ensemble des choses normales, manger ensemble, c'est trop lui demander, avoir une réelle conversation, c'est trop lui demander sans doute.
_ Elle a eu un geste déplacé envers toi ? Elle a dit quelque chose ? Je ne comprends pas...

Les folies de TessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant