Il devait être vingt deux heures et nous étions installées sur notre lit. Je m'étais adossée au mur, les jambes étendues, et Éloïse s'était allongée en travers du lit, la tête posée sur mes genoux.
Nous avions discuté de longues minutes, puis un silence tranquille avait envahi la pièce.
Je caressais distraitement ses cheveux blonds, encore perdue dans les souvenirs de mon altercation avec ma mère.
"J'ai rappelé ma mère, finis-je par lancer.
Aussitôt, Éloïse bougea pour lever son regard sur moi :
- Ça s'est passé comment ?
- Pas trop mal. J'ai définitivement tourné la page. C'était nécessaire.
- Tu n'as pas voulu leur donner une chance ?
- Leur donner une chance de m'emmener de nouveau à l'église le dimanche pour jouer aux hypocrites avec les voisins ? Leur donner une chance de diriger ma vie, de choisir à ma place mon métier ? Leur donner une chance de critiquer mes amis ? Leur donner une chance de me trouver un mari ? Non, franchement, j'ai assez donné.
- Je suis désolée pour toi, souffla Éloïse. Tu aurais dû avoir la chance d'avoir une vraie famille.
- Faut croire que c'est pas fait pour nous la vie de famille" ricanai-je avec amertume.
Éloïse esquissa un léger sourire, avant de se relever pour poser ses lèvres sur les miennes.
Son souffle chaud effleura mes lèvres quand elle se décala légèrement.
Je souris à mon tour et attrapai ses hanches pour la rapprocher de moi. Mes lèvres glissèrent le long de son cou et je murmurai :
"Je t'aime."
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La fille du bus
RomanceY'avait cette fille dans le bus. Droite. Grande. Majestueuse. Indomptée. Fière. Belle.
