**Trigger Warning : propos à tendance transphobes, dépression, Dysphorie**Mardi 2 Juillet 2019, j'ai rendez-vous pour la première fois à Nancy, à l'hôpital Universitaire. Je dois voir une psy d'un parcours trans à l'hôpital, c'était mon médecin traitant qui me l'avait conseillé. Le trajet fût angoissant, parce que j'ai toujours mis mes sensations, mes envies au fond de moi, sans les exprimer pleinement. La libération m'attendait, c'est la boule au ventre que j'entre dans le bâtiment. Après quelques petites démarches administratives, je peux me rendre en salle d'attente. Je ne suis pas seule dans la salle d'attente, plusieurs patients attendaient aussi la psychiatre. Des personnes Trans, comme moi. L'attente à duré deux heures, très longues, et mon ventre me laissait sans répit. La psy entra enfin dans la salle d' attente, pour venir me chercher. Je l'ai suivie jusqu'à son bureau, m'installa face à elle, plus stressée que jamais.
La séance pouvait commencer. Elle me posa différentes questions sur ma vie, mon âge, mon histoire familiale, mes études, mes hobbies, et d'autres questions plus personnelles (telles que l'orientation sexuelle et mon identité de genre), pour qu'elle se fasse une genre de biographie. J'étais tellement angoissée que c'est ma tante qui répondait à ma place. Sauf pour les plus intimes, où je me suis forcée à dire quelque chose. L'une des seules phrases que j'ai pu réussir à dire a été : "Je pense être une femme, et je suis bisexuelle". Elle m'adressa un signe d'acquiescement, me posant différentes questions sur mon genre, comment je m'en suis rendue compte, quel est mon vécu avec la dysphorie. A chacune de mes réponses, s'ajoutait une petite remarque. L'une d'entre elles, fut la plus meurtrière: "Pour un Homme Homosexuel, vous n'êtes pas très efféminé". J'ai poussé un rire nerveux, mais mon sang bouillonnait dans mes veines. Qu'est ce que ça signifie ? Que je ne rentre pas dans les stéréotypes ? Que je ne suis pas assez féminine ? C'est ça ?! Quelle idiotie, quand j'y pense. Après ce rictus, je l'ai bouclée pour le reste de l'entretien. Elle expliqua ensuite son rôle dans le parcours, présenta les collaborateurs, etc..... Moi je la regardait, en hochant la tête assez bêtement. Nous avons ensuite quitté le bureau, pour placer de nouveaux rendez-vous au secrétariat. A la sortie du bâtiment, pleins de questions trottaient dans ma tête: sur la durée de leurs tests, sur mes envies dans ma transition. Mais surtout, une irrépressible envie de me gifler. Mais comment ai-je pu être débile à ce point !? Pourquoi ai-je fait part des doutes ? Pourquoi n'ai-je dit pas dit que tout était clair dans mon esprit ? A l'heure actuelle, je m'en veux encore d'avoir dit ça. Le reste de la journée s'était déroulé sans encombres, mais la réflexion de la psy restait dans ma tête tout le temps. Je ruminait toute seule dans mon coin, le cœur brisé. Après cela, le reste de la semaine je suis restée au lit, des larmes perlant sur mes joues. La dysphorie me sautait à la figure. J'en ai très peu parlé aux filles, j'avais un peu honte de ce que j'avais dit à la psy. Cette crise aura duré toute la semaine, et un peu après. Le Vendredi, un petit rayon de soleil était apparu dans ma tête, les résultats du bac tombent. Je suis admise avec une mention assez bien. Je n'étais pas seule ce jour là. Mon stress avait presque failli broyer la main de mon frère. J'étais heureuse de cette bonne nouvelle, mais petit à petit, dans la journée, ma crise revenait. Le soir, j'étais invitée avec mon meilleur ami, à l'anniversaire d'une amie et camarades de classe, et en passant nous fêtons aussi notre bac. Cette soirée était aussi une boufée d'air frais, j'étais avec des amis, j'étais moi-même face à eux. Quelques uns n'étaient pas au courant de ma transidentité, mais pour rien aul'ai pas cachée. Cette soirée là, j'allais en profiter un maximum. J'ai pu discuter avec eux de Nancy, du déroulement de la journée, ma crise qui n'en finissait pas. Tous étaient d'un énorme soutien moral, me rassurant sur mes paroles et mes explications à la psy. J'étais heureuse de savoir que le problème ne venait pas de moi.
Pendant tout l'été, je travaille sur ce roman, pendant que je reprend petit à petit des forces entre deux crises.Vers la deuxième quinzaine du mois de Juillet, SiSi vient me parler, me demander de revenir avec elle. Le tout avec un mégenrage non dissimulé, les "il" et les *deadname* fusent dans ses messages. Voyant que ses avances, et ses propositions ne fonctionnent pas, elle se fige, devient froide, et odieuse. Elle m'insulte de tous les noms: "Travelo", "Dépravé", "Salopard", "Tu mérites de crever", "FDP", "Espèce de Taré", "Menteur et Imposteur" et j'en passe des pires. Non seulement, elle m'insulte en face, mais en plus elle va discuter avec des amis que l'on a en commun pour me pourrir la vie. Heureusement ces derniers l'on bloqué instantanément. Dont Lucy, l'une de mes meilleures amies qui est une femme trans comme moi. J'étais dépassée par les événements, déprimée et négative. Je pensais pendant un moment qu'elle avait raison, que j'étais qu'un imposteur parmi les femmes, je me suis mégenrée moi-même pour voir ce que ça me faisait.... Une douleur indescriptible, intense et régulière dans tout le corps. C'est Lucy qui m'a grondée après avoir utilisée les mauvais termes pour moi-même. Je pensais dans ma honte que jamais, au grand jamais, je ne trouverai quelqu'un à aimer. Pendant ce long été, je me suis très rapprochée de Lucy, nous étions comme qui dirait ensemble, mais sans l'être officiellement. Mes repères étaient légèrement perdus avec cette histoire. Une relation qui a la fin de l'été, s'était arrêtée et je pense effacée à jamais. Entre cette relation, mes crises, ma réflexion sur mon identité, et ce livre, je continuait de travailler et à me renseigner sur le Changement d'Etat Civil (ou CEC). Cette longue étape de la reconnaissance de l'Etat. Je regardais plusieurs témoignages de personnes trans à travers YouTube, les blogs de transitions, les témoignages chez les associations transgenres. Le 9 août, j'ai une intense discussion avec mes tantes et ma sœur, le réflexe du prénom et des pronoms ne se déclarait toujours pas. Nous réfléchissions sur un prénom cool et assez simple à enregistrer. C'est pendant cette soirée que l'idée de Raven comme prénom s'était estompée, et que nous avions trouvé Sasha. "Sasha Raven Zachary" allait être mes prénoms. J'étais heureuse d'avoir trouvée ce prénom qui sonnait mixte et original. Le lendemain matin, j'en ai fait part à mes amis, pour qu'ils puissent être au courant. Ils l'ont tous adorés. C'est dans ces moments, que je vois la préciosité de mes proches et de mes amis, toujours avec moi dans les moments de tempête. Le compte à rebours est très bientôt terminé, la fin de *deadname* est proche, alors que Sasha se réveille.
VOUS LISEZ
Appelez-Moi Sasha
Non-FictionBonjour cher(e) lecteur(e), bienvenue dans Appelez-Moi Sasha: le journal d'une dysphorie. Tu te demanderas sûrement de quoi peux bien parler ce livre, et c'est tout à fait normal. Ceci est mon autobiographie ainsi qu'un recueil de petits textes, dan...