3. Une rencontre surprenante

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Sur le chemin, je fonçai sans le vouloir dans un homme d'affaires, renversant son café sur son costume hors de prix. Les bébés m'avaient mis les doigts dans les yeux et tiré les cheveux, m'empêchant de voir où j'allais.

L'homme, furieux, interrompit son appel et me lança un regard glacial. Honteuse et tremblante, je bredouillai :

— Ex-x-xcus-s-sez-m-moi, M-m-monsieur, j-j-je...

Mais il m'interrompit aussitôt...

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Point de vue 61X :

Il m'interrompit aussitôt et me répondit que c'était également de sa faute, puisqu'il ne regardait pas où il allait. Son regard me détailla rapidement avant de se poser sur les bébés et la poussette.

— Quels âges ont-ils ? demanda-t-il.

J'allais lui répondre, mais l'aîné des petits s'exclama soudain :
— X, faim, bibi !

Je lui répondis doucement qu'on allait bientôt manger, avant de lui redonner sa tétine. L'homme me demanda alors si les enfants étaient mes frères et sœurs. Je lui expliquai qu'en quelque sorte, oui, mais qu'en réalité, ils étaient simplement dans le même orphelinat que moi.

— Et où se trouve cet orphelinat ?

Je lui donnai le nom du lieu, puis m'excusai précipitamment. Je m'éclipsai rapidement, consciente que les pleurs des petits risquaient d'empirer et que mon retard pourrait me valoir une punition de Madame.

Je marchai vite en direction de l'orphelinat, le cœur battant, et poussai la porte en arrivant. Une fois à l'intérieur, je réveillai doucement les petits encore endormis avant de préparer cinq biberons et de sortir des boudoirs pour tous, sauf pour le plus jeune.

Pendant que tout chauffait, j'installai les enfants dans leurs chaises hautes et pris la plus petite dans mes bras. Je leur mis à tous un bavoir, histoire de limiter les dégâts sur leurs pyjamas. Une fois les biberons prêts, je les tendis aux quatre plus grands et aidai la plus jeune à boire. Quand elle eut terminé, je lui fis faire son rot.

Je libérai ensuite tout le monde et rangeai les chaises hautes contre le mur opposé. J'ouvris la barrière menant aux escaliers, portai les deux plus jeunes et suivis les autres. Une fois en haut, je les aidai à se brosser les dents, vérifiai les couches de chacun et proposai le pot aux trois aînés.

Après cela, je fis redescendre tout le monde en ouvrant la barrière en haut des marches. En descendant, je rattrapai de justesse la petite d'un an, qui avait glissé et s'était cognée contre mes jambes. Heureusement, elle se remit debout sans pleurer, et nous continuâmes notre descente.

Je les accompagnai jusqu'à la salle de jeux, où la fille de deux ans me demanda sa poupée. Je la lui attrapai et sortis les cubes et les balles pour les deux enfants d'un an. Je mis celui de 8 mois dans son trotteur et installai la petite de 4 mois dans son parc. Après avoir refermé la barrière de sécurité, je m'éclipsai dans la cuisine voisine, d'où je pouvais garder un œil sur eux tout en accomplissant mes tâches habituelles.

Je nettoyai la table et les tablettes des chaises hautes, fis la vaisselle du petit-déjeuner, puis pris le temps de boire mon chocolat chaud. Ensuite, je préparai les collations des petits ainsi que celle de Madame.

À 10h00, je fis sonner la cloche dans son bureau et sa chambre pour l'appeler. Madame descendit, comme toujours impeccablement habillée. Elle avait une silhouette ronde, résultat de ses trois repas et trois collations journaliers. Une fois qu'elle eut terminé, je débarrassai et profitai du moment pour récupérer les bavoirs et le linge sale des petits.

Je lançai une lessive après avoir trié chaque vêtement dans un sac de lavage pour qu'il reste organisé par personne. J'allumai le babyphone, en plaçai un dans la salle de jeux et emportai le second avec moi à la buanderie. Je récupérai également le linge propre des enfants pour le repasser, tandis que les vêtements de Madame, eux, séchaient.

Pour vous donner une idée de mon organisation, voici mon planning :

Lundi : lessive Madame ; séchage enfants ; repassage ados

Mardi : lessive petits ; séchage Madame ; repassage enfants

Mercredi : lessive ados ; séchage petits ; repassage Madame

Jeudi : lessive enfants ; séchage ados ; repassage petits

Vendredi : lessive petits ; séchage enfants ; repassage ados

Samedi : lessive ados ; séchage petits ; repassage enfants

Dimanche : lessive enfants ; séchage ados ; repassage petits


Une fois les lessives triées, je remontai avec le linge des enfants. Je déposai le tas dans la pièce dédiée au repassage, située juste à côté de la salle de jeux. Mais alors que je retournais déposer le panier vide à la buanderie, je tombai nez à nez avec Madame.

Sans un mot, elle m'attrapa par les cheveux et me traîna jusqu'à son bureau. Une fois à l'intérieur, elle hurla :

— TU CROYAIS QUE TU ALLAIS ÊTRE EN RETARD DE 12 MINUTES SANS AUCUNE PUNITION ?!

Je baissai les yeux, tremblante. Elle continua :

— TU TE CROIS OÙ ? AU PARADIS ? NON, SALE GUEUSE !

Ses mots me frappèrent de plein fouet, et les larmes me montèrent aux yeux. Abandonnée à 6 ans sans même avoir de prénom, je n'avais pas d'autre choix que d'encaisser. Les hurlements de Madame devenaient flous, comme si le monde autour de moi perdait de sa netteté. Mais elle me secoua violemment par les cheveux, m'arrachant un chuchotement :

— Désolée...

Elle me projeta alors hors de son bureau, et la porte claqua derrière moi.

C'est à ce moment que le babyphone crépita, laissant entendre des pleurs et une dispute. Je ravalai mes émotions, remis mon masque impassible et accourus dans la salle de jeux. Là, je découvris que la dispute portait sur une petite voiture cassée pendant que les enfants se la disputaient.

Je consolai les petits un par un, calmant leurs pleurs. Ensuite, je leur fis rapidement la morale et notai sur la liste des courses de demain : deux petites voitures identiques.


930 mots.

Alors, la routine de X est intéressante? Premier petit aperçu dans ses pensées.

Nouvelle vie !Where stories live. Discover now