still young

cinquième jour

Lorsque Namjoon avait ouvert les yeux sur le plafond blanchâtre de sa chambre, il avait pensé passer une journée tranquille. Il avait prévu de passer de longues et interminables heures au rebord de la piscine ou à plonger dans la chaude eau chlorée. Il avait également prévu de grignoter quelques friandises, les pieds dans la piscine, et de lire l'épais livre qu'il avait mis au fond de sa valise. Il aurait certainement fait tout cela si Seokjin n'avait pas été la personne qui lui avait fait ouvrir les yeux. Son ancien colocataire avait pénétré dans sa chambre, d'une démarche trop sautillante pour être naturelle, et l'avait secoué dans tous les sens pour qu'il quitte son agréable sommeil. Après plusieurs insultes baragouinées à l'encontre de cette horrible personne qui osait perturber sa grasse matinée, Namjoon s'était finalement redressé.

« Accompagne-moi faire du shopping. »

Une œillade meurtrière et une insulte bien sentie. Ce fut tout ce que Namjoon fut capable de prononcer. Son ancien colocataire venait de le réveiller, car il voulait faire du shopping. Il lui aurait bien jeté son oreiller au visage, mais celui-ci était trop moelleux et ne montrerait pas à quel point il avait envie de le massacrer. Bien que particulièrement reposante, sa nuit avait été courte. Se passant des bouteilles de soju qu'ils avaient récupéré dans le réfrigérateur, les jeunes adultes avaient continué de se chamailler gentiment et de commenter toutes les images qui défilaient à l'écran de la télévision. Ils avaient été forcés à se coucher lorsque, fatigué de sa soirée dansante en compagnie de son mari et de sa belle-mère, Nayoung était descendue au rez-de-chaussée pour les réprimander. Namjoon avait eu l'impression de redevenir un enfant pendant un court instant et avait docilement obtempéré. Et, avant que sa joue ne rencontre sa douce taie d'oreiller et qu'il ne s'endorme comme une masse, il avait eu le temps de jeter un bref coup d'œil à l'heure que son téléphone affichait. Il s'était couché à quatre heures du matin.

« Il est quelle heure ? bailla-t-il en passant son poing sur ses paupières lourdes.
-Neuf heures ! s'exclama joyeusement Seokjin. »

Etouffant un grognement dans le creux de son coude alors qu'il se retenait de bailler une nouvelle fois, Namjoon se laissa lourdement retomber sur son lit. Il avait dormi à peine cinq heures et il refusait de quitter le confort de sa couette. Seokjin ne sembla pas apprécier sa tentative pour rejoindre les bras ouverts de Morphée et se jeta lourdement sur lui pour l'en empêcher. Lui jetant un regard menaçant, Namjoon ne se gêna pas pour le détailler. Comment pouvait-il avoir l'air autant réveillé ? Ses cheveux blonds ne présentaient aucune mèche rebelle, ses yeux noirs pétillaient d'enthousiasme et n'étaient pas soulignés par d'ignobles cernes violets, ses lèvres débitaient un nombre impressionnant de mots à la seconde et il ne cessait de bondir sur le matelas comme un enfant en bas âge à qui l'on refusait la demande capricieuse.

« Je suis vraiment claqué, se plaignit-il.
-C'est une raison pourrie, déclara le blond cendré en essayant de le pousser hors du lit. Je dois acheter des cadeaux souvenirs pour mes parents et les garçons !
-Comme s'ils allaient nous rapporter quelque chose de leurs vacances, bouda Namjoon en sortant doucement un pied de la couette. Il est absolument hors de question que tu me traînes dans toutes les boutiques de la station balnéaire.
-Tu crois sérieusement que je vais te laisser le choix ? renchérit Seokjin. »

Les yeux encore gonflés par la fatigue, Namjoon observa son ancien colocataire fouiller dans sa valise à la recherche de vêtements propres. Une légère grimace déforma ses traits harmonieux lorsqu'il remarqua un vieux t-shirt informe et troué au milieu de ses hauts. Namjoon aimait ce bout de chiffon de tout son cœur. Comme un porte-bonheur ou un doudou, il le suivait dans absolument tous ses déplacements.

« Je n'en reviens pas, souffla Seokjin. Tu as encore ce truc.
-Comme si j'allais le jeter, renchérit immédiatement l'autre garçon. Yoongi et toi me l'avez offert lorsque Hoseok et moi sommes entrés à l'université.
-Et tu le mets encore ? l'interrogea le blond cendré.
-Bien sûr que non, répondit-il. C'est immettable, mais c'est un bon porte-bonheur. »