Chapitre 2 : Professionnelle

398 12 0
                                    


Je suis montée avec Carmen dans sa vieille BMW noire. C'est moi qui ai pris le volant, et j'ai démarré avec un petit sourire satisfait. Sa voiture n'était plus toute neuve, mais ça restait une grosse cylindrée comme j'avais rarement l'occasion d'en conduire. Surtout que je n'avais, de mon côté, pas de voiture du tout.

— Il y a une chance qu'on se retrouve dans une course-poursuite ? ai-je demandé, pleine d'espoir.

À côté de moi, sur le siège passager, Carmen a lâché un soupir bruyant.

— Je vais commencer à me dire que j'aurais dû écouter Émilie et ne pas te confier cette tâche.

J'ai haussé les épaules.

— Dans ce cas, tu aurais dû demander à Émilie de t'accompagner, et c'est moi qui aurais dû tenir les Feuilles Rouges en votre absence. Tu n'aurais pas aimé le résultat.

Le feu devant moi est passé à l'orange, et je me suis arrêtée sagement. J'aurais préféré donner un grand coup d'accélérateur plutôt que de m'immobiliser, mais Carmen n'aurait sans doute pas apprécié.

— Tu es vraiment au clair sur ce que tu dois faire ce soir ? a-t-elle demandé.

J'ai hoché la tête. Même si elle avait tenu à m'expliquer et à me faire réviser la politique vampirique, je n'avais en réalité pas spécialement à me préoccuper de tout cela. Mon rôle était simplement d'assurer la sécurité de mon amie, qui craignait une agression de morts-vivants conservateurs qui n'apprécieraient pas son approche novatrice de la boisson vampirique. Personnellement, je n'ai jamais été trop fan de thé ou de tisane et je ne me serais pas vue agresser Carmen pour autant (surtout que son établissement propose aussi de la bière), mais il y a visiblement des gens qui prennent les choses plus à cœur que moi.

Je n'étais pas officiellement sa garde du corps, ce qui expliquait que je portais un corset au lieu d'un bomber. Je devais donc jouer le rôle du quatre heures de Carmen. Ce qui, au vu de notre relation, ne demandait pas des talents d'actrice démesurés.

— On sera fouillées à l'entrée par la sécurité, a expliqué Carmen, donc pas d'arme.

— Je sais.

Pourquoi est-ce qu'elle tenait absolument à me répéter des choses qu'elle m'avait déjà expliquées ? D'accord, je ne faisais pas beaucoup d'effort pour jouer les professionnelles qui s'y connaissaient, mais tout de même, je n'étais pas idiote. Ou peut-être que c'était juste parce qu'elle s'inquiétait de me mettre en danger ?

— S'il y a un problème, a-t-elle repris, essaie juste de gagner un peu de temps, et laisse la sécurité intervenir.

Carmen m'avait aidée à déménager, elle savait pourquoi j'avais changé de ville, elle pensait vraiment que je n'étais pas de taille à m'occuper d'un vampire ou deux, même sans arme ? Je veux dire, je ne prétends pas être Chuck Norris, mais les suceurs de sang sont loin d'être aussi imbattables qu'ils se l'imaginent, et ils ont une fâcheuse tendance à penser qu'un simple mortel, et à plus forte raison une simple mortelle, n'a aucune chance contre eux.

— D'accord, ai-je tout de même acquiescé.

— Il n'y aura sans doute pas de problème, s'est rassurée Carmen. C'est juste au cas où.

Ce qui voulait dire qu'elle allait juste me payer pour que je passe une soirée chez les notables vampiriques. Ça promettait d'être amusant.

***

La réunion se déroulait dans une partie du rez-de-chaussée d'un grand hôtel. J'étais un peu déçue, mais c'était logique : avec l'acceptation des créatures surnaturelles, les vampires n'avaient plus besoin de se réunir dans des cryptes.

Les coups et les douleurs (La chair & le sang, saison 1, épisode 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant