Les Visages Oubliés [Sope]

Avec Imagination

Il est encore tard dans une maison où les gens sont heureux d'y être. Des lumières passent dans les yeux, et dans le creux des mémoires, des souvenirs se forment. Il y a des danses inventées et des rires qui éclatent entre les murs. Ça forme peut-être des échos dans les rues de la ville pas très jolie, et peut-être que les voisins en ont marre de leur musique. Mais ce n'est pas si grave.
Cinq adolescents sont heureux pour l'espace de trois heures.

Les questions, les craintes, la tristesse ne font plus parties de ce tintamarre. Ils ont trop pleuré pour continuer à présent. Tout ce qu'ils leur importent maintenant, est de crier, limite à s'en étouffer, et de gesticuler comme si demain n'existait pas. Parce qu'ils ne voulaient pas penser à demain. Demain est bien trop proche, et demain fait trop peur. Alors ils l'oublient, encore un peu.

Jungkook s'était vite rassis, n'aimant pas vraiment être le centre de l'intention, et quelques temps après, Jimin l'avait rejoint, prétextant "c'est nul il n'y a pas d'alcool" et Taehyung avait approuvé. Quant à Seok-Jin, il continuait de chanter et danser tout en gardant un œil sur les énergumènes qu'étaient ses amis. Et Hoseok dans tout ça continuait de danser et chanter, même si ce n'était pas très beau à voir ni à attendre. Mais il s'en fichait bien.

La musique s'arrêta et ses yeux s'ouvrirent enfin, puis il se tourna vers ses mais qui le regardaient gravement "putain t'es sourd ma parole", "tu veux de la pizza ?". Le châtain avait haussé les épaules, frustré d'avoir était coupé dans son élan. Puis la musique repartie plus doucement, mais cette fois-ci, Hoseok ne l'accompagna pas. Il n'en avait plus l'envie. Et il devait faire une pause. Sa tête allait tomber sinon.

Son corps s'affala sur un fauteuil, puis il but la totalité de son verre. Sa tête tourna quelques secondes, le temps que son cerveau se fasse à la musique moins forte et au fait qu'il ne gesticulait plus dans tous les sens. Ses yeux se firent à la basse luminosité, et le calme reprit dans son esprit.

Comme tout le temps, ses pensées partirent un peu loin, chercher de quoi se remémorer pendant que personne ne le sollicitait, et la première chose à laquelle il pensa, fut la voix de Yoongi. Ils s'étaient appelés mardi soir, et avaient échangé pendant deux heures. Puis l'appel avait coupé à cause du délai téléphonique de ce Yoongi. Il en avait ri, avant d'en vouloir un peu à ce forfait téléphonique de ne pas avoir était clément, pour se dire au revoir convenablement. Mais au moins ils l'avaient fait par message. Et il avait son numéro de téléphone.

"À quoi tu penses ?"

Le châtain tourna sa tête vers Jungkook, assis à côté de lui, essayant de s'infiltrer dans son esprit.

"D'après toi ?

-Ça fait quoi de l'avoir eu au téléphone ?

-Je dirais...Tout.

-Tout ? C'était spécial ?

-Oui. Mais c'est comme si je m'y attendais.

-Donc tu as la confirmation que tu es bien en crush sur lui ?

-Oui."

Et ce oui était bien trop vague comparé à ce que pensait réellement Hoseok. Il avait eu cette confirmation depuis un petit moment, aucune idée de comment ou quand, il n'en savait rien, mais il avait de réels sentiments pour Yoongi.

"Tu penses que c'est pareil pour lui ? Demanda Jungkook

-Je ne sais pas. Dire non serait radical, parce que, à moins que je sois parano, il y avait quelque chose d'inexplicable dans tout ça. Mais dire oui, c'est beaucoup trop aussi. Je ne peux pas affirmer ce que l'on ne m'a pas confirmé. Et puis, je me fais sûrement des films aussi, tu me connais. J'idéalise trop les choses.

-Tu crois que tu lui diras un jour ?

-J'en sais rien. Mais je crois bien que oui. Rien que pour tourner la page. Ou avancer. Ça peut faire égoïste, et sûrement que ça l'est, mais j'en aurai besoin."

Son meilleur ami hocha la tête, puis lui fit un sourire triste. Hoseok avait envie de pleureur, là, en ce moment même, et sûrement que Jungkook le savait, c'est pour ça qu'il ne posa pas d'autre question. Mais le châtain voulait se mettre en boule, quitte à ne plus s'arrêter de sangloter, mais il ne voulait pas faire ça à ses amis. Il avait gâché bien trop de moment à pleurer pour le refaire ce soir. Et puis rien n'était triste. Il avait passé deux heures magiques à parler avec la personne qui occupait tout le temps son esprit, ce n'était pas donné à tout le monde.

Hoseok détestait les au-revoirs. Même si c'était de courte durée, même si ce n'était pas définitif, il détestait ça. Et le moment de quitter ses amis s'imposait. Ce soir, comme presque tous les autres, il rentrait à pied, alors il traina un peu des pieds en mettant ses chaussures. Il aimait ses amis comme il aimait écrire, ou lire, ou même rire. Chaque jour, et surtout après des soirées comme celle-ci, il se rendait compte de la chance qu'il avait qu'ils soient là. De l'importance qu'ils lui donnaient, de ses souvenirs et paroles partagés.

C'était peut-être trop pour ce que c'était en ce moment même, surtout qu'ils allaient se revoir le lendemain ou dans deux jours. Mais Hoseok était comme ça, à tout exagérer. Et ses amis aimaient le lui rappeler.
Il les quitta avec un bisou chacun, et un grand sourire sur le visage, puis le vent frappa les joues du châtain.

La lune l'accompagnait dans sa marche, et cette fois la musique ne débordait pas de ses oreilles. Il croisa un gars qu'il connaissait il y a quelques années, mais celui-ci avait peut-être fait style qu'il l'avait oublié, sûrement parce que Hoseok chantait tout seul dans la rue. Allez savoir.

Puis il imagina pendant quelques secondes, qu'une voiture s'arrête là, que quelqu'un lui dise de monter, et qu'il aille fuir loin. Partir loin, c'est ce qu'il voulait. Rien qu'une semaine, ou pour la vie, mais il le voulait.

Mais arrivé devant chez lui, il se fit une raison, et grimaça pour son imagination qui ne lui rendait pas service.