Qui suis-je vraiment ?

Chapitre 6

Je me dirige d'un pas traînant vers la piscine en sortant du lycée quand une main se pose sur mon épaule. Je sursaute et me retourne brusquement. Tom !
- Va-t'en ! sifflai-je entre mes dents.
- Jade...Il a l'air affligé, anéanti. Jade, je pense qu'on devrait parler.
- Va-t'en ! criai-je. Va baiser Elena, vas-y, casse toi Tom !
Les émotions se bousculent en moi, mais la colère et la rancune prédominent. Tom a la tête de quelqu'un de choqué, à qui on vient de dire quelque chose d'horrible, de blessant. Je ne veux plus jamais lui parler. Ça fait trop mal, me rappelle l'amour que je lui porte.
- Jade...murmure Tom.
Je me sens fondre quand il prononce mon prénom. J'ai une furieuse envie de le frapper. Et, je dois l'avouer, de l'embrasser.
- Bon OK, aboyai-je, dis moi ce que t'as à me dire, et après casse toi. Je ne veux plus jamais avoir affaire à toi ! Tom prend une grande inspiration et se lance :
- Jade je...Je n'ai jamais voulu te blesser. Je t'ai aimé, vraiment et j'ai été heureux avec toi, mais désormais j'aime Elena. Tu dois l'accepter Jade.
- Tu crois que c'est si facile ! Tu n'as même pas eu le courage de me dire que tu me quittais, tu m'as trompé, et maintenant tu viens me dire que je dois l'accepter, moi je ne fonctionne pas comme ça Tom ! Je t'en veux, et j'en veux encore plus à Elena !
La pluie se déverse sur nous, à l'image de mes sentiments, des non-dits qui se bousculent pour franchir mes lèvres.
- Elena a le droit de sortir avec moi ! Tu ne fais qu'un caprice, une crise de jalousie parce que tu ne penses qu'à toi et que tu te prends pour la victime !
- Putain Tom, j'ai pas le droit d'être triste c'est ça ! Mets toi 2 secondes à ma place aussi, à cause de vous j'ai perdu mon mec et ma meilleure amie ! Mais ça, toi, t'en as rien à foutre, t'as jamais su me comprendre et tu ne me comprendras jamais ! Alors tant mieux pour vous si vous êtes heureux, mais viens pas me faire souffrir encore plus, je me suis trompée sur ton compte visiblement Tom, maintenant casse toi !
Je hurle, je crache, je pleure, je tombe par terre et me mets à vomir. Tom est comme pétrifié devant le spectacle de ma pitoyable personne. Nous restons ainsi, immobiles sous la pluie plus d'une dizaine de minutes. Avant de partir, il lance :
- Je voudrais qu'on redevienne amis Jade...je ne suis qu'un con.
Et il part en courant. Mon cerveau n'arrive plus à fonctionner, mes jambes ne répondent plus. J'ai froid. J'ai peur. Je suis triste. En colère. Je ne sais plus...
Un cri me sort de ma torpeur. On m'appelle. Je le retourne et vois Théo arriver en courant. Il me fait coucou.
- Jade salut ! Il baisse les yeux sur moi, une fois arrivé à ma hauteur. Jade mais qu'est-ce que...
Il me relève doucement, mais je m'effondre sur lui en pleurs. Qu'est-ce que je me sens pitoyable, faible, honteuse, désespérée... Théo prononce des mots inintelligibles, tandis que je déverse toute ma peine sur lui. Mon maquillage à coulé, mes cheveux sont plaqués sur ma tête, j'ai l'air d'une demeurée.
- Théo, je suis tellement, tellement désolée, parvins-je à articuler. Mais tout ça est au dessus de mes forces. Il écarte des mèches de cheveux de mon visage, et essuie mes larmes.
- Ho, ho, doucement Jade, calme toi
- Désolé, désolé, désolé...j'ai l'air d'une folle.
Il regarde un instant mon visage avant d'éclater de rire. Je ris à mon tour. Sans savoir pourquoi, nous rions tous les deux aux éclats, sans parvenir à nous arrêter. Ce rire me fait un bien fou.
