XV

711 56 0
                                    

Je ramassai mes affaires rapidement.

Prendre le strict minimum.

Ne rien oublier.

Je n'avais pas envie de revenir.

Je fourrai des vêtements, des photos, des livres, une trousse de toilettes, de l'argent et mon unique cahier dans un sac de voyage.

Je venais de l'annoncer à mon père, à peine quelques minutes plus tôt : je partais chez Amara de façon provisoire. Le temps de trouver une situation plus stable.

Il ne me coupera pas les vivres, du moins me l'a-t-il promis.

Amara était en bas avec lui.

Elle avait accepté de discuter quelques instants avec mon père ; si mon paternel me savait en sécurité, il tentera sans doute moins de prendre contact.

Je contemplai ma chambre une dernière fois.

S'il y a bien quelque chose qui allait me manquait, c'était cette pièce. Elle avait été ma meilleure barrière entre mon père et moi.

Combien de chagrin ai-je confié au vide entre ces murs ?

Combien de larmes écrasées sur le parquet usé ?

Combien de cris étouffés par cet oreiller ?

Non, assurément, même en mon absence cette chambre ne sera pas vide.

Tous les secrets de mon enfance resteront ici, en sécurité entre ces murs silencieux.

J'esquissai un mince sourire avant de hisser mon sac sur mon épaule.

Il était plutôt léger.

Je n'ai pas emporté grand-chose, puisque je compte me bâtir une nouvelle vie loin d'ici.

Oui, c'était cela.

Bâtir une nouvelle vie.

Partir, loin d'ici.

Me réinventer.

La fille du busOù les histoires vivent. Découvrez maintenant