Prologue

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Habib Seye


Détresse !

Habillé de peur et d'inquiétude, je naviguais dans un brouillard épais. Tout semblait noir, âcre. Le jour ressemblait à une nuit sans fin, une ténèbre dans laquelle je virevoltais, désorienté. Mes pensées étaient un chaos, un mélange hétéroclite d'émotions contradictoires. Je redoutais qu'une terrible nouvelle ne s'abatte sur nous. Que devais-je faire de plus ? Khadija, ma femme, la mère de mes enfants, celle que j'avais juré de protéger, avait disparu. Depuis des jours, je n'avais aucune nouvelle d'elle. Pourquoi était-elle partie ? Elle avait été enlevé, Il n'y avait pas d'autre explication, et depuis, le silence. Un silence pesant, insupportable.


Je me sentais mal. Était-ce de l'inquiétude ? De la culpabilité ? Ou simplement du dégoût ? Nul doute, cela ne pouvait être que ça. Rien de tout cela ne serait arrivé si je l'avais laissée partir à temps. Croire que tout s'arrangerait avec le temps avait été une erreur. Une erreur qui me coûtait désormais tout. Ce mariage, cette farce, m'aura finalement tout coûté. Cela me désole. À croire que nous faisions rêver plus d'un : le stéréotype du couple parfait, celui qu'on voit en couverture des magazines. Une supercherie. J'ai beau m'être efforcé de l'aimer, même après six années de mariage, je lui portais ce même regard impassible. Elle le savait. Elle l'avait toujours su. Et malgré cela, elle était restée à mes côtés toutes ces années. L'idée qu'elle nous ait abandonnés me paraissait absurde.

Au bureau


Les recherches du côté de la police se poursuivaient, mais sans résultat. J'étais assis à mon bureau, les yeux rivés sur mon téléphone, espérant un signe, un appel, un message. Rien. 


Sofia, ma secrétaire, entra brusquement dans mon bureau, le visage tendu.

— Monsieur Seye, l'inspecteur chargé de l'enquête est là. Il demande à vous voir. Mon cœur s'accéléra. Je me levai d'un bond, l'espoir et la peur se mêlant en moi. — Où est-il ? — Dans les couloirs. Il insiste pour vous parler immédiatement. Je sortis de mon bureau, les jambes flageolantes. L'inspecteur m'attendait, les bras croisés, le visage fermé. — Ma femme... a-t-elle été retrouvée ? demandai-je, la voix tremblante. L'inspecteur me dévisagea un instant, comme s'il pesait ses mots. Puis, d'un ton sec, il lâcha : — Ça suffit, arrêtez ce petit jeu. Vous n'êtes qu'un sale type. Je reculai, choqué. — Je vous demande pardon ? Il se rapprocha, son regard perçant comme une lame. — Le corps de Khadija a été repêché ce matin dans un ravin. Le monde sembla s'arrêter. Les mots résonnèrent dans ma tête, mais je refusais d'y croire. — Non... ce n'est pas possible. Comment ? Qui aurait pu faire une chose pareille ? Était-ce un suicide ? Ma femme ? Cela ne peut pas être vrai. L'inspecteur ricana, méprisant. — Vous croyez que ce petit numéro de mari abattu vous évitera la prison Mr Seye? Je sentis mon sang se glacer. — Qu'est-ce que vous racontez ? Essayerez vous de m'accuser d'une telle barbarie? — Vos empreintes ont été retrouvées sur la victime, décédée il y a trois semaines, d'après le rapport du légiste. Et la dernière fois qu'on l'a aperçue, elle était avec vous dans une chambre d'hôtel. Je secouai la tête, refusant d'accepter cette réalité. — Écoutez, nous nous sommes à peine parlé, et je suis reparti. Consultez les dispositifs de sécurité de l'hôtel. Vous verrez bien qu'il ne s'est rien passé. L'inspecteur se pencha vers moi, son souffle chaud sur mon visage. — Khadija voulait sauver son mariage. Elle a même refusé de signer les papiers du divorce. Vous l'avez vue comme une menace, surtout depuis que vous comptiez vous remettre avec votre ex-fiancée. Vous l'avez froidement assassinée et traînée son corps dans une valise. Un rire nerveux m'échappa. — Té si sen déug gen nek ni ? (Et vous croyez que c'est vrai, en plus ?) Vous n'allez quand même pas faire avaler une telle histoire à un juge ? C'est ridicule, enfin ! Je tenais à ma femme ! — Vous avez le droit de garder le silence, répliqua-t-il froidement. Avant que je puisse réagir, il me plaqua au sol et m'enchaîna les poignets. Deux autres policiers firent irruption et me saisirent brutalement. — Mame Habiboulahi Seye, vous êtes en état d'arrestation pour homicide. Je n'ai même pas eu droit à des explications. Tout s'est passé si vite. Une demi-heure plus tard, je me suis retrouvé dans une cellule, le monde s'écroulant autour de moi.


Cinq ans plus tard...

Scène de CrimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant