Chapitre 1 - Fleurk

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Ginny Weasley n'aurait jamais imaginé passer plus mauvais moment que celui où le plus grand mage noir de tous les temps avait pris possession d'elle et avait tenté de la tuer, mais de toute évidence, elle s'était trompée à ce sujet.

— Vraiment, je ne sais pas comment vous faites, vous les British. En France, il ne nous viendrait jamais à l'esprit de manger du lard si tôt le matin.

Fleur Delacour ponctua sa phrase par ce que Ginny appelait désormais le « haussement de sourcil fleurien », qui exprimait un subtil mélange de scepticisme et de dédain.

Ravalant sa mauvaise humeur, Ginny planta sa fourchette un peu trop fort dans son morceau de lard, qui s'envola et atterrit dans l'assiette d'Hermione, assise juste à côté d'elle.

— Oh, désolée, s'excusa Ginny en repêchant le morceau du bout de sa fourchette sous l'œil amusé d'Hermione et le regard avide de Ron.

Depuis qu'ils s'étaient tous réunis à table pour le petit-déjeuner (ou plutôt depuis le début de son séjour au Terrier), Fleur avait enchaîné les commentaires désobligeants sur tout ce qui l'entourait à un rythme impressionnant, et Ginny avait dû fournir toute la patience dont elle était capable pour ne rien lui balancer à la figure. Elle s'était même abstenue de toute réplique cinglante, bien que plusieurs d'entre elles lui aient presque littéralement brûlé la langue. Mais elle avait promis à sa mère qu'elle essaierait de se comporter convenablement en présence de Fleur. Ginny savait parfaitement que Molly Weasley avait elle-même beaucoup de mal à supporter la jeune femme, et ses légers dérapages occasionnels avaient beaucoup amusé Ginny qui ne s'était pas privée de lui rappeler ses propres recommandations. Dans l'ensemble, néanmoins, Ginny estimait qu'elle avait fait beaucoup d'efforts. Il ne s'agissait pas seulement de faire plaisir à sa mère, après tout : Fleur allait épouser Bill, son frère aîné, que Ginny avait toujours adoré.

— Vous savez, je suis sûre qu'avec quelques arrangements, cette cuisine pourrait être beaucoup moins encombrée, poursuivit Fleur en promenant son regard bleu sur la pièce minuscule.

— Elle me va très bien comme ça, merci, rétorqua Molly Weasley en agitant le contenu d'une poêle à l'aide de sa baguette magique, l'air d'aussi mauvaise humeur que sa fille.

Les critiques de Fleur sur l'entretien de la maison étaient typiquement le genre de sujet qui pouvait très facilement provoquer un de ces fameux dérapages chez Molly. Voyant Fleur s'apprêter à répliquer, Hermione repoussa son assiette et se leva :

— Merci beaucoup, Mrs Weasley, c'était vraiment délicieux. Est-ce que vous voulez un coup de main pour...

— Non merci, ma chérie, ça ira, l'interrompit sa mère d'un ton radouci. Je prépare simplement un plateau pour Harry, il ne devrait pas tarder à se réveiller, il –

— Harry est arrivé ? l'interrompit Ron en se levant d'un bond. Comment ça se fait qu'on ne soit même pas au courant ?

— Il est arrivé tard dans la nuit, Ron, ne va pas le rév –

Mais Ron avait déjà abandonné le reste de ses œufs brouillés pour se jeter sur les escaliers, aussitôt suivi d'Hermione. Restée seule en compagnie de sa mère et de Fleur, Ginny jugea préférable de ne pas traîner à table trop longtemps et se hâta d'achever son petit-déjeuner. Malheureusement, Fleur ne tarda pas à repartir à l'attaque. Repoussant son assiette à son tour, elle commenta :

— Oh là là, décidément, je n'y arrive toujours pas, les repas sont beaucoup trop copieux, ici.

Elle n'avait touché qu'à la moitié de ses œufs brouillés. Ginny avala un morceau de lard et lui adressa un sourire hypocrite. Si Fleur n'aimait pas les coutumes britanniques, qu'elle retourne donc dans son pays, nom d'un hippogriffe ! Pour la millième fois depuis qu'elle avait appris pour le mariage, Ginny se demanda ce qui avait bien pu passer par la tête de son frère. Bill avait longtemps travaillé en Égypte comme briseur de sortilèges pour le compte de Gringotts, la banque des sorciers, avant de revenir prendre un poste de bureau à Londres. Parfois, Ginny se demandait sérieusement si une momie ne lui avait pas jeté un maléfice qui aurait eu un impact considérable sur sa capacité de jugement. Peut-être dans l'espoir d'interrompre les commentaires de Fleur, Molly s'adressa directement à sa fille :

Les Chroniques de Ginny Weasley - Tome 5 : La bataille de la tourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant