La cervoise coulait à flot, les hommes semblaient avoir une très bonne raison de boire pour une fois, même s'ils n'avaient jamais cherché d'excuses pour le faire. La population d'Aekhenstol, un royaume qui se trouvait à l'ouest et qui détenait moins d'allure que les autres, se justifiait rarement voir jamais. Pas de palais resplendissant, pas de belles et hautes bâtisses, seulement du bois, de la paille et un peu de pierre et ils paraissaient très heureux comme ça. Ils étaient ignorés pour cela, ils étaient considérés simplets, pas seulement pour cela mais aussi parce qu'ils manquaient de manières. Roter, péter, copuler en public n'avaient rien de honteux, on se laissait vivre, la minauderie n'existait pas par ici. Il n'y avait pas besoin de beaux apparats, juste d'avoir de solides armures et des armes tranchantes. S'il y avait bien une chose sur laquelle on pouvait difficilement les ridiculiser, c'était l'art du combat même si c'était un bien grand mot pour ces barbares, qui connaissaient rarement la finesse. Leurs talents en la matière leur servaient bien ces derniers temps, ils menaient de plus en plus d'excursions, plus particulièrement en mer. Les héros du jour étaient revenus avec de nombreuses trouvailles.
- Ils finiront tous par s'agenouiller devant nous.
C'était le sourire triomphant que le rejeton du chef se tenait devant son peuple. Vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ? Cette expression lui était inconnue. C'était quelque sorte compréhensible, il n'avait connu que peu d'échecs, Krosig était un bon Wignard il était né pour gagner.
- Ne t'attribue pas mes mérites sous prétexte que tu es le fils du chef.
Sigrat était une forte tête, qui avait bien des mérites. Il était connu pour être navigateur et constructeur de navires émérite. D'ailleurs il avait été à la tête de la dernière expédition, qui fut menée d'une main de maître. Krosig déposa sa main sur son épaule.
- Ne t'inquiète pas, tu auras une belle récompense.
Il fixa Rorva sa sœur, qui était derrière la foule mais qui se voyait bien grâce à son blond vénitien. Venir tout devant pour le féliciter ? Il en était hors de question pour elle, il avait déjà bien assez la grosse tête. Cela la privait d'admirer les beaux yeux gris de son compère, mais ce n'était pas plus mal parce que sa mère lui avait enseigné qu'il fallait se faire désirer. Krosig lâcha le navigateur pour se saisir d'une bague en or.
- Je donnerai ce bijou à celle qui me donnera la plus endiablée des nuits.
Cette réplique déclencha des rires, des femmes se montraient déjà volontaires et étaient à la limite de se bousculer. Rorva roula des yeux, qu'elles étaient pathétiques, tout cela pour ça, elle ne pu s'empêcher de venir sur le devant de la scène et de lui arracher l'objet.
- Ce n'était pas sérieux, nous avons besoin pour nous enrichir, comment allons-nous nous faire plier les autres si nous restons moins riches d'eux ?
Redevenir un des royaumes les plus aisés était son rêve, elle savait que cela était nécessaire pour se faire respecter, être bon au combat ne suffisait pas.
- Si tu veux la garder pour toi tu n'as qu'à le dire tout d'suite.
Pestiféra une Aekhenstolienne, visiblement vexée de ne pas pouvoir l'obtenir.
- Allons, elle n'a pas tort, si nous voulons changer les choses il faut que nous continuions d'accumuler l'or, c'est le nerf de la guerre à Eriast, intervint Sigrat.
Hurar et Hilkah, souverains d'Aekhenstol restaient silencieux parce qu'ils étaient confiants, la relève était dans de bonnes mains.
- C'est pour cela que nous allons retourner en mer dès demain, s'exclama Krosig.
Un hennissement détourna les têtes, attirant l'attention sur une vieille dame qui était accompagnée de son époux. Ils avaient amené un charriot, duquel émanait une odeur putride, qu'on ne pouvait identifier avec certitude puisque le contenant était caché par des draps sombres.
- Nous avons d'autres priorités, l'heure est grave mes frères.
- Que se passe-t-il, mon ami ?Le chef était sorti de sa taciturnité, il avait posé cette question mais il se doutait bien de sa réponse, puisque les enfants de l'homme avaient disparu.
- Je vous laisse voir par vous-même.
Il descendit de son cheval et retira les draps d'un geste vif. Les visages se décomposèrent, Hilkah cria d'effroi. Deux corps avaient été divulgués, du moins ce qu'il en restait, il n'y avait presque plus de peau. Les os étaient en vrac, les dents en or étaient encore en place et des cheveux tressés d'une façon typique de la tribu. La dernière parcelle de chair était marquée par des traces de dents, trop petites pour être celles d'une bête, ce détail fit vomir certains de ceux qui l'avaient remarqué.
- Qui ose manger nos enfants ?!
C'était une bonne interrogation, mais la faim gagnant une grande partie du globe, n'importe qui pouvait être coupable. Néanmoins, cela ne pouvait pas être l'œuvre d'un des leurs, cela était inconcevable car cela représentait leur seul véritable interdit.
- Ce qui a de la valeur n'a même pas été pris... ce n'est donc pas un voleur, pensa Rorva à voix haute.
Krosig bouillonnait, s'il y avait une chose qu'il ne pouvait accepter c'était qu'on s'en prenne à des êtres aussi jeunes, sans défense. La lâcheté n'avait pas sa place dans ce monde, il était également clair pour lui qu'aucun de ses compagnons n'aurait pu faire ça. Les autres royaumes devaient commencer à ne plus supporter les pillages de leurs navires, c'était peut-être leur punition. Il n'aurait jamais imaginé qu'ils puissent être aussi vils, mais cela le motivait d'autant plus à continuer ses actions, à se montrer encore plus cruel lorsqu'il tue.
- Qui que ce soit il ne vivra pas longtemps. Personne ne survit à la fureur d'un Wignard, déclara Sigrat.
- Nous ne pouvons laisser cela impuni, les expéditions seront donc suspendues jusqu'à ce que nous trouvions celui qui a fait ça. Le monstre qui a fait ça sera puni par tout le royaume, jura Hurar.
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Eriast, l'ère du renouveau
FantastikUne guerre qui dépassait tout le monde se jouait au-delà des nuages, mais celle-ci se termina avant même qu'un vainqueur n'en sorte. Brusquement ceux qui l'avaient initié disparurent, laissant derrière eux des fidèles sans repères. L'équilibre du mo...