T'as qu'à maigrir ! Tome 1 disponible chez Black ink sous le nom de Be Sweeter

Chapitre 8-118,8 kg

Je ressors des toilettes un peu déboussolée par l'arrivée probable de mon coach. Je ricane tout de même en me disant qu'il y a peu de chance qu'il arrive à savoir où je suis sachant que je suis restée très vague sur « la fête ». Je me dirige à pas lents vers les tables sur tréteaux, croulant sous les victuailles interdites. Je le reconnais, même les deux parts de cake régime que j'ai dans le ventre ne parviennent pas à m'en détourner.

Pascaline est la première à s'apercevoir de mon retour et me demande si tout va bien. Je l'éconduits en vitesse en inspectant nerveusement le portail d'entrée dans lequel se presse plusieurs parents d'élèves accompagnés de leur progéniture sautillante et bruyante.

— Tu as un peu maigri quand même, intervient Claudia, une des trois professeurs d'anglais, maigre comme un clou.

— Tu penses ? fais-je avec mon sourire le plus faux. Je ne sais pas. Tu sais je ne me vois pas.

— C'est sûr qu'il t'en reste encore pas mal à perdre mais vue comme tu te restreints désormais, tu y arriveras !

J'observe Claudia tripoter du bout de ses ongles rouges les trois tomates cerises qui roulent dans son assiette en carton. De quoi parle cette connasse qui a un appétit d'oiseau, s'habille au rayon layette et que le vent pourrait emporter ? Que peut-elle savoir des problèmes de poids ?

— Un conseil, s'incruste Pauliana, l'autre enseignante en anglais, en posant sa main sur mon épaule. Evite le régime hyperprotéiné. Moi j'ai essayé, je n'ai rien perdu !

— Mais ce n'est pas celui que tu suis, Slim ? Si j'y pense, ça fait plusieurs fois que je ne te vois jamais prendre autre chose que de la viande pour le déjeuner, s'excite Claudia en roulant ses grands yeux bruns. Je pari que c'est la méthode Dukan que tu as adoptée !

Je m'enfonce un peu plus dans le sol, ne sachant plus à qui répondre et prise d'une gêne que je ne m'explique pas. En fait si : je ne veux pas qu'on sache que je suis au régime !

— Je...non ! Non, je ne veux juste pas manger aujourd'hui, rien ne me fait envie...

— Et bien, tu as tort ! Parce que Pascaline nous a préparé une quiche du tonnerre ! Je t'amène le plateau, tu ne peux pas passer à côté !

A ces mots, Pauliana s'élance en direction du dit plateau et me le flanque sous le nez sans que je ne parvienne à m'échapper à temps. Tout de suite, l'odeur onctueuse de beurre, de lard et de fromage me monte au cerveau. C'est comme un shoot d'héroïne enfin je pense vu que je n'en ai jamais consommée mais c'est la seule référence que je trouve pour définir ce que j'éprouve. La lumière d'un spot joue avec la surface lunaire de ce met dont je raffole. Déjà, la salive s'accumule dans ma bouche prête à accueillir ce petit morceau de quiche qui ne peut, après tout pas me faire beaucoup de mal. Ma main se pose sur une part que je ne prends pas la peine de choisir, trop pressée de mettre fin à ce dilemme stupide. J'en ai marre. Je veux manger.

J'y vais !

Ce ne sera que mon premier écart de toute façon. Qu'est-ce que je risqu...

Une bourrasque dans le dos me fait lâcher mon morceau de quiche qui part s'échouer au sol. Je me retourne tout de suite pour engueuler l'emmerdeur qui m'a écartée du seul moment de plaisir que je pouvais avoir ce soir. Mais quand je comprends qui est le responsable, ma voix met les voiles sans prévenir :

— Chaton ! minaude Ulrich en s'approchant de moi pour me prendre par l'épaule. Tu sais bien que tu ne supportes plus le gluten !

Je fronce les sourcils un instant en ne comprenant pas tout de suite ce à quoi joue Ulrich qui vient de débarquer, dans une tenue sombre qui diffère de son treillis habituel. Son regard habituellement glacial a disparu. C'est en fait un œil doux et prévenant qu'il pose sur moi. Ce qui me déstabilise encore plus, c'est le sourire tendre qu'il m'adresse car jamais, jamais je ne l'ai vu sourire sauf peut-être pour se foutre de moi...