- Allez, rigole Théo, je t'accompagne jusqu'à la piscine.
Pliée en deux, je ne parviens même pas à lui répondre. Nous partons vers la piscine en discutant, mais Théo ne me pose aucune question sur ce qui m'est arrivé. Je lui en suis reconnaissante. Nous sommes sur le point de nous quitter quand Théo ajoute :
- Ah, et tu remercieras ton mec de m'avoir ramené, hier.
- Mais c'est pas mon mec, c'est mon coach de natation, répondis-je en riant.
- Et alors c'est incompatible ? Il est trop beau gosse, moi je dis, tu devrais en profiter, en plus à la piscine t'es en maillot de bain...
Il me fait un petit clin d'oeil.
- T'es bête riai-je. Bon, moi je dois y aller. On se voit demain ?
- Grave. 18h au square à côté ?
J'acquiesce. À plus Jade !
J'ouvre la porte le coeur plus léger, ravie d'avoir retrouvé un vrai ami.
*
Juan nous annonce que nous allons nous entraîner pour le 4x100m, relais qui aura lieu aux championnats. Nous formons donc 2 équipes de 4, et Juan lance un premier chrono. Je suis la dernière relayeuse de notre équipe. J'observe la course très serrée des autres filles, avant de réaliser avec stupeur qu'Elena termine la course dans l'autre équipe. Mon stress monte alors que c'est un simple entrainement. Je dois absolument la battre. Dès que Lisa tape sur mon épaule, je plonge, quasiment au même moment qu'Elena. Vas-y Jade, vas-y. Je focalise toute mon attention sur mes mouvements dans l'eau, laissant ma mémoire musculaire faire le travail. Au moment précis où je touche le mur, je sais qu'elle a gagné. Je lève la tête et vois l'équipe d'Elena sauter de joie, son sourire satisfait et son poing victorieux. Juan déclare :
- Bravo les filles, c'était très serré !
Mais je vois son sourire faux, je vois sa déception, je la vois dans le regard qu'il me lance. Je l'ai déçu. Je sors de l'eau, prête à prendre ma revanche. J'ai échoué. Ça ne se reproduira plus.
- Allez, allez, revanche ! crie Juan.
Puis il passe près de moi et murmure dans mon oreille :
- C'est ta chance Jade, vas-y, tu peux le faire.
Son ton est presque suppliant, des questions se bousculent dans ma tête. Mais il est déjà parti. Je le regarde et articule un "pourquoi ?" silencieux. Mais il ne répond rien, et se contente de me regarder. Son regard n'est plus celui d'un prof qui veut que son élève réussisse. C'est celui d'un ami qui croit en vous, qui a besoin, envie de vous voir gagner. Son regard me gonfle le coeur d'espoir et de force. Le scénario est le même que la dernière fois, nos deux équipes sont à égalité ou presque. Je rabats mes orteils sur le bord métallique du plot. Lève les bras au dessus de mes oreilles. Bande mes muscles. Regarde Elena, puis Juan. Lisa touche mon bras. Je plonge. Émerge. J'ondule dans l'eau, mes bras et mes jambes me propulsent fort. J'effectue ma culbute au bout du bassin. Repars en sens inverse. Je revois le regard de Juan dans mon esprit. Et je donne tout, tout. Lorsque je touche le mur, des bras me tirent hors de l'eau et m'acclament. J'ai gagné ! Une joie immense inonde mon cœur, mais plus que ma propre satisfaction, plus que les applaudissements des filles, plus que la frustration d'Elena, c'est le sourire, le sourire franc de Juan qui me remplit de fierté, et gonfle mon coeur de bonheur.

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Encore une fois merci à tous ceux qui lisent, c'est mon premier roman alors n'hésitez pas à me laisser des commentaires pour que je puisse m'améliorer svp...
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