Le bus

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Je me trouvais dans un champ verdoyant. L'herbe bruissait doucement, poussée par une légère brise. Des pissenlits macculaient l'océan de verdure qui m'entourait, laissant des tâches blanches et jaunes, de tailles différentes.

Ce champ était magnifique. Mais, encore plus fabuleux était le ciel qui se trouvait au dessus de ma tête. Il était d'un bleu pur, d'une pureté extrême, comme un diamant qu'on aurait poli. Et, à l'horizon se profilait le plus beau coucher de soleil que j'avais jamais vu.

Un soleil rouge vif attirait le regard. Et, de chaque côté, le rouge se dégradait de manière poétique et sensationnelle. Du rouge au violet, du rose au orange, du jaune au saumon, ce coucher de soleil contenait une telle palette de couleurs que j'en étais éblouie.

Je marchais longuement, le champ s'étirant à l'infini. La marche fût agréable, à un tel point que je ne voyais plus le temps passer. Seuls comptaient ce champs, cette herbe et ce coucher de soleil, que je voulais absolument atteindre.

La sensation de paix que je ressentais s'intensifia. Je n'étais plus en paix, j'étais la Paix. Je ressentais toute mes émotions avec un calme étonnant, pour la personne hyperactive que j'étais. Mais peu importait. Je savourais ce moment avec merveille et crainte, la crainte que cet instant parfait prenne fin de manière précipité.

Je contemplais les étoiles qui apparaissaient lentement dans le ciel, au fur et à mesure que le soleil dur laissait place à la douce lune.

Puis soudain, un bruit me sortit de ma léthargie. Une forme noire se détachait à l'horizon, et cachait la partie encore visible du soleil. Elle s'approcha de moi, à une vitesse folle. Pétrifiée, je la regardais s'approcher dans pouvoir réagir.

Soudain, je retrouvais l'usage de mes membres, me retournais, entamant une course effrénée. Je regardais derrière moi, et vis que la forme était en réalité un bus, un grand bus à deux étages.

Il se rapprochait de plus en plus, me plongeant dans son ombre menaçante. Mon cœur s'accéléra. J'allais me faire écraser ! Je forçais mes jambes à courir plus vite. Mais rien y faisait. Le bus s'approchait encore et encore.

J'allais mourrir ! Non ! J'étais trop jeune pour ça ! Et puis, il n'y aurait personne pour me regretter, autour de moi, il n'y avait que ce champ, qui s'étandait à l'infini. Et là, je sus. Oui, c'était ça ! Je n'avais pas envie d'être oubliée, que ce lieu soit oublié, car j'avais l'extrême conviction que personne d'autre que moi ne l'avait visité.

Je me retournais encore, m'attendant à ce que le bus soit à une centaines de mètres, et là... Horreur ! Il était à peine à dix voire douze mètres ! Je repris la course contre la montre, une course perdue d'avance. Je dus me rendre à l'évidence : j'étais destinée à mourrir, là, dans ce champ verdoyant surplombé de ce ciel magnifique. Tuée par ce bus.

Je courais quand même, m'accrochant à la vie, comme un brin d'herbe s'attacherait à la terre. Et je le vis. Le bus m'avais rattrapé. Je hurlais quand il me percuta un fois. Je me relevais et continuais.

Il me percuta une deuxième fois, et je me réveillais.

Ranthbook D'une Élémentaire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant