XXXI.

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XXXI.

T A Ï R

Le cœur meurtri, les larmes aux yeux comme une schmeta, la peur au creux du ventre et la peine plein les pores, je lis cette lettre à moitié prêt à foncer chercher Ultia et prêt à me tirer une balle dans la tête.

Mon cœur Taïr, mon amour Marwan,
J'ai tellement, tellement de choses à te dire que je ne pense pas que ça pourrait rentrer sur ce bout de papier.

J'ai et j'aurais toujours tant à te dire, à toi mon âme sœur, mon ami, mon meilleur ami, mon frère, mon père, mon mari. T'es ma chaire, pas mon sang mais au-delà.

Ces dernières années ont été particulièrement mouvementées pour toi comme pour moi, pour nous, surtout celle qu'on a tous les deux perdue et qui a détruit nos vies.

Pardonne-moi mon coeur, pardonne-moi d'être partie ce soir-là, j'ai fuis parce que j'ai eu peur de voir que la seule personne que j'aimais avait pu me poignarder.

Pardonne-moi parce que j'ai envoyer valser tous nos plans de vie, j'ai coupé le plus beau lien qu'on a pu avoir ensemble, pire même j'en ai créé deux autres avec un monstre.

J'ai mal au cœur quand je t'écris ce mot que je sais que tu trouveras seulement au moment de t'habiller. Tu seras, perdu, furieux, triste et paniqué. Tu comprendras pas ce qu'il se passe mais laisse moi t'expliquer.

Je suis partie. Je suis partie ce matin, pour changer nos vies.
Je me suis promis de revenir parce que j'ai foi en Dieu et je sais que je reviendrai. Mais si par malheur je venais à y rester, je veux que tu lises ces derniers -ou pas- mots que je t'adresse.

J'arrête la lecture ici et touche mes joues sans le contrôler et je prends compte des gouttes qui ont coulé sur la lettre que je tiens les mains tremblantes.

Qu'est-ce qui s'passe en sah ? Elle est où ma femme ? Pq j'chiale comme une pute ? Pourquoi j'ai mal au bide et guelb comme ça ? Pourquoi je sens que c'est peut-être la fin ?

Elle est ma côte ?

Je sais aujourd'hui Taïr, que t'es l'homme de ma vie, je sais que ça n'aurait jamais pu être quelqu'un d'autre que toi, certains disent qu'on sait jamais si quelqu'un est vraiment le bon mais moi je l'ai ressenti dans le fond de mon cœur. C'était toi. C'est toi. Ce sera toujours toi.

J'ai pris la décision en voyant encore une personne que j'aime pris dans le piège d'Hussein, un énième obstacle à notre vie, de mettre un terme à tout ça.

Nan, je vais pas me suicider, bébé. Je tenterai plus jamais parce que je sais que ça t'a pris aux tripes, je sais qu'en faisant ça j'ai failli te tuer, nous tuer.

Est-ce que c'est normal de s'aimer au point où je sais que tu souffres en me lisant et que ça me fait souffrir d'écrire ?

À l'heure où tu liras ça, j'espère être toujours en vie, j'espère que Diya et moi seront toujours là. Quand tu me chercheras, j'ai pris la route avec Diya vers la villa d'Hussein et ses hommes où j'ai tant de fois dû venir te chercher à l'époque.

Tu t'souviens ? Je me souviens et je t'en voudrais jamais pour ce que tu as été, c'est ton passé et j'irai même jusqu'à dire que c'est notre passé.

U L T I A. [I]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant