JOUR 1 EN ENFER

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J'ai du mal à croire que moi, Sam Brahim, fasse ça : écrire un journal afin de « méditer sur mes pensées sombres ». C'est ma psychologue qui m'a conseillé de faire ça, elle m'a même donné une fiche de consignes à respecter pour tenir ce foutu journal.

Qui aurait pu penser que j'en arriverais là ? Allongé sur un lit d'hôpital, sous perfusion ? personne n'aurait imaginé que moi, gosse de riche, drogué et alcoolique, finirait à l'hôpital pour un simple accident de moto.

La première consigne à la con de la fiche du docteur Martin indique : « présente-toi physiquement ». Alors je suis algérien, donc forcément je suis métisse. J'ai des cheveux bouclés avec le crane rasé sur les côtés, j'ai des yeux couleur noisette et j'ai des muscles vraiment bien développés pour mon âge (ce qui entre nous fait craquer les filles). Je n'ai que 16 ans, mais je suis un drogué, ce qui fait que j'ai les joues creusées, mais pas trop non plus. Je suis assez petit pour mon âge : un mètre soixante-quinze.

Ce dont je suis le plus fier sur mon corps, sans mentir, ces mes bouclettes et mes cuisses. Ça peut paraitre bizarre, mais je prends plus soin de mes cheveux que de ma santé. Mes cuisses j'en suis fier parce qu'il s'agit d'une des parties de mon corps la plus musclée. Ces muscles-là sont développés vers l'extérieur. Le football m'a beaucoup aidé à les avoir et maintenant que je les ai, je compte bien les garder !

Je suis un garçon assez sportif, j'ai fait du football ainsi que du hockey sur glace, j'aime toujours autant aller à la patinoire même si j'ai arrêté ce sport. J'ai laissé tomber le sport pour me consacrer à la moto, mon premier deux roues, je l'ai eu à l'âge de 15 ans et aujourd'hui je ne me sépare jamais de ma Gilera cinquante centimètre cube. Avec cette moto, que j'ai refaite à neuf, d'origine rouge et blanche devenue verte et bleu, j'ai souvent vu de près le goudron de ma ville : ce qui m'a valu des côtes cassées et un genou en moins, genou que je n'ai jamais pris soin de guérir ce qui fait que j'ai une démarche assez... spéciale.

La deuxième consigne, consiste à ce que je décrive mon caractère :

Je vis dans une ville que tout le monde pense paisible, alors qu'en vérité, c'est le chao. Dans cette ville où seul la drogue et les règlements de compte règnent. En arrivant ici j'ai très vite compris que j'allais devoir me forger un masque, un masque qui m'a causé du tort, mais à quoi bon ? Faire souffrir les gens, c'est devenu une habitude pour moi.

Ce masque, qui me colle à la peau, c'est un autre Sam, un Sam sûr de lui, un Sam qui ne recule devant rien, un Sam qui couche avec n'importe quelle fille pour la jeter ensuite, un Sam qui n'a rien d'autre à faire que se droguer en fumant, aller en soirée, boire, mettre une fille dans son lit, faire des tours à moto et se battre. Ça c'est le Sam que je m'efforce d'être devant tous ces faux amis, ceux qui me suivent juste pour mon argent.

Le vrai Sam, celui qui se cache derrière ce masque, c'est un petit garçon brisé. Un garçon qui n'a pas eu d'enfance, ni d'adolescence. J'ai pris un masque, pour survire dans cette ville de fou mais surtout pour protéger ce qu'il reste de ce petit garçon, c'est comme un verre brisé en morceaux, je me sers de mon masque pour essayer de les recoller. J'ai forgé mon caractère grâce à une bande de drogués, j'ai vite compris que c'étaient des garçons complétement perdus, ils avaient besoin d'une seule chose : que quelqu'un les aide. Au lieu de ça, j'ai decidé de me nommer leader de leur bande afin qu'il soit à mon « service » entre guillemets. Je ne traîne plus avec ces personnes là, mais je me prends toujours pour le roi du monde et ça ne me déplait pas de savoir que je fais peur à la majorité des personnes que je connais.

A partir de ce moment je ne le savais pas encore mais je venais de payer mon tiquet de péage pour l'autoroute de l'enfer.


Highway to HellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant