Dans les yeux

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Je te regarde dans les yeux,
Je te fais cette promesse,
En jurant sur les cieux,
De protéger ta jeunesse.

Tu es petite, ne comprend pas,
Tu ris, te moque de moi,
Et je ris, même si je ne veux pas,
Parce que je veux, faire comme toi.

Alors tu hoche la tête, en dansant,
Tu es pourtant la seule, qui connait l'air.
Et je te regarde faire en riant,
Seulement huit ans, tu ne manque pas d'air.

Tes cheveux bruns,
Forment une auréole,
Tu as cet air serein,
Des enfants qui rigolent.

Puis tu prend ma main,
Le sourire aux lèvres,
Je te laisse montrer le chemin,
Vers un monde de rêves.

Tu sautes sur le lit,
Je monte à tes côtés,
Nous savons que c'est interdit,
Que papa et maman crieraient.

Alors je ris, jusqu'en avoir mal,
Tu t'allonge à mes côtés,
Sans savoir que tantôt sera fatal,
Et nous rions, à gorges déployées.

Tu saisis cette couronne de carton,
Disant que la petite, est toujours la préférée,
Je proteste, c'est faux voyons,
Je suis la meilleure, la plus aimée.

Puis tu joue à la princesse,
Tu t'imagine une robe, et un diadème d'argent,
Saluant une foule en liesse,
Comme si c'était vraiment.

Alors je chausse les lunettes de maman,
J'imite les stars, envoyant des baisers,
On se regarde en souriant,
Pour déclamer, d'une voix synchronisée :

Pas besoin de diadème pour être princesse,
Pas besoin de lunettes pour être stars,
Ni même de baisers volants ou de foule en liesse,
Nous sommes les reines de ce soir.

Le jeu se termine, on range les accessoires,
Mais tu as ce sourire complice,
Nous recommenceront demain soir,
Avec encore plus de malice.

Alors je réfléchis,
Vais-je tenir ma promesse ?
Veiller sur ta vie,
Est-ce comme s'imaginer une foule en liesse ?

Pas le temps d'y penser, voilà que tu m'attrape,
Tu veux que ta grande sœur participe,
A un jeu dont l'absurdité lui échappe,
Mais c'est avec plaisir, je suis tes principes.

Et te voir rire, de ce sourire édenté,
Me rappelle que rien ne vaut plus la peine,
Que de veiller à ton éternité,
Tu seras la plus aimée, de toutes les reines.

Et entendre ta voix chanter,
Me rappelle que ma raison de vivre,
En a encore pour des années,
Et alors de joie je me rend ivre.

Et voir ton visage prendre cet air innocent,
Me rappelle, que tu es mon bonheur,
Car tu es l'enfant,
Pour qui je donnerais mon âme et mon cœur.

Mais la réalité nous rattrape, bien trop vite,
Rien n'est éternel, la vie est fugace,
Il vaut mieux que l'on profite,
Car le temps nous rattrape, prend ta place.

Voilà que tu es partie, me laissant seule,
Mais tout est de ma faute, j'ai échoué,
Tu as rejoins notre aïeul,
Et je t'ai laissée t'échapper.

Je me regarde dans le miroir,
Je me dis dans les yeux,
Que j'ai failli à mon devoir,
Et que rien ne peut aller mieux.
Je me regarde dans les yeux,
Car désormais, rien n'ira mieux.

~Recueil de poèmes~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant