Je rentrais chez moi déterminée à affronter mon père.
Il fallait qu'on parle.
Définitivement, songeai-je en tournant la clé dans la serrure.
Et à peine ouvris-je la porte que mon père se précipita sur moi.
Je l'observai.
Il semblait sobre.
Je ne résistai donc pas quand il m'entraîna brutalement dans le salon.
"Explique-toi. Immédiatement, m'ordonna-t-il.
- Je te l'ai dit. Je suis allée à une soirée avec Maria et je suis allée dormir chez une amie après.
- Et t'as pas pensé à me prévenir ?
- Tu étais sans doute complètement déchiré. T'aurais fait quoi, à part m'insulter et m'accuser de ce que tu nous infliges ?
- Ne me parle pas comme ça ! hurla mon père. Tu ne sais pas ce que j'ai vécu !
- Et tu sais, toi, ce que j'ai vécu ? criais-je à mon tour. Tu t'étais au courant que j'étais harcelée en primaire ? Tu étais au courant que j'étais mal dans ma peau pendant tout le collège, que je n'avais pas d'ami ? Tu es au courant que j'ai toujours voulu fuir cette putain de ville ? Tu es au courant que j'adore jouer du piano et que j'ai appris seule dans la salle du lycée ? Tu es au courant de mes goûts, de mes passions ? Tu es au courant que tu m'insultes dès que tu craches ta haine sur les femmes et les homosexuels ?Je ne me rendis compte que trop tard de ce que j'avais dit.
De sombre, le regard de mon père vira au noir le plus complet.
Sa haine se gonfla.
Explosa.
"T'es qu'une putain de gouine, alors ?"
Je fermais les yeux.
N'écoute pas.
N'écoute pas.
Mais c'était impossible.
Comment ne pas entendre les insultes ?
Les "je ne t'ai jamais aimé"?
Les "dégage, ne reviens jamais"?
Dégage.
Ne reviens.
Jamais.
Jamais.
Jamais.
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La fille du bus
RomanceY'avait cette fille dans le bus. Droite. Grande. Majestueuse. Indomptée. Fière. Belle.