Voir dans tes yeux, le plus merveilleux paysage

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   Il lui raconte alors tout. Il a beau essayé de maîtriser cette langue, c'est comme si elle avait hérité de sa propre volonté. Il lui exprime les plus petits recoins de sa pensée. 

  Tout ce temps. Toute cette frustration. Tout ce gâchis. Toute sa peine qu'il considère ridicule. Toute cette pression pour si peu. Tout ce qui fait de lui un ange de si basse extraction. Il ne mérite pas son titre. Même sa raison d'être, il a osé la faire souffrir. Non, vraiment. Aziraphel ne voit pas comment il peut ne pas paraître pitoyable dans toute cette incompétence misérable. 

  Crowley, pourtant toujours si sarcastique, n'a pas la moindre trace  de moquerie dans les sourires qu'il pose sur son Apollon. Il se contente de l'écouter, buvant chacune de ses paroles avec soin. Il comprend enfin. Le brouillard qui le polluait se dissipe. 

  Une seule chose lui échappe à présent.

  "Mon ange... Pourquoi ne pas m'en avoir parlé ?"

  Les joues du blond rosissent de gène. Il se sent pathétique. Et Crowley ajoute : 

  "Tu sais que... ce genre de choses fait un peu parti de mes prédispositions ? Vous, les anges, êtes trop chastes pour avoir la moindre notion de désir... Personne ne peut le contenir des siècles durant. Et... jamais je ne te jugerais, Aziraphel."

  Son regard se fit plus sévère. Il espérait sincèrement se tromper, et que le nœud du problème ne venait pas de lacunes de confiances. Ce à quoi l'ange faillit rétorquer que, lui non plus, ne lui avait jamais fait part de ses sentiments personnels. 

  Mais...Ses propos ont le mérite de le faire réfléchir. Il se sent un peu stupide à présent. C'est comme si tout ce temps, il avait eu l'antidote sous les yeux sans oser y toucher par peur que l'on lui reproche de l'avoir gaspillé. 

  C'est facile, pour quelqu'un comme Crowley, si sûr de lui, de dicter des maximes d'ordre général. L'ange doute cependant que ce dernier respecte ses propres diktats. Après de longues secondes de réflexion intense sous l'œil interrogateur du roux, il présente son petit doigt entre eux. 

  "Promettons de toujours nous dire la vérité la plus pure sur nos ressentis... Allez mon cher, promets ! 

  - Tu es au courant que tu viens de demander à un démon de tenir une promesse ?

  - Ça n'a pas la moindre importance, puisque j'ai foi en toi." conclut-il avec un large sourire.

  Le roux sent ses joues brûler agréablement, et joint timidement son petit doigt à celui de son ange, qui arbore un air ravi. Animé d'une assurance nouvelle, le libraire annonce d'un ton très formel, mû par une joie non-dissimulée :

  "Mon cher... Je crois bien que je vous aime."

  Ses yeux sont plissés par le sourire qui déforme son visage. Crowley, définitivement tombé peu trop fort pour l'ange de son cœur, serre ce dernier contre lui dans un élan d'affection pure et se niche dans son cou. Il s'emplit de sa personne, de ses moindres détails. Une telle perfection devrait être interdite. Il réussit à susurrer d'une voix engourdie par l'émotion : 

  "Ça fait un moment que je ne crois plus, mon ange... Tu es mon monde."


*



  Et Sirius réapparut, plus brillante encore, parée de ses plus beau attraits, comme si, quelque part, toute cette absence n'avait été qu'une mauvaise blague, qu'une vile illusion de l'esprit, un premier avril de mauvais goût. 

  Jour après jour, elle continue de l'éblouir. 

  Et jamais être aveuglé n'avait paru être si agréable.


-Fin-

Laisse-moi t'aimer [Good Omens]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant