16. Les erreurs

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VERS DEUX HEURES DU MATIN, Emmeline s'était remise à penser à Alex, soudainement, alors que depuis la discussion sur la terrasse, elle n'y avait pas vraiment songé. Assise sur une chaise, observant les autres jouer à un jeu de cartes sans règles apparentes, elle se demanda où il était. Depuis sa conversation avec Lisa, il avait disparu.

— Hugues, tu sais où est Alex ? demanda-t-elle.

L'intéressé se retourna et répondit :

— Je sais pas, sûrement dans une des chambres.

— D'acc'.

Elle se leva alors, prête à toquer à chaque porte de chaque chambre. Au fond, si elle tenait à le retrouver, c'était parce qu'elle sentait qu'il traversait un moment difficile — et peut-être aussi parce qu'elle était tombée amoureuse de lui ces derniers temps.

Elle se rappela les vacances d'été, en juillet. Le soir où il avait été là quand elle, elle n'allait pas bien. Sa main sur son épaule et son sourire réconfortant.

C'était la moindre des choses de lui rendre la pareille aujourd'hui.

« T'es où ? » lui envoya-t-elle par message.

Elle fixa son écran, attendant une réponse. Mais rien, et elle se rassit.

Au bout de quelques minutes, elle se mit à jouer sur son téléphone et ce ne fut qu'à cet instant qu'il répondit :

« Dans la chambre du bas. »

Un sourire se dessina sur ses lèvres et elle se leva de nouveau. Elle emprunta un couloir, supposant que la chambre en question était dans cette direction. Puis, quand elle arriva devant une porte fermée — les autres étaient ouvertes ou entrouvertes —, elle s'arrêta. N'était-ce pas un peu étrange qu'elle rejoigne Alex si tard dans la soirée, alors qu'il s'était isolé depuis plus de quatre heures ? Qu'en penseraient les autres ? Qu'en penserait Alex ?

Elle savait au moins ce que, elle, elle en penserait. Car si le voir à deux heures du matin ne signifiait peut-être pas grand-chose pour la bande, cela signifiait beaucoup pour Emmeline. Et, bêtement, elle espérait que cela signifierait quelque chose pour le blond aussi.

Elle soupira, releva la tête, et se décida enfin à frapper.

— Tu peux entrer, entendit-elle faiblement.

Délicatement, elle appuya sur la poignée et poussa la porte. Elle regarda le lit, pensant qu'il serait dessus, mais seul un blouson y demeurait. Frissonnant à cause du froid de la pièce, elle le trouva en train de fumer auprès de la fenêtre ouverte et alla le rejoindre.

Quand elle arriva à côté de lui, elle se mit à regarder dehors en silence, comme lui le faisait si bien. Il ne lui avait même pas jeté un regard, il continuait juste à tirer une taffe, les unes après les autres. Discrètement, elle essaya de l'observer : il avait les yeux légèrement rouges, mais aucune larme ne coulait. En même temps, elles avaient eu le temps de sécher depuis sa discussion avec Lisa — s'il avait pleuré.

Au bout d'un certain temps, la brune décida de briser la glace :

— J'avais oublié que tu fumais.

— Ouais. Ça m'arrive parfois.

— Pourquoi ?

— Je sais pas. Principalement dans les soirées.

Elle hocha la tête. Aucun des deux ne se regardait, leurs yeux fixés droits devant eux. Emmeline en oublia presque le froid qui la faisait frissonner en continu.

Le parapluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant