Le devoir, tout le monde y est confronté d'une manière ou d'une autre, sur une échelle plus ou moins grande. Pour certains il s'agissait de s'occuper de leurs fermes, pour d'autres il s'agissait de défendre le royaume ou bien de trouver des moyens pour subvenir aux besoins de sa famille. Et puis il y avait une personne, qui ne rentrait dans aucune de ces cases ou seulement des deux dernières en quelque sorte. Il s'agissait de la princesse Heldaria, qui redoutait particulièrement le lever du jour parce qu'il signifiait qu'elle devait rentrer chez elle. Nevethen n'était plus sa demeure, du moins pas officiellement, elle l'était encore dans son cœur, mais pour elle elle avait accepté de se marier au fils aîné d'un royaume marin. C'était un comble pour elle qui avait le mal de mer, heureusement qu'elle avait réussi à négocier le transport par calèche et non par bateau bien que cela soit plus rapide, mais plus dangereux. Le cocher croyait naïvement que c'était pour cela qu'elle mettait autant de temps pour sortir du château, mais le fait de frôler les frontières du royaume des barbares lui passait complètement par dessus la tête, puisque le plus terrible l'attendait à l'arrivée. Après de longues accolades avec sa famille, elle s'en alla. Elle n'eut de cesse de regarder derrière elle, comme si elle voulait garder chaque détail de la capitale dans sa mémoire. Une fois entrée dans la foret elle soupira, ce voyage allait être bien long, du moins c'est ce qu'elle croyait jusqu'à une interruption soudaine des chevaux. Elle savait que quelque chose clochait car elle était toujours prévenue à l'avance d'un arrêt, mais avant même qu'elle ne puisse se diriger vers sa portière, un homme apparu à sa fenêtre et la fit tressauter.
- Je ne pensais pas que je vous ferai autant d'effet, princesse.
Ce n'était qu'Hartan, le chevalier aux longues moustaches et au large chapeau qui avait décidé de lui rendre visite. Elle déposa sa main sur sa poitrine.
- L'espace d'un instant j'ai cru que nous étions attaqués par des bandits...
- Vous avez bien raison de vous inquiéter majesté, dit-il avec un sourire en coin. Car je compte bien vous enlever.La jeune femme ne pu s'empêcher de sourire, si seulement c'était vrai elle serait bien soulagée.
- Que faites-vous ici ?
Le bougre rentra à l'intérieur sans la moindre invitation et s'enferma avec elle.
- J'avais envie de passer un peu de temps avec vous.
L'un de ses sourcils s'arqua, elle était étonnée d'une telle franchise, lui qui aimait tant plaisanter et la faire tourner en bourrique. Il fit un signe au cocher pour qu'il continue d'avancer.
- C'était plutôt compliqué de le faire avec notre chère reine dans les parages. Vous venez si rarement à Nevethen, je ne pouvais pas vous laisser partir sans vous dire au revoir.
Le visage de la princesse s'assombrit de nouveau, elle resta silencieuse.
- J'ai remarqué votre chagrin, peu de personnes semblaient s'en soucier.
- Vous n'avez pas besoin de vous inquiéter, je vais bien. Vous feriez mieux de vous soucier de la sécurité du royaume de sombres heures nous attendent.
- Heldaria...Il se permit de prendre sa main, ce qui la fit rougir instantanément. Elle aurait dû le refuser, même s'ils étaient dans l'intimité mais elle n'arrivait pas à en trouver la force.
- Hartan je vous assure que tout se passe bien. Retournez donc à votre poste, votre absence va se faire remarquer.
- Je vous connais suffisamment pour savoir lorsque vous mentez, princesse. Avez-vous oublié que j'étais déjà là lorsque vous étiez dans un berceau ?Il était à peine plus âgé qu'elle et ses parents figuraient parmi les proches de la famille royale, il avait donc eu le plaisir de la voir grandir de plus ou moins près.
- D'accord. Je dois avouer que j'ai du mal avec les coutumes des Dreynasill, c'est une famille étrange, mais c'est grâce à eux que nous pouvons rester forts. Je sais que cette alliance est décisive, elle nous permet de garder un œil sur les Aekhenstoliens et nous aidera certainement bien plus encore à l'avenir. Ce n'est qu'une question de temps, je finirai par m'y habituer.
- Peut-être bien, mais moi je ne pourrai pas m'y habituer, répondit-il solennellement.
- Comment ça ? Vous n'allez quand même pas vous rendre à Briathone ?
- Si cela pouvait me permettre de rester à vos côtés, je le ferai, princesse. C'est à votre absence que j'ai du mal à me faire.Il serra sa main un peu plus fortement et la fixa droit dans les yeux.
- Je n'en peux plus de garder cela pour moi. Je vous aime Heldaria.
Elle détourna son visage, qui était plus écarlate que jamais. Elle ne se serait jamais attendue à cela, son rythme cardiaque s'affola.
- Hartan mais qu'est-ce qu'il vous prend ?!
Il lâcha sa main pour s'emparer de son visage et le tourner vers le sien.
- Je sais que je ne vous laisse pas de marbre, votre comportement le prouve. Résistez-moi et je m'en irai sans faire aucune insistance.
La princesse immobile jusque là, bougea précipitamment pour s'emparer des lèvres du chevalier. Ses poils se hérissèrent au contact de ses lèvres charnues et de la pilosité qui l'entourait, cela la chatouillait mais elle trouvait cela délicieusement agréable, il n'avait rien à voir avec son imberbe d'époux et cela ne rendait la chose que plus délectable. Pour la première fois ses mains osèrent se déposer sur son torse, se glisser suffisamment bat pour sentir les battements de son cœur, qui paraissait prêt à se déchirer. Elle semblait découvrir pour la première fois ce qu'était l'amour, le véritable, celui que l'on n'impose pas. Cela n'allait rendre son retour qu'encore plus difficile, mais cela ne lui importait pas pour le moment, elle voulait juste profiter de chaque moment car pour une fois elle se sentait vivre, libre. Elle s'offrit corps et âme avec peu de retenue, sachant que son cocher avait la sourde oreille. Ils continuèrent jusqu'à se vider de toutes leurs forces.
- Je ne vous oublierai jamais Hartan, lui susurra-t-elle dans un dernier souffle.
- Je ne vous en laisserai pas le temps, lui jura-t-il.
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Eriast, l'ère du renouveau
FantasiUne guerre qui dépassait tout le monde se jouait au-delà des nuages, mais celle-ci se termina avant même qu'un vainqueur n'en sorte. Brusquement ceux qui l'avaient initié disparurent, laissant derrière eux des fidèles sans repères. L'équilibre du mo...