Semblant d'humeur loquace à son arrivée, l'inventeur lui fit une rapide présentation du reste de ses appartements.
Contrairement à ce qu'elle avait imaginé, l'ensemble n'était pas si spacieux. Il s'agissait néanmoins d'un joli loft, disposant d'une cuisine fonctionnelle et d'une luxueuse salle de bain. La plus grande partie de la pièce à vivre donna des frissons à Eva.
Tout était rangé à la perfection, encore plus propre et organisé que dans le local scientifique. Chess ne semblait pourtant pas être quelqu'un de si maniaque. Ou bien, il passait le plus clair de son temps dans son laboratoire et au bar de l'Absinthe...
Concernant la décoration, elle était assez sommaire, mais démontrait un certain goût de l'inventeur pour les objets insolites et vintage. Un large lit recouvert d'une fine couverture de velours noir trônait au milieu du loft, sur un espace surélevé d'une vingtaine de centimètres. Il était agrémenté d'un seul et unique oreiller, aligné méthodiquement au milieu du matelas.
Au-dessus du pied de lit, une grande et solide suspension en acier sculpté éclairait l'ensemble d'une lumière tamisée et tachetée qui prenait des formes multiples sur les murs et le sol.
Au fond de la pièce, il y avait un grand bureau, un plan de travail recouvrant une bonne partie d'un mur, qui devait être le seul endroit réellement utilisé de l'appartement. Une imposante bibliothèque contenait des livres en papier très rares qui fascinèrent Eva.
Mais le plus impressionnant était sans conteste la bulle de verre incrustée dans un coin du loft qui offrait un panorama somptueux sur l'espace et surtout, sur Amaterasu.
Eva se figea en découvrant ce détail luxueux. Elle s'en rapprocha d'un pas prudent, comme si l'infini vide qui se trouvait sous ses yeux pouvait l'aspirer tout entière.
Dans le noir terrifiant de l'espace, des centaines d'étoiles appartenant à la galaxie scintillaient tels des phares rassurants. L'exoplanète apparaissait aussi grosse qu'un ballon sous les yeux de la jeune femme. Quand elle approcha sa main près de la bulle de verre, elle eut presque l'impression de pouvoir la saisir.
Éclairée par un soleil distant, Amaterasu brillait de sa jolie couleur ocre. Son atmosphère était pure et dépourvue de nuages. Sa terre encore infertile, soufflée par des vents secs, se formait en cratères et montagnes majestueuses.
De cette distance, Eva ne pouvait pas distinguer les missions de biosphérisation qui avaient planté leurs bâtiments et équipements à la surface de la planète, mais elle s'imagina que pour eux aussi, l'attente devait être longue.
— Quelle chance de pouvoir admirer Amaterasu depuis votre lit ! dit Eva, après s'être arrachée avec difficulté de cette vision d'espoir. Pour nous autres, il n'y a que depuis le grand hall qu'on peut avoir l'occasion de la voir.
Le panorama ne semblait pas susciter le même intérêt pour Chess que pour Eva. Il levait la tête vers le plafond comme s'il suivait du regard un insecte imaginaire. Quand il sembla enfin avoir entendu la remarque d'Eva, il garda une expression neutre, et ne répondit que par un sourire en coin peu convaincant.
— Je voulais vous remercier pour l'autre jour, poursuivit Eva. Je ne reviendrai pas si cela vous gêne dans votre travail. Je voulais juste savoir... cet élixir pur...
— Vous ne le trouverez pas ailleurs qu'ici. Il n'est pas commercialisé. Tous les autres produits que vous trouverez contiennent toutes sortes d'additifs, en fonction de l'effet recherché. Aucun n'est aussi efficace sur l'esprit.
— Ha, d'accord...
— Vous êtes sûre de vouloir renouveler l'expérience, miss Romanovski ?
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Wonderwall [nouvelle SF]
Science Fiction" Pour contrer l'ennui et la démence, il n'y avait que trois activités possibles à bord de l'Oasis : la course à pied, les jeux d'argent et l'Absinthe. La première était un sport hautement réputé qui s'organisait en équipes rivales et qui rythmait l